𝒀𝒐𝒖 𝒐𝒘𝒏 𝒎𝒆 𝑹𝒊𝒅𝒅𝒍𝒆 [TERMINÉ]

~Forty-three

-"Désormais deux choix s'offrent à toi." Merope s'allongea gracieusement sur le canapé des Malfoy. "Soit tu le lui fais payer à la Gaunt, comme t'as si bien appris Severus."

Elles s'arrêtèrent pour regarder Draco descendre des escaliers, et Lilith reconnu le moment où elle avait pleuré devant lui pour la toute première fois, lorsque son père lui avait glacé le sang. Il resserrait sa cravate l'air déboussolé.

-"Soit tu essaies de comprendre pourquoi il fait ça." Merope se releva. "À la Jedusor."

Lilith eut un moment d'absence.

-"Je croyais que j'étais morte."

Morte.

Elle n'y avait pas vraiment réfléchi en réalité, à sa mort.

Tout avait l'air si peu réelle qu'elle pensait juste à un rêve.

Mais était-elle enterrée, là bas, dans le monde réel ? Était-elle à l'hôpital ? Est-ce que son père était à son chevet ?

-"Morte ?" Merope fit la moue. "Cette dose de poison ne peut pas te tuer."

Lilith eut un tremblement de lèvres.

-"Poison ?"

Sa grand-mère hocha la tête.

-"Poison. Il vient du bracelet et mets un certain temps avant de s'activer. Il brûle ta chair pour ensuite brûler tes organes, mais pas assez pour te tuer. Tu es justement en train de guérir."

Elle désigna les murs du manoir qui commençaient lentement à s'effriter.

-"Mon pouvoir s'estompe."

Lilith la regarda elle aussi devenir lentement poussière.

Elle ne savait pas si tout ce qu'avait dit cette dame morte dans sa tête était vraie, ou si c'était simplement son imaginaire qui tentait de la faire rester à l'intérieur pour l'empêcher de repartir.

Mais quelque chose, sans savoir quoi, lui faisait penser que oui. C'était vrai, c'était réel. Elle se plaisait à le croire et en même temps le redoutait.

Et alors que la jolie robe de Merope se dissipait dans l'air en même temps que son corps, une idée lui vint en tête, une qu'elle n'aurait jamais osé pensé auparavant.

-"Grand mère !" Merope se tourna vers elle, le sourcil levé. "Qui-"

Elle s'arrêta. Avait-elle le droit de demander ? Avait-elle réellement envie de savoir ?

-"Qui est ma mère ?"

Le visage de Merope se fendit d'un sourire ironique et claqua sa langue sur son palais.

-"Tu n'en a pas."

Et alors que la jeune fille relevait sa robe pour s'approcher d'elle, Merope disparut comme elle était venue : en poussière.

Et avec elle, le Manoir des Malfoy et Draco qui prenait l'air au-dehors.

Et soudain elle avait l'impression d'être noyée : elle n'arrivait pas à respirer, ses poumons étaient vides et ne pouvaient se remplir.

Elle devait remonter à la surface.

Elle devait vivre.

Elle leva son bras vers le ciel pour atteindre la terre ferme tandis que les abysses la tiraient toujours plus vers le fond.

Mais soudain une force prit sa main, dans l'eau. Quelqu'un la remonta à la surface.

-"Je suis là."

Elle se réveilla en sursaut, inspirant un grand coup en se relevant.

Draco garda sa main serrée dans la sienne et caressa ses joues suantes, le sourire équivoque au visage.

-"Je suis là." Il inspira un grand coup et elle fit de même pour se calmer, avant de se rallonger dans son lit.

Dès lors, madame Pomfresh renvoya Draco immédiatement pour vérifier que la jeune femme allait bien. Il déposa un doux baiser sur ses lèvres blanches et elle tenta de le retenir, mais sa main trop faible retomba lourdement sur son corps fragile.

-"Lilith Jedusor."

Dumbledore s'avança, alerté par Pomfresh, et suivit par Harry, Ron et Hermione qui venait de sortir de cours.

-"Mademoiselle Jedusor." Dumbledore s'avança et s'assit sur une chaise près de son lit. "Il est important que vous tentiez de vous souvenir."

Elle savait. Elle connaissait sa question et elle connaissait sa réponse.

-"Lilith." Harry la regarda. "Qui t'as offert ce bracelet ?"

-"Draco."

Son murmure sembla si certain qu'Harry eut immédiatement un regard en arrière pour vérifier qu'il était bien parti.

Et Hermione, dans un geste qu'elle ne se connaissait pas, prit la main de la jeune femme dans la sienne et lui dessina des cercles sur le poignet pour tenter de la calmer.

Parce qu'elle tremblait de peur.

Elle tremblait de peur, pleurait de dégoût, murmurait des mots que seuls les être pitoyables prononçaient.

-"Draco veut ma mort."

Parce que tout le monde, ou presque, voulait sa mort tout comme celle de son père. Mais de son temps, de son rang, elle n'était pas censé le dire. Pas censée y accorder assez d'importance. Et pourtant, c'était lui. La seule personne à qui elle avait réellement tenté d'ouvrir son cœur la trahissait, et ce depuis bien avant le début de leur relation si tant est qu'il en était réellement question. Est-ce que ses sentiments étaient réels ? Est-ce qu'il avait tout manipulé depuis le début ?

Était-il de mèche avec son père ?

Elle eut un nouveau spasme et Hermione essuya son front ruisselant en murmurant des paroles que sa mère lui disait lorsqu'elle était malade.

Et tout revenait à elle. La mère qu'elle n'avait pas.

Et tout revenait à elle. Cette née moldue qui avait tout. Qui avait des gens qui l'aimaient réellement, qui la protégeaient.

Qui lui disait que Pansy non plus n'était pas de mèche avec Draco ? Que l'entièreté des mangemorts ne voulaient pas sa peau ?

Elle lâcha brutalement la main d'Hermione et se tourna dos à eux pour qu'ils ne puissent voir une larme rouler sur sa joue, lentement, traîtresse, et s'écraser sur son oreiller blanc.

Hermione traça des cercles sur le dos de la jeune femme mais Harry la stoppa, montrant du doigt la cicatrice qui se voyait au travers de la robe d'hôpital.

Avait-elle le droit d'être avec eux ? Avait-elle le droit de se monter ainsi faible devant eux ? Oui, c'était la mission : amadouer Harry. Bien sûr qu'elle avait le droit, son père serait d'accord.

Ou bien était-ce juste une excuse pour rester auprès d'eux, parce qu'elle les savaient trop naïfs pour la trahir. Pour comprendre ce qu'elle faisait réellement au-dehors. Tuer, commander, c'était ce qu'elle faisait. Ce qu'elle avait appris à faire pour servir son père et devenir son bras droit, l'aider à conquérir le monde pour régner sur tous et tout.

Et sans savoir pourquoi cette idée qu'ils finissent pas le découvrir et lui tournent le dos comme elle venait de le faire lui fut insupportable.

Parce qu'ils étaient les seuls personnes fiables de cette école désormais.

Parce que Draco était un traitre. Ou peut-être était-elle le traître ? Comment savoir, lorsque sa seule référence était celle de son Père ?

Elle eut un nouveau spasme et laissa échapper un sanglot sans le vouloir.

Et Albus eut un sourire imperceptible aux coins des lèvres Lorsqu'Harry serra les poings et que Ron contracta la mâchoire.