39+ Juleah sans Rominho

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Une étrange colère gonfle en moi, n'acceptant pas d'avoir été écartée de mon rituel de vie sans une explication. Ma fierté n'en a pas exigé, considérant que c'était à mon colocataire de le faire, et j'ai été soulagée que Felix se propose de me raccompagner, m'évitant le bus. Comme à l'habituée lorsque quelque chose ne me plaît pas, je range frénétiquement tout ce qui n'est pas exactement à sa place, ajoutant de l'huile sur le feu de ma fureur.

— Tu veux un coup de main ? me suggère mon amant adossé contre le plan de travail, me fixant essuyer la graisse invisible retombée sur la gazinière.
— Non. Installe-toi dans le canapé, je vais te préparer quelque chose à manger.

Son rire me fait lever la tête et comprendre que j'ai dû prononcer une ânerie avant qu'il me m'éclaire.

— Non merci. Je tiens à la vie. Lâche tout ça, on est épuisés après le boulot. Détendons-nous devant la télé.

Sans attendre mon accord, il me retire mon éponge, me lave les doigts sous l'eau du robinet, les essuie méticuleusement avant de nous conduire jusqu'au sofa. Cependant, mon corps n'entre toujours pas dans une phase de relaxation, malgré l'émission humoristique qui est lancée à la télévision. La main de Félix se positionne sur ma nuque pour appuyer sur des zones qui concentrent les tensions que je vis et me font gémir de douleur. Dans un silence commun, nous nous focalisons sur ce qu'il y a devant nous. Cela fait plusieurs jours que la relation charnelle que je vis avec lui s'est transformée en soutien psychologique. Je me noie sous les câlins et baisers sans pour autant chercher à pousser davantage le partage, et tel un gentleman respectueux, Felix ne m'incite jamais à donner un peu plus de moi. Je ne sais si c'est une chance inouïe d'être tombée sur quelqu'un comme lui ou s'il planifie un avenir bien précis pour nous, le temps qu'il me sente prête à l'entendre.

Au fil des minutes, nous continuons à nous abrutir des images, même dans la pénombre, ne trouvant pas l'envie de nous lever pour nous éclairer. Ce n'est autre que le retardataire qui s'en occupe après avoir composé le code et émis un commentaire sur l'obscurité ambiante. Je le vois sursauter lorsqu'il nous découvre dans le canapé et s'attarder sur nos positions et tenues.

— Pourquoi vous n'aviez pas allumé ? Vous vouliez rester dans le noir ?
— Flemme, répond Felix. Alors, ta soirée ? Elle devait être sacrément jolie pour que tu lâches tes obligations.

Je scrute en effet l'un des boutons de sa chemise qui n'a pas été réajustée et du rouge sur le coin inférieur de la lèvre. Mais ce qui est flagrant est l'odeur étouffante de parfum féminin qu'il transporte avec lui. Cette fille avait dû s'y noyer dedans.

— Non, ce n'était pas ce que tu penses, ment-il. Je n'avais pas de rendez-vous, enfin techniquement ça ressemblait plus à un match de boxe.

Je m'agace de le voir retomber dans ses travers et n'accepte pas de le soutenir silencieusement dans ses exactions. Souhaitant mettre de la distance, je me redresse et tends la main à Felix pour qu'il me suive.

— Allons dans la chambre, il faut que je te parle de mes parents.

Mon colocataire se débarrasse avec hâte de ses chaussures et de ses affaires pour nous rejoindre, empiétant sur mon espace vital et le besoin de l'éviter après son abandon injustifié.

— Ils vont bien ? Il se passe quelque chose ? s'immisce-t-il dans notre conversation.
— Oui. Je dois juste me rendre à Daegot-Myeon dans quelques jours pour les fêtes.

Sa main sur le coeur, je le vois souffler comme si l'inquiétude lui était insupportable. Je refuse de croire un seul instant qu'il se préoccupe de personnes dont il ne se souvient pas des visages. Étant prise de court, je décide de me lancer et de faire ma demande à Felix.

Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant