SAMANTHA.
Je me réveille en grognant face au bruit agaçant que sort mon reveil. Ma main s'abat brusquement sur celui-ci et le bruit cesse immédiatement. Je roule doucement sur mon dos et j'ouvre mes yeux. Naturellement, le sournois "Je suis fatiguée", vient s'insinuer dans les moindres recoins de mon cerveau.
Fatiguée de me réveiller chaque matins pour n'assister qu'à ma dégradation physique et mentale.
Surtout psychologique.
Je n'ai dormi que deux ou trois heures de temps à cause de la panique et des moindres bruits qui m'alertaient dans la maison. Je suis toujours sur le qui-vive depuis mon séjour passé à la cave, car je n'ai aucune envie d'y retourner de si tôt.
Jamais, si celà pouvait être possible.
J'essaie donc d'être très discrète, voir inexistante, pour ne pas énerver l'homme qui porte le titre de père.
Je me lève avec difficulté et mes mains se posent sur mes paupières lourdes de fatigue. De fatigue à cause des nuits que j'enchaîne éveillée, pour la plus part du temps à dessiner pour oublier mon quotidien chaotique.
Mes pieds lourds me mènent jusqu'à la salle de bain attenante à ma chambre, et chaque jours, je ne cesse de remercier le ciel pour m'avoir permis de ne pas être obligée de sortir pour prendre une douche.
Tout est à ma disposition.
Sauf la nourriture.
Mais ça, ce n'est qu'un détail pour moi. Car ces trois dernières années avec Collins, me coupent toute envie d'avaler quoi que ce soit.
Angoisses, nausées, peur.
En temps normal, je ne perds pas le temps de me regarder dans un miroir car je me dégoûte à chaque fois de ce que mes yeux voient et analysent ce que je deviens de jour en jour.
Mon reflet est mon pire cauchemar.
Un cauchemar réel.
Et pourtant aujourd'hui, je ne sais pas la force qui m'anime pour... voir l'étendu des dégâts de mes derniers sévices corporels.
Parce que les sévices psychologiques ne sont pas atteignables, palpables. Pas comme cette douleur qui m'empêche de correctement me tenir droite, pas comme cette douleur qui me rend vulnérable en tout et pour tout.
En retirant le t-shirt que je portais pour dormir, ma gorge se noue et mon ventre se serre parce que je sais que ce que je vais voir va me retourner l'estomac. Me dégoûter. Me donner envie de scalper ma peau jusqu'à ne plus rien voir.
Une fois nue, je me place devant le miroir. Je ne regarde que le reflet de mes pieds. La couleur pâle de ma peau, la minceur effrayante de mes jambes. Ma poitrine se serre.
Je remonte mes yeux sur mes genoux ressortis, mes cuisses fines, les cicatrices qui s'étendent à l'intérieur de celles-ci. Des anciennes aux nouvelles, elles sont là, indélébiles sur ma peau. Elles me hanteront toute ma vie. Elles me rappelleront que je suis faible. Seule. Sans repère.
Et lorsque mon regard se lève sur toute la partie supérieure de mon corps, j'étouffe un cri d'horreur et un sanglot. Je ne saurais décrire ce que je vois. Seuls les haut-le-cœur et mon regard qui se détourne de suite en sentant mon cœur se serrer violemment me prouvent que comme les fois précédentes, j'aurais dû m'abstenir de vouloir savoir qu'en est-il de l'apparence de mon corps.
Bleuâtre, verdâtre, rougeâtre.
Violet, brun, jaune.
Un beau tableau de Picasso.
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LIBÉRER
RomanceSamantha ne vit plus que pour fuir la violence quotidienne qu'elle subit depuis la mort de sa mère. Alors qu'elle peine à trouver un équilibre pour atteindre son objectif, elle se confronte à une autre source de problèmes lors d'une bousculade au dé...
