~Sixty-five

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-"Ton combat est terminé."

Draco posa la baguette de Lilith sur sa tombe et inspira un grand coup pour se calmer.

Harry baissa le regard et serra la main de Léo dans la sienne tandis qu'Hermione se mouchait.

Le vent du Nord vint gentiment les bercer dans leur deuil, et bientôt la forêt de Little Hangleton, près du manoir des jeux du sort qui avait brûlé.

C'était le seul endroit où elle se sentait réellement chez elle.

Draco se souvient l'avoir entendu parlé de Morroi, son elfe libre qui était restée s'occuper du manoir jusqu'à sa mort.

Alors désormais elle était près d'elle, de son elfe et de son manoir qu'elle avait tant aimé.

Les gens partirent petit à petit, les souvenirs aussi au bout d'un temps, certainement.

Mais alors ne restait que la peine, le coeur vide, un manque qui ne pouvait s'expliquer.

Draco passa les jours d'après, et encore après.

Était-ce une fille ou un garçon ? Son enfant. Il ne le saurait jamais.

L'incertitude, le doute, les remords.

Encore et encore, jour après jour, nuit après nuit.

-"Je peux dormir avec toi ?" Demanda un soir Léo, les larmes aux yeux. "Il fait noir dans ma chambre."

Alors Léo avait dormi avec lui.

Et le soir d'après.

Et encore d'après.

Et enfin, ne s'était plus séparé de Draco jusqu'à ce qu'ils déménagent.

Le jour de sa majorité, le garçon avait acheté le manoir des jeux du sort et l'avait fait reconstruire avec l'argent de ses parents.

Désormais il vivait là, avait officiellement adopté Léo - bien qu'il assurait ne pas en être ravi.

Harry passait les voir chaque semaine avec Ginny.

Mais quelque chose manquait.

Dans ce magnifique tableau aux couleurs pastel, quelque chose restait terne.

Une tâche, un nuage, une éclaboussure de peinture.

Une silhouette semblant les suivre chacun un par un, suivant leurs gestes, leurs murmures. Semblant se crisper lorsque quelque chose ne semblait pas aller.

Un ange gardien veillant sur eux.

Et alors Draco ouvrait les volets de sa chambre et admirait les photos de Lilith accrochées sur chaque mur, toute la journée, sans bouger, sans manger.

Léo revenait de chez les Weasley le soir, et lui apportait son café avant de retourner dans sa chambre.

Il avait récupéré des photos de ses parents qu'il avait accroché lui aussi. Il n'avait pas de photos de Lilith. N'avait pas osé demander.

Les jours passaient, les nuits aussi.

Le vide. Le néant.

En se levant le matin, en se couchant le soir, ils étaient là. Présents, veillant.

Parfois Draco s'abandonnait à ses souvenirs, bons ou mauvais, à ses rêveries.

Léo se retrouvait seul dans le grand manoir vide, et se réfugiait devant la tombe de la jeune femme.

Qu'avait-elle laissé, à part la peine ?

C'était du Lilith tout craché.

Évidemment, elle ne pouvait s'empêcher de laisser un vide lorsqu'elle partait. C'était Lilith Merope Jedusor : personne ne l'oubliait.

Encore moins celui qui l'avait tant attendu en vain.

Ils étaient trop jeunes et insouciants pour pouvoir comprendre à quel point ils s'aimaient réellement.

Et désormais qu'elle était partie, il le savait.

Qu'elle avait été son véritable amour.

Amour. C'était un mot assez vague en réalité.

Il aimait ses parents.

Il aimait Léo -un peu.

Il aimait ses amis - même s'il en avait peu, surtout depuis la chute de Voldemort.

Il aimait Lilith.

Cela sonnait différemment lorsqu'il parlait d'elle.

Il l'avait aimé, tellement aimé.

Il avait alors écrit une lettre, pensant que cela l'aidera à accepter.

À accepter qu'elle était réellement partie, et qu'elle ne reviendrait pas comme Harry.

"Nos débuts me manquent. Cette première fois où ton regard s'est posé sur moi et cette première fois où tes lèvres ont approché les miennes. J'aimerais croire qu'il y a encore de l'espoir pour nous, j'aimerais croire que l'on se retrouvera et que notre histoire ne connaît pas encore de point final, mais je sais que tout ça est faux, que l'espoir m'a quitté. Je sais que c'est fini, qu'on s'est perdu pour l'éternité. Je sais que plus jamais je n'aurai la chance d'effleurer ta peau et encore moins de sentir tes bras m'enlacer. Je sais que plus jamais tu me regarderas dans les yeux en me disant à quel point je compte pour toi. Je sais que plus jamais je ne sentirais l'odeur de ta peau et que plus jamais tes mains ne passeront dans mes cheveux. Tu me manques, alors s'il te plaît, même si tu as fait partie de l'entièreté de mon histoire, du prologue jusqu'à la toute dernière page, s'il te plaît laissez-moi partir. Laisse-moi penser à toi sans sentir mon coeur se déchirer, laisse-moi rêver de toi sans avoir envie de sauter par la fenêtre pour m'envoler, laisse-moi parler de toi sans avoir à retenir ce flot de larmes, laisse-moi élever Léo sans penser que je fais ça parce que je m'en veux de t'avoir laisser partir, toi. Léo est un petit garçon qui a perdu ses parents et celle qu'il considérait comme sa deuxième mère, et j'essaie d'être bon pour lui, et tu sais à quel point c'est dur pour moi d'être bon. Mais sans toi ; avec ce vide dans le coeur, je ne peux pas. Je n'arrive pas à le regarder sans penser à tes yeux qui brillaient lorsque tu le mettais au lit. Laisse-moi vivre Lili. Je veux vivre."

Mais ça n'avait pas suffit. Il l'avait brûlé, l'avait réécrite des centaines de fois, mais rien ne s'était passé.

Il ne pouvait pas y arriver. Ne plus penser à elle, ne plus rêver d'elle, ne plus parler d'elle.

C'était au-dessus de ses forces.

Il avait fini par confier Léo aux Weasley - en espérant qu'ils l'élèvent bien même s'il doutait de leurs compétences aux vus des enfants.

Et était parti.

Avait fait le tour du monde peut-être.

Était mort, quelque part, dans le désert.

Il n'avait pas envoyé de lettres ; ni à ses parents, ni à Léo lorsqu'il avait fait sa rentrée à Poudlard - il était d'ailleurs allé à Serdaigle.

Pansy avait fait une dépression : Blaise et Daphnée avait tout essayé, mais la pauvre jeune femme n'était plus là même ; son ombre, les yeux vides, fixant un point sans le regarder.

Lilith Merope Jedusor avait sauvé des vies, s'était sacrifiée pour que so père puisse être vaincu.

Mais au final, avait-elle vraiment sauvé plus de vies qu'elle n'en avait gâché en mourrant ?

𝒀𝒐𝒖 𝒐𝒘𝒏 𝒎𝒆 𝑹𝒊𝒅𝒅𝒍𝒆 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant