29+ Action, réaction

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La vengeance est un plat qui se mange brûlant chez Lee Minho. S'il n'a pas apprécié la fin de notre affrontement, il me le fait comprendre à mon retour tardif le dimanche soir. Apeurée à l'idée de vivre notre face-à-face, je retarde les choses jusqu'à ne plus avoir de choix. Soobin est un hôte très agréable et bienveillant, cependant je ne me sens pas encore à mon aise à ses côtés et m'épuise à rester sur la retenue.
Lorsque je ferme la porte, je trouve mon colocataire en train de ranger des plats préparés, comme si lui aussi n'avait fait sa réapparition qu'il y a quelques instants. Pourtant, son visage n'a rien de détendu après les heures de séparation que nous venons de passer. Je cherche discrètement des indices sur la présence de Ryujin dans l'appartement mais aucune culotte ni rouge à lèvres ne traine sur le tapis.

— C'est à cette heure-ci que tu rentres ? me reproche-t-il.
— Visiblement.
— Tu as passé la nuit chez lui ? Ce n'est pas la peine de me mentir, je le sais.
— Alors je n'ai pas besoin de répondre à ta question. Et toi, tu t'es bien éclaté avec Ryujin ? Je ne sais pourquoi ça ne m'étonne pas de toi. 
— Je peux te confirmer qu'elle, au moins, elle ne me met pas sur les nerfs.
— Je te prie de m'excuser d'être une source de stress. Si je reste, cela ne te convient pas et si je m'en vais, tu sembles furieux. Quelle est la bonne marche à suivre, cher Lee Minho ?

La porte du réfrigérateur claque, me signifiant que mon interlocuteur n'apprécie pas de se faire moucher avec ses incohérences. Je l'observe s'étaler de tout son long sur le canapé, me faisant comprendre qu'un partage de l'espace ou de la télécommande n'est pas à l'ordre du jour. Mais ce qu'il ignore est que je meurs de faim comme une naufragée. Faire preuve de retenue devant mon prétendant a réveillé mon estomac et l'un des plats dans une boîte en plastique me fait de l'œil comme jamais. Je jauge sa réaction lorsque je la sors, m'attendant à une pluie d'insultes, cependant rien ne vient. Minho sait parfaitement qu'il m'arrive de me servir dans son côté du réfrigérateur quand je ne suis pas à jour pour les courses ou qu'un mets sort du lot. C'est le cas ici et je dois dire pour ma défense qu'il lui reste encore trois autres boîtes pleines de nourriture pour le sustenter.

— Tu as dévalisé un restaurateur ?
— C'est à peu près ça, grogne-t-il peu ravi de me faire la conversation.

Le micro-ondes lancé, je me détends en assimilant qu'il ne m'empêchera pas de déguster son repas. Je ne comprends pas les gens qui ne vivent pas d'histoire d'amour avec la cuisine. Je pourrais chanter les louanges de tout ce qui passe entre mes lèvres. Je m'empresse à la sonnerie de l'appareil électroménager de me munir de baguettes pour commencer le festin, quitte à me brûler aux premières bouchées. Le gémissement de plaisir tombe aussitôt. Je suis obligée de fermer les yeux pour supporter cette onde de bonheur, cette extase sur ma langue qui me fait grimper aux cieux.

— Je veux épouser ce cuistot. Donne-moi son nom tout de suite, Minho, sinon je te séquestre.
— C'est déjà le cas, nigaude.

Je me fige étonnée par le choix de l'insulte, trop condescendant dans sa bouche pour être laissé passé.

— Diantre, je risque de te briser les noix de cajou.
— Va sucer des queues, Park Leah.
— Voilà qui est déjà plus familier. Je suis ravie de retrouver ta vraie nature de petit enculé, Minho.

Les tacles à profusion ne sont pas à son goût puisqu'il se lève de son trône jusqu'à venir se tenir face à moi et ramène lentement la barquette vers lui. Je suis du regard les baguettes qu'il me vole pour piocher dans la nourriture que j'ai proclamée comme mienne il y a quelques instants. Volé, c'est volé. Reprendre, c'est déclarer la guerre.

— Ta petite nuit prolongée avec Soobin m'a inspiré. Puisque tu dévoiles enfin ton côté puterelle, je vais me faire un plaisir d'inviter mes plans culs la semaine prochaine.
— La règle veut que l'on prévienne à l'avance à chaque fois.
— Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, est-ce assez clair pour toi ?
— Le dimanche, ta bite est au repos ?
— Il faut bien que j'aille voir ma mère pour qu'elle puisse nourrir ma chienne, me répond-il en repoussant le plat.

Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant