Il me faut un certain temps avant de me rappeler l'origine du lieu dans lequel je me suis endormie. Les douleurs au dos n'ont rien de dramatique, mais mon corps commence à accumuler une fatigue inquiétante alors que nous ne sommes qu'au deuxième jour de ce cursus scolaire. La route est encore longue et nul doute que Minho y sèmera beaucoup d'embûches, donc je dois trouver un moyen de rendre ma vie plus sereine.
J'essuie en catimini la bave séchée sur ma joue et cherche à localiser d'où vient ce bruit tonitruant qui m'a sorti de mon sommeil. La cuisine ouverte me dévoile une silhouette au dos musclé, habillée d'un simple caleçon ample. Mes yeux ne se privent pas de suivre sa courbe pour noter ses mollets massifs et des fesses bien fermes qui ne sont pas désagréables à regarder, mais la discrétion est quelque chose qui fait encore défaut à mon colocataire.— C'est dans tes habitudes de faire la vaisselle à 7 heures ?
— Oh zut. J'avais oublié que t'étais là, me répond-il avec un air faussement hypocrite.Je vois donc clair dans son jeu. Ce type essaie de me pousser à bout pour me faire quitter son domicile. Ce qu'il ignore est que je suis une spécialiste en la matière. En s'adressant à moi tandis qu'il essuie une casserole qui semble briller encore plus qu'à son premier jour, je le découvre impudique, complètement à l'aise à l'idée de me montrer son torse qui est un bijou à admirer et me donnerait presque envie d'avancer la main pour vérifier qu'il est réel. J'ai dit presque.
— Les t-shirts, tu connais ?
— Et toi, les cols roulés ?C'est bien la première fois qu'un mec est agacé par la vue de mon corps et me demander de me rhabiller. J'ai l'habitude de ne pas correspondre aux critères de sélections pour être la femme d'une vie, ne pesant pas 50 kilos, mais plutôt celle qui attire tous les regards et les messages privés une fois les petites amies couchées. Les hommes sont tous les mêmes, fourbes et concentrés sur leur queue. C'est du moins la sensation que j'ai eu à Daegot-Myeon et j'ai comme l'impression que Lee Minho va confirmer cette règle à Séoul.
— Où sont Chris et Hyunjin ?
— Partis depuis des heures pendant que tu ronflais. Pourquoi ? Ça te gêne de te retrouver seule avec moi ?
— Je... Non.
— Tu es sûre ? Ça pourrait être très mal vu pour une fille de partager son intimité avec un mec avant le mariage. Ton petit ami ne le supporterait pas.Sa réflexion est tout à fait logique et en accord avec la mienne, mais je refuse de perdre le deuxième point de mon contrat que j'ai validé avec difficulté. Celui du copain fictif ne sera réglé qu'une semaine avant la rencontre avec mes parents. Chaque chose en son temps et tout ce qui m'intéresse à cette heure-ci est de me préparer pour des heures pendant lesquelles mon corps restera avachi sur une chaise. Heureusement que le sujet des cours me passionne. Je suis agréablement étonnée de cette première journée et manque juste un peu d'entraînement pour la prise de notes et l'immobilité.
Je quitte le canapé pour me servir en jus d'orange et ne manque pas les rougeurs immédiates sur son visage avant qu'il ne se retourne. Une simple inspection de mon corps me permet de comprendre que Lee Minho a peur des tétons qui pointent.
— Ils ne mordent pas mais n'aiment pas beaucoup être observés sans autorisation.
— Je... ne sais pas de quoi tu parles, bafouille-t-il.
— Bien entendu. Vu la réputation qu'on te prête, je te pensais plus habitué au corps des femmes.
— Ouai. Aux melons, aux oranges, même les petits raisins je les adore. Je vois rarement des pastèques.
— Jamais dans l'exagération, soufflé-je. Allez, je range mes obus, tu peux respirer et terminer ton ménage, fée du logis. Je file monopoliser la douche.Je m'accorde en ce lieu un temps plus long que la veille pour me remettre de mes émotions. Affronter quotidiennement le responsable de ma perte de confiance dans ma jeunesse ne va pas être évident. J'ai la sensation qu'il se cache dans chaque recoin des pièces que je traverse, toujours à observer le moindre de mes faits et gestes dans l'espoir d'en apprendre plus sur mes faiblesses et de me pousser vers la sortie. Lorsque je quitte mon cocon humide, il n'y a cependant plus une trace de mon colocataire. Celui-ci s'en est allé sans me laisser une note. Je me dépêche donc de rassembler les cours pour trouver le bus idéal qui mène à l'université et retrouve deux visages débordants de joie et d'excitation.
— Elle est en vie ! sautille Yuna.
— C'est peut-être elle qui l'a tué, en fin de compte, complète Yeji.
— Bonjour les filles et non, il n'y a pas eu de meurtre dans la soirée. Juste des regards en coin, un vol d'oreiller et un réveil en caleçon.Ma tirade laisse l'assistance dubitative. Je m'étonne de l'anesthésie que j'ai provoqué avant d'en comprendre les raisons.
— Vous avez baisé ? s'offusque Yeji.
— Quoi ? Mais pas du tout. Oh beurk que non. Même pas en rêve. Là, tu me files les jetons. Ne dis plus de choses pareilles. Il ne voulait que me zigouiller avec ses yeux pendant que j'étais dans le salon avec ses potes. Après, il m'a piqué l'oreiller sur lequel je m'étais endormie avant de me réveiller en cognant les casseroles sans prendre la peine de s'habiller correctement.
— Hum, ça devait être beau à voir, réfléchit Yuna.
— Aucune idée, je n'ai pas pris le temps de l'observer.Le mensonge ne trompe personne, même si aucune des deux ne prend la peine de me le faire remarquer. Je me hâte de savoir comment s'est déroulé leur soirée avant de devoir m'enfermer dans un amphithéâtre. Sans grande surprise, Yeji me raconte l'attitude énigmatique de Ryujin qui a tout d'abord montré sa colère en apprenant que j'avais rencontré Sangoo sans lui en parler et que je m'étais rendue seule au rendez-vous.
— Quand je lui ai dit que tu emménageais chez Minho, tu aurais dû voir sa tête, m'informe Yeji.
— Il y a un truc pas clair entre eux. Je me demande si elle n'était que sa colocataire, leur confié-je.
— Elle voulait savoir si on comptait passer des soirées dans ton appart. Elle a l'air de vouloir s'incruster. C'est très malaisant, grimace Yuna.
— Si elle craint que je lui pique son Lee Minho, il n'y a aucun risque. Ce professionnel de la bite ne m'intéresse pas.
— Il est quand même mignon, me fait remarquer Yuna.
— Tout comme le durian, mais ce n'est pas pour autant que je vais le manger.La comparaison met tout le monde d'accord, même si je manque d'honnêteté avec mes pensées profondes. Mais ma raison dirige mes actions, bien loin devant mes envies et émotions. Et celle-ci me rappelle que des cours m'attendent. Je ne tarde donc pas à rejoindre les autres étudiants de la faculté de littérature pour des heures consacrées à l'étude d'œuvres et aux messages sous-jacents. Même si je reste passionnée par le sujet, je n'en oublie pas le tableau des petites annonces dont ne figure plus le document de Sangoo. Mes yeux repèrent plus de demandes d'emplois que de propositions sérieuses. Toutefois, un poste de secrétaire dans la salle de sport du campus est vacant et motive mes espoirs de valider un deuxième point de ma liste. Je dois m'y rendre sans plus tarder.
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Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !
FanfictionGenre: New Adult Tropes: Colocation, proximité forcée, enemies to lovers, campus, feel good, plot twist. RESUME: La vie universitaire n'est pas toujours un rêve ni un choix pour les jeunes étudiants à l'aube de leur majorité. Si Leah espère réaliser...