PROLOGUE.

1.4K 62 9
                                        


Jour un...

Les doigts fermement enroulés autour de ma chevelure, je me fais entraîner de force vers l'intérieur de la maison.

Le scotch sur la bouche, pieds et poings liés, je ne peux ni crier, ni me défendre.

Mon corps se heurte sur le sol, mes larmes brouillent ma vue, ma tête saigne et je vois ce liquide rouge s'écouler sur le parquet alors qu'il m'emmène en enfer.

Jour deux...

Ma gorge est sèche, mes yeux gonflés, mes membres engourdis. Je suis allongée sur ce sol froid et humide en béton depuis hier.

Hier.

J'ai encore la notion du temps. Je peux. C'est sûr que je peux supporter encore une fois. Combien de temps ? Je ne sais pas  mais je crois que je peux.

Mais si je meurs ? Et si je ne tiens pas cette fois ?

Mes poignets sont toujours liés, je nage presque dans mon propre sang. J'ai faim, j'ai soif, mais j'ai espoir.

Parce que l'espoir fait vivre non ? 

Oui l'espoir fait vivre...

À contrario, le désespoir tue.

Jour trois...

L'espoir fait vivre.

L'espoir fait vivre.

Je ne peux qu'espérer. 

Mais quoi ?

Je compte sur quoi ? Qui ? 

J'ai rejeté la seule personne à m'avoir tendu sa main par peur d'être découverte et de subir encore plus. Peut-être que si je n'étais pas sur la défensive je ne serais pas ici.

Il voulait me laisser profiter de mon père une dernière fois ? Il m'a promis, mais cette promesse reste en suspension.

Et si je ne m'enssortais pas cette fois ?

Ça fait trois jours.

Sait-il que je suis sortie ? Qu'est-ce qu'il s'imagine ?

Combien de temps va-t-il me laisser payer pour mon rejet ? Imagine t'il ce que je subis ou s'en fout t-il ? 

Peut-être que ce n'était que des paroles en l'air.

Foutaise. Ses mots n'étaient que des foutaises.

Un sanglot s'arrache de la gorge alors que je me sens perdre mon souffle petit à petit.

Quel espoir ? Non, je peux pas rester à espérer alors que je connais parfaitement la finalité.

Non, plus d'espoir.

Jour... ?

Jour... ?

Jour... ?

Combien de jours ai-je déjà passé ? Je n'ai plus de notion et j'ai mal, j'ai trop mal, je suis entrain de mourir.

Il m'a menti. Il s'est foutu de moi. 

Tout le monde se fout de moi. 

Je ne suis rien ni personne.

Je mérite ce qui m'arrive.

Je vais mourir. 

Je me sens mourir.

Je suis épuisée.

Jour... ?

Cente quatre vingt onze...

Cent quatre vingt douze...

Je vais devenir folle si je continue comme ça. Un rire nerveux s'échappe de ma bouche. Ma mâchoire me brûle atrocement.

Cent quatre vingt treize...

— Chut, chut, chut, moins fort. Tombez moins fort.

Cent quatre vingt quatorze...

Fermez-là ! Fermez-là putain ! J'ai besoin de silence ! De PAIX ! JE VEUX LA PAIX ! Hurlé-je, hystérique.

Je me redresse brusquement en ignorant la douleur qui lacère mes entrailles, et qui engourdie mon corps. Sous mes pieds nus je sens le sol froid et humide. Humide de tous les déchets rejetés par mon cœur.

Le sang séché, l'odeur de la mort qui flotte dans les airs.

Et ce bruit !

Il fait noir. J'ai peur du noir ! Et le bruit des gouttes d'eau va me rendre folle ! 

Je m'adosse contre le mur et tire de toutes mes forces sur les cordes qui emprisonnent mes poignets et même si elles me les coupent, je m'en fous.

Je veux me boucher les oreilles donc je tire plus fort. Je sens ce liquide que j'ai appris à côtoyer, glisser le long de ma paume mais je continue de tirer.

Mes larmes reprennent de plus belles car je suis à bout de force. Au fond, je ne veux pas mourir sans avoir connu le bonheur. Je ne veux pas mourir.

Je ne veux...

Je ne veux pas mourir, non, je ne veux pas mourir...

Pourquoi ça m'arrive à moi ? 
Ne pouvais-je pas avoir une famille normale ? 
Un père normale, si on garde le contexte ? 
Combien de personne vivent cette situation dans le monde ?
Combien s'en sorte idem? 
Combien ne s'en sorte pas ?

Est-ce que je vais m'en sortir ?

Suis-je aussi forte que je me le prétends jusque là ? 

Je commence à douter.

Non, je ne suis plus sûr de rien. Je ne sais plus rien.

Et lorsque le bruit de la porte qui me retient prisonnière résonne dans la pièce, je distingue la silhouette de l'homme qui me fait vivre mon pire cauchemar depuis trois ans.

Les divinités réclament un spectacle, mon ange, résonne cette voix glaciale en s'avançant dans l'obscurité.

Et je sais qu'à cet instant, je dois faire preuve de mutisme. Je me recroqueville sur moi même et j'attends que les coups pleuvent.

Et ça recommence.

__▪︎..◇..▪︎__

Bienvenue dans cette nouvelle réécriture !

IG : thegirlemg

LIBÉREROù les histoires vivent. Découvrez maintenant