~Forty-four

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-"Lili."

Elle se figea sur place et se tourna lentement vers Draco, qui arrivait le sourire sournois aux lèvres.

-"Je ne veux pas que tu rechutes et que tu t'évanouisses une nouvelle fois." Il prit sa main et elle ne put l'en empêcher. "Ça te dit que je dorme avec toi, pour te surveiller ?"

Il fit de grosses guillemets avec ses doigts et soudain elle retira sa main froide de la sienne.

-"Lili ?"

Il abaissa ses mains et eut un froncement de sourcils.

-"Tu ne te sens pas bien ?"

Elle déglutit et le regarda de haut.

Le meilleur moyen pour que les autres pensent que nous contrôlons la situation, c'est de le croire nous-même.

La seule façon de déstabiliser quelqu'un, c'est de prendre une décision que nous ne voulons pas prendre nous-même.

-"Je trouve que ça va trop loin." Elle leva un sourcil pour feindre son indifférence. "Je ne veux pas te blesser, mais tu as l'air de penser que cette relation va durer. Qu'elle signifie quelque chose." Elle haussa les épaules. "Je suis d'un autre niveau, Draco. Je pensais que tu le savais."

-"Je ne comprend pas."

-"Au contraire. Tu comprends très bien."

Elle sentit son cœur se serrer, et ne sut si c'était son corset ou simplement les mots qui sortaient de sa bouche sans s'arrêter.

-"Tu m'as bien amusé. Mais désormais, c'est fini. Quoi qu'il s'est passé entre nous, il n'y a plus rien." Elle recula d'un pas tandis qu'il en avançait d'un. "Alors arrête de m'appeler Lili, ou de venir me voir comme un chiot pressé de plaire à son maître."

Elle claqua ses talons sur la pierre et quitta le couloir tentant de calmer ses pas alors qu'elle voulait juste courir et s'échapper vite pour ne pas voir son visage.

-"Lili !"

Elle continua de marcher et eut un moment où elle ne l'entendit plus derrière elle. Et alors qu'elle se retournait, elle vit sa silhouette à l'autre bout du couloir.

-"Bien !" Dit-il quelques secondes plus tard, la mâchoire contractée. "Sache que tu ne signifiais rien de plus qu'un trophée dans ma collection."

Il resta planté là et elle aussi, ni l'un ni l'autre ne voulant partir de peur que l'autre ne prenne ça pour une victoire.

Et ce fut finalement Draco qui, des minutes plus tard, partit, traînant sa veste sur le sol.

Lilith resserra ses manuels sur sa poitrine et redressa son dos, inspirant de grande bouffée d'air pour ne pas se laisser aller à des sentiments puérils.

Elle avait bien fait.

Elle l'avait fait pour se protéger, pour s'éloigner.

Alors pourquoi cela faisait-il si mal ? Ce n'était pas elle qui était en faute. Ce n'était pas à elle de pleurer.

Alors pourquoi ses joues restaient elles trempées ?

-"Tu vas attraper froid."

Ron posa son gilet en laine sur ses épaules et elle sortit de sa rêverie, rompant le contact avec l'endroit désert où se tenait le jeune blond quelques instants auparavant.

Elle regarda le rouquin qui lui fit un sourire triste.

-"Tu as bien fait." Murmura-t-il et elle ricana.

-"Évidemment que j'ai bien fait."

Il avança sa main tremblante et essuya sa larme roulante, frissonnant à son contact froid.

-"C'est normal d'être triste."

-"Je ne le suis pas."

Il plissa le nez et elle roula des yeux.

-"C'est juste que-"

-"Je sais." Il hocha la tête. "Je sais."

Elle n'en dit pas plus. Lui non plus.

Ils marchèrent côte à côte un moment, avant de simplement s'éloigner pour aller dans leurs salles communes respectives, le gilet de Ron toujours sur les épaules de Lilith.

Elle se sentait vide.

Toutes ses envies, toutes ses craintes, tout ce qu'elle avait un jour ressenti s'était envolé lorsqu'elle l'avait quitté, le garçon blond dans le couloir désert.

Et sans savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose, elle dut reconnaître qu'il l'avait aidé en un point : se rapprocher d'Harry.

Et c'est alors qu'une pensée fugace lui traversa l'esprit, et qu'elle s'arrêta devant la porte de sa salle commune.

A quoi cela servait, au juste, de se rapprocher d'Harry ?

Elle avait oublié.

Elle ne savait plus.

-"Mademoiselle."

Pansy s'approcha, l'air toute joyeuse.

-"Je suis allée à Pré au lard vous acheter une tiare, je suis sûre qu'elle vous plaira !"

Elle commença à chercher dans ses affaires mais Lilith ouvrit soudain la porte de la salle et courut jusqu'aux escaliers, les grimpant quatre à quatre avant de refermer sa porte à clef derrière elle, et d'enfin, respirer.

-"Mademoiselle ?" Pansy accourut. "Vous vous sentez bien ?"

Lilith ne répondit pas, adossée à la porte, la main sur sa bouche pour que ses respirations saccadées ne trahissent pas sa nervosité.

-"Je vous la pose sur le paillasson." Elle entendit un froissement de papier. "Bonne nuit Mademoiselle."

Elle attendit que les bruits de pas s'estompent, et ouvrit lentement la porte. Sur le pas était posé un paquet enveloppé avec de la soie noire.

D'un mouvement du doigt, elle le fit entrer dans sa chambre et le fit poser sur le fauteuil.

Elle referma sa porte et ouvrit le cadeau avec sa magie, n'osant le toucher de peur qu'il ne soit empoisonné.

Elle en retira les couches de papier et en sortit enfin la tiare, brillante comme la lune avec des diamants en son sein.

Elle leva ses deux mains et referma lentement les index.

Si la tiare devenait noire, c'était qu'elle était imbibé de poison. Rouge, elle était enchantée.

Mais elle resta intacte, argentée sous les reflets lunaires.

Alors Lilith eut un soupir et la prit dans ses mains non sans une once d'hésitation.

-"Merci." Murmura-t-elle en l'admirant de plus près.

Elle était magnifique. Elle la posa lentement sur ses cheveux et se regarda dans le miroir, lorsqu'un sourire pâle se dessina sur ses lèvres.

Elle avait vraiment l'air d'une reine.

Et elle eut la pensée que Marie Antoinette et Marie Stuart aussi en était, de leurs temps.

Avant de se faire tuer par leurs propres peuples.

Et elle reposa la tiare sur sa coiffeuse avant d'éteindre les lampes d'un revers rageux de la main.

𝒀𝒐𝒖 𝒐𝒘𝒏 𝒎𝒆 𝑹𝒊𝒅𝒅𝒍𝒆 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant