LIBÉRER

CHAPITRE 25 : Changement(s).

SAMANTHA.

Ce matin, je reprends les cours.

Je stresse.

Ça me fait un peu bizarre de me dire que je vais arriver en même temps que des personnes que je ne calculais même pas en début d'année.

J'espère tout de même ne pas me faire remarquer.

Après près de deux semaines d'absence, je crois que c'est raté.

Je me mords la lèvre inférieure et inspire profondément.

Mais je stresse surtout pour autre choses. D'habitude, c'est Collins qui se charge de justifier mes absences. Sauf que là, je ne pense pas qu'il l'ait fait. Et s'il ne l'a pas fait, je risque d'avoir de gros ennuis au lycée.

Je me lève difficilement et rentre dans la douche. Je prends cinq minutes pour observer mon reflet et je grimace de dégoût.

Toujours aussi horrible.

Toujours aussi maigre.

Toujours aussi pâle.

Et ces cicatrices, des petites cicatrices qui me hanteront à vie. Elles me dégoûtent aussi.

Je passe mes mains sur mon visage, dans mes cheveux en mordant ma lèvre nerveusement.

Je rentre dans la cabine et laisse l'eau chaude couler sur ma peau. Ça me détend instantanément et j'essaye de rester positive pour cette journée parce que si je commence à paniquer, ça risque de mal se passer.

Après avoir pris ma douche, je vais chercher quoi mettre. Je jette mon devolu sur un gros pull noi- non bleu nuit cette fois, et un jeans noir. J'enfile mes converses noires et me dirige vers le bureau pour faire mon sac.

Je n'ai pas eu le temps de le faire hier soir car les filles avaient décidés que l'on passe la journée du dimanche dans un spa. J'ai gentillement refusée de m'exhiber devant des inconnus et elles n'ont pas insistés. Je comprends qu'elles veuillent m'aider à m'ouvrir, ce qui me touche énormément, mais je trouve qu'elles y vont un peu trop vite. Surtout que mon corps est la dernière chose que je veux dévoiler à qui que se soit tellement il est abîmé.

Je soupire une énième fois en fouillant le sac que j'avais à l'hôtel.

—  Ça en fait beaucoup des soupirs Samy, s'exclame une voix derrière mon dos.

Je sursaute violemment, mes yeux s'écarquillent et je me retourne en posant la main sur mon cœur qui cogne fort contre ma cage thoracique. Mes yeux tombent sur la silhouette d'Evan qui est allongé sur mon lit, les bras repliés derrière sa tête et un sourire béat collé aux lèvres. 

—  Tu m'as fait peur, soupiré-je en m'asseyant.

Il se redresse en gloussant et me fait face. Il est vêtu d'un jeans simple jeans noir et d'un t-shirt gris ; ses cheveux sont bien coiffés aujourd'hui par rapport à d'habitude.

—  Dis moi tout, qu'est-ce que te fais autant soupirer ? me demande t-il en plissant des yeux.

—  Rien, la fatigue sûrement. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, mens-je.

—  Tu ne dors jamais beaucoup Samy.

Le sourire pincé qu'il me lance me noue le ventre d'angoisse. Je détourne mon regard et me mets à gratter nerveusement mon poignet. 

Comment est-ce possible que je sois aussi stupide ?

Et si les autres m'entendait aussi ? Oh non...