𝒀𝒐𝒖 𝒐𝒘𝒏 𝒎𝒆 𝑹𝒊𝒅𝒅𝒍𝒆 [TERMINÉ]

~Fifty-four

-"Je ne saisis pas."

Le ton calme de Voldemort contrasta avec son coup de poing qu'il frappa sur la table.

Bellatrix eut un frisson de terreur.

-"Douze mangemorts tous décédés alors qu'ils étaient en mission au quatre coins de l'Angleterre ?"

-"Cela arrive Père, s'ils sont tombés sur plus fort qu'eux." Lilith posa sa main sur la sienne pour le calmer et laisser respirer la pauvre table.

Il inspira et posa sa deuxième main sur celle de sa fille.

-"Il est vrai. Je suis trop inquiet de perdre mes précieux amis."

-"Et c'est tout à votre honneur Père." Elle lui fit son plus beau sourire.

-"Je suis tout de même surpris." Il eut un froncement de sourcils. "Je veux que tu ailles vérifier que ce n'est qu'une coïncidence."

-"Moi ?" Elle eut un sourire crispé. "Ne pouvez-vous demander à un autre mangemort ? Ce n'est pas de mon rang."

-"Tu es la seule en qui j'ai entièrement confiance, Merope."

Et elle loupa un battement en entendant son prénom.

-"Évidemment Père. J'irai ce soir."

Elle se leva et épousseta sa robe.

-"Et pourquoi pas maintenant ?"

Elle leva les yeux.

-"Père-"

-"As-tu autres choses de prévu ?"

Son ton indiquait qu'une seule réponse était attendue.

-"Bien sûr que non."

Il lui sourit.

-"Alors vas-y."

Elle abaissa la tête et recula.

-"Je vais chercher mes affaires."

Elle prit sa robe et monta les escaliers.

De là, elle alla dans la chambre de Léo qui dormait, et éteignit la lumière qu'il avait oublié d'éteindre.

Elle referma doucement la porte pour ne pas le réveiller.

-"Tu pars ?"

Elle se tourna vers Draco.

-"Quelques heures, je rentre ce soir."

Il s'approcha d'elle et caressa sa joue, la faisant frissonner.

-"Je t'attendrai."

-"Tu dormiras." Elle lui tapa le dos de la main pour qu'il la dégage.

-"Je t'attendrai."

Elle eut un rire et s'éloigna sans un mot.

-"Lili !"

Elle s'arrêta et se tourna.

-"C'était faux." Il haussa les épaules d'un air nonchalant. "Tu n'étais pas juste un trophée de plus dans ma collection."

Et elle descendit les escaliers sans un mot, mais le coeur embaumé.

                           *****

Elle attrapa la lettre qu'Harry lui avait envoyé et caressa le hibou des Weasley avant de le renvoyer, dépliant la lettre.

Et la brûla quelques secondes après, le coeur serré.

Ron était parti : le collier, horcruxe de son père l'avait rendu aigri, l'avait changé. Avait pénétré son coeur et y avait infiltré les rancunes passés.

Elle était sur le chemin du retour, tard le soir, ayant fait semblant de vérifier que les morts des douze mangemorts n'étaient qu'une malchance.

Elle en profitait pour passer dans des villages, cachant sa marque sous ses cheveux ébène et regardant les passants, les familles.

Le père embrassant la mère en cachant les yeux de leur fille.

Le petit prenant la main de son grand père pour l'aider à traverser.

Les moldus l'avaient toujours fasciné : se pensaient si supérieurs, si forts, si inatteignables. Tout avait une logique que la science pouvait trouver, tout était rationnelle.

La magie, elle, n'existait pas.

Les sorciers n'étaient que des mythes, des légendes avec des nez crochus et des grains de beauté sur le visage.

Qui, parmi eux, se demandait si ce n'en était pas une ? Personne. Qui, parmi eux, allait se mettre à genoux et l'aduler ? Personne. Qui, parmi eux, avait peur d'elle ? Personne.

Elle n'était qu'une inconnue de plus.

Une humaine marchant dans la rue, venant de quelque part et allant quelque part.

Elle n'était rien. Personne.

Et peut-être, sans oser se l'avouer, elle aimait ce sentiment. Ce sentiment d'être libre : rien ne posait sur ses épaules, aucun d'eux n'attendait quoi que ce soit d'elle.

Aucun d'eux n'allait même se souvenir de l'avoir croiser un jour.

-"Désolée Mademoiselle !"

Elle se figea lorsque le ballon de la petit se retrouva à ses pieds.

-"Tu sais qui je suis ? Qui sont tes parents ?" Elle s'abaissa. "Ne dit pas au seigneur des ténèbres que j'étais là."

La petite se figea.

-"De quoi vous parlez ?"

Le père s'approcha, la mère prit la main de sa fille et l'écarta soudain.

-"Vous êtes avec mon père ?" Lilith se releva et fronça les sourcils.

-"Qui est ton père ?"

Non, il était moldu. Sa façon de parler familière laissait indiquer qu'il l'était.

Mademoiselle. Après tout, ce n'était qu'une formule de politesse.

-"Bonne nuit."

Elle recula et sortit du village, les ongles saignant ses paumes de mains.

Elle était idiote : apeurée comme un lapin que l'on chassait.

Elle tenta de ne plus y repenser et reprit sa route, décidant de couper court à ses visites et de transplaner jusqu'au manoir directement.

Elle ouvrit la porte et la referma, se fit accueillir par Queudver, lui ordonna d'éteindre les lumières et de lancer le sort de protection autour de la maison.

Elle remonta enfin les escaliers en faisant attention à ne pas faire trop de bruit.

Et ce fut à ce moment qu'elle vit la silhouette droite de Draco, assis sur une marche, la tête posée contre le mur. Elle s'approcha pour le féliciter d'avoir attendu jusqu'à cette heure si tardive -avec une pointe d'ironie- avant de se rendre compte qu'il n'avait pas attendu.

Il dormait.

Elle s'apprêta à lui donner un coup pour le réveiller, mais s'arrêta au tout dernier instant.

Elle s'abaissa, lâchant sa robe, et admira son visage sous les rayons de la lune.

Sa peau parfaite, pâle, la ligne entre ses lèvres fines, les rougeurs sur son nez, ses cils recourbés.

-"Draco." Elle murmura mais il ne l'entendit pas.

Profondément endormi.

Elle eut un sourire et mis son bras moue autour de ses épaules, passant sa propre main sur sa taille pour le relever, mais se rendit compte qu'elle ne pourrait pas l'amener bien loin : elle n'était pas vraiment très forte pour porter quelqu'un de sa carrure.

En un soupir, elle céda à l'idée qui ne lui plaisait guère, et l'amena jusqu'à la chambre sans un mot.