Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !

23+ Candide ou l'optimisme

Dans un esprit de provocation, le lendemain, Minho m'annonce accueillir sa dernière rencontre après que je lui apprends qu'un étudiant me rejoindra à domicile pour réaliser le travail en binôme que nous devons rendre. Je n'ai pas la tête à l'affrontement, la veille d'une nouvelle semaine, surtout quand je dois encore coucher sur papier les idées qui s'accumulent dans mon esprit mais rejettent l'organisation.
L'horloge me dévoile que le temps peut être très long quand l'invité est en retard. Mon adversaire s'amuse à trainer dans l'espace commun avec sa proie du jour, qui glousse plus fort qu'un dindon. Je mets ce bruit sur le compte de la main que je n'aperçois pas derrière le comptoir et refuse de croire qu'il est en train de la doigter devant moi dans le but de me faire fulminer. Mais l'ignorance et le jeu d'acteur sont mes meilleurs amis. J'entre dans la compétition du plus grand orgasme en plongeant chaque fraise de la barquette dans la chantilly et en exagérant l'effet que cela produit sur mes sens. Mes yeux se ferment et mon corps ondule pour simuler une vague de bien-être qui menace d'exploser. Mon petit jeu marche à la perfection puisque les gloussements cessent et notre invitée s'en inquiète des raisons.
Ce que j'aperçois à la télévision me pousse à augmenter le son afin que la campagne de prévention contre les IST du gouvernement trouve un écho chez celui qui partage la moitié des lieux. La quantité de demoiselles ayant défilé dans ce lieu me tracasse réellement sur l'état de santé de son corps.

— Change de chaîne, Leah. Ça c'est pour les grands. Une bite, toi tu ne sais pas ce que c'est. Le gode, ça ne compte pas.

Finalement, je n'ai rien dit. Qu'il se paie une verrue sur la queue pour lui apprendre la politesse. S'il prend mon silence pour une victoire, je ne lui accorde aucun intérêt en allant ouvrir la porte à mon invité. Jake semble intimidé mais heureux de se tenir devant moi. Je l'invite donc à entrer et à s'installer dans le salon. Ce lieu a été choisi pour ne pas qu'il y ait de malentendus sur les raisons de sa présence. Même s'il est un très joli garçon, mon objectif est de réaliser un devoir qui sauvera les notes catastrophiques que j'ai accumulées pour l'instant.

— Sim Jake, s'exclame Minho.

Mon collègue de travail sursaute en découvrant mon colocataire dans le salon qui claque les fesses de son plan cul avant de l'envoyer dans sa chambre, le temps de régler quelque chose.
Je ne fais pas attention à lui et amorce l'ouverture de notes prises sur le livre de littérature occidentale étudié, sujet intéressant mais en dehors de ma zone de confort. Les fraises perdent soudainement de leur saveur avec l'angoisse des études.

— Est-ce qu'il est possible de boire quelque chose avant qu'on ne commence ? réclame mon invité.
— Bien entendu, je manque à tous mes devoirs. De l'eau ? Du jus ?
— De la bière ?

Le choix m'étonne pour un après-midi studieux, mais je ne juge pas et valide sa proposition en m'éloignant vers le réfrigérateur. À mon retour, j'ai l'amer constat de découvrir Lee Minho assis à ma place, sa présence mettant clairement mal à l'aise mon partenaire de travail.

— Alors, toujours en couple avec la danseuse ? s'adresse-t-il à mon invité.
— Euh, non... Vous êtes ensemble ? s'inquiète Jake.
— Oh que non. Ne me souhaite pas ce malheur. Lee Minho est juste mon colocataire, ou bien un ancien voisin si on veut être pointilleux dans l'échelle du temps. Il est comme ce vieil oncle de famille, trop lourd, qui ne comprend pas qu'il est parfois de trop dans une pièce.
— Park Leah, le symbole de l'unité familiale...

Mes yeux font le grand huit, acceptant moyennement ce reproche même si je ne suis pas la fille modèle qui prend des nouvelles de ses parents chaque semaine.
Malgré la distance qui m'oblige à me positionner dans le fauteuil, j'efface de ma vision l'intrus qui devrait être ailleurs en train de forniquer, et entre dans le vif du sujet.