Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !

22+ Le feu au corps

L'habitude de quitter le domicile le samedi soir pour laisser le champ libre à Minho pour ses perversions se prend très vite, tandis que je suis accueillie chez mes amis de la salle de sport. Les défis gagnent en originalité afin de déterminer lequel d'entre eux perdra son lit, mais je remarque que le hasard tombe très souvent sur Changbin. Même s'il a tendance à râler plus fort que les autres, je ne suis pas sûre que ça l'embête tant que ça de déménager pour le canapé puisque de jolis draps aux couleurs pastel apparaissent à chacun de mes passages et qu'un tiroir de sa commode est mystérieusement vide. En retour, j'ai dépensé la semaine dernière la solde de mon premier mois de travail pour lui acheter un oreiller à mémoire de forme, un plaid douillet avec cette entrée dans l'automne, ainsi qu'un pistolet à boule massant pour ses courbatures.

Ce soir, nous innovons encore dans les activités à ma demande. Le jeu Let's sing, spécial K-pop et hits internationaux, est lancé dans la console et des petits papiers se préparent dans un bol. En plus de devoir chanter juste et sur le bon rythme, nous devrons répondre à des exigences qui nous mettrons dans des situations atypiques. Cette idée m'est venue assez facilement en observant Changbin accumuler maladroitement les actions. Depuis que je passe mes samedis soir en leur compagnie, je me permets enfin de concrétiser mes concepts à travers ces jeux.
Jeongin est le premier à passer au crash test. Tandis que je lui enfile un casque diffusant en boucle Black Eyed Peas, notre jeune ami doit performer sur le célèbre groupe Big Bang. Le résultat est tout de suite hilarant puisqu'il se met à hurler pour tenter de chanter plus fort que la musique qu'il est le seul à entendre et la compréhension des paroles donne un mélange d'anglais et de français avec du non-sens dans les phrases. Les garçons explosent en fou rire, ne le soutenant pas le moins du monde, alors que je me contente de filmer pour qu'ils en gardent une trace.

— Tu as eu une super idée, me congratule Felix.
— Et encore, t'as pas vu le papier qui oblige à mimer un titre de film.
— D'où te viennent ces idées ?
— De ce cerveau tordu.
— Tu devrais penser à animer des soirées, ou les organiser.

Même si je lui souris, je secoue la tête afin de lui indiquer que cela n'est pas pour moi. Je ne suis pas la personne la plus sociable et cette aisance, je l'ai car ces garçons sont adorables et savent me mettre en confiance. Toutefois, je garde son idée en tête pour imaginer une suite possible à ces divertissements.
Mon tour vient très vite et le hasard des défis m'oblige à chanter avec un partenaire en étant attachée. Varient les notions de liens, que ce soit avec une corde, des menottes ou autres éléments pouvant rapprocher deux individus.

— Je récupère le scotch. Toi, choisis l'un d'entre nous, m'ordonne Changbin.

Je n'ai que l'embarras du choix avec ces jolis minois qui se montrent tous volontaires. Si Jeongin lève timidement le doigt, il est bizarrement écrasé par le corps de Binnie qui semble s'être emmêlé les pieds dans le tapis. Lorsque mon regard se tourne vers Chris qui bat des cils plus vite qu'un colibri, il encaisse en plein visage le scotch que lui tend le baraqué afin qu'il l'aide à trouver le bout dissimulé. Je dévie vers Jisung qui commence déjà à se trémousser pour me montrer son déhanché avant d'être interrompu par le roi des enquiquineurs qui l'oblige à se lever pour apporter une paire de ciseaux.
Le jeune homme suivant, dans ma ligne de mire est blond, souriant et très attentif à la décision que je prendrai. Je m'accorde quelques secondes pour découvrir de quelle façon il sera à son tour embêté par le maître du ruban adhésif, mais rien ne se passe.

— Felix.

Changbin cesse ses tourments et applaudit le choix avec engouement, envoyant des regards à ses colocataires pour qu'ils en fassent de même. J'ai l'impression d'assister à l'exercice d'un tyran de maternelle.

— J'aurais fait un meilleur partenaire, se plaint Seungmin. J'ai deux ans de bachata, une initiation au zouk et à la kizomba.
— Et moi j'ai des années de pratique pour enfiler mon doigt dans les culs, lui annonce Binnie. T'as autre chose à dire ?
— Non.
— Parfait. Monsieur-dame, mettez-vous en place, je vous prie, que j'unisse vos corps pour neuf minutes quarante.
— Euh... C'est pas deux minutes une musique ? l'interrogé-je avec suspicion.
— Si, mais c'est la playlist des plus grands classiques de ma grand-mère. La tradition veut qu'on ne la coupe pas jusqu'au dernier tintement.