CHAPITRE 07 : Désordre.

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SAMANTHA.

Longeant l'allée pavée et bordée par la pelouse fraîchement taillée, mes pieds écrasent les tapis de feuilles orangées qui s'amassent par groupe sur le sol.

Une légère bruine tombe, rendant humide tout ce quelle touche. L'air est fraîche, de quoi avoir une bonne grippe.

Je resserre la grosse écharpe en laine autour de mon coup et accélère le pas afin d'atteindre la chaleur que m'apportera très certainement la bibliothèque du lycée.

Deux jours se sont écoulés depuis ma rencontre avec Dave et Savannah. Mon quotidien est plutôt calme en ce moment. Mon père enchaînant les soirées à l'extérieur, je suis plus ou moins libre de mes mouvements. Mais je ne me leurre pas. Tôt ou tard, il recommencera.

Le pire reste peut-être le fait que je ne me sente pas totalement en sécurité. Parce que quand il n'est pas là, il paie un homme, un gardien pour surveiller mes moindre fait et gestes. Surtout que je rentre bien à la maison. Pour s'assurer que je n'ai pas la langue bien pendue. En fait, même lorsqu'il est présent, j'ai toujours la mauvaise sensation d'être observée de loin.

La première raison pour laquelle je rejette quiconque veut être bien veillant avec moi.

Hier, avec les membres de mon groupe, nous avions finalement convenu de nous retrouver en bibliothèque afin de débuter nos travaux. Personnellement, je l'ai commencé le jour même.

Préférant être hors de cette maison, j'y arrive un peu en avance. Je salue timidement la bibliothécaire aigrie qui ne lève pas son regard de son bouquin. Elle me répond, néanmoins, très vaguement.

Je ne m'attarde pas plus sur ces détails et je m'enfonce entre les hautes étagères étouffés de bouquin. Notre bibliothèque est un peu plus moderne que celle ancestrale dont on en parle très souvent.

L'odeur du vieux papier y est, mais elle n'en reste pas moins plus moderne, avec des carreaux à la place du plancher et des étagères en fer forgé à la place du bois. De la peinture beige à la place du sombre. Des baies vitrées en hauteur pour apporter la lumière du jour au lieu des inégalables longues fenêtres à carreaux. Et un plafond plat, bien loin des voûtes des grandes universités.

Mais ce n'est qu'une école...

Je passe beaucoup de temps ici quand je fuis l'oppression du dehors. Toutefois, c'est la première fois que j'y mets les pieds depuis la rentrée. Je trouve un table de quatre place, non loin de l'entrée afin d'être facilement remarquer par mes camarades.

Je desserre un peu mon écharpe et l'idée de retrousser les manches de mon pull en laine me traverse l'esprit, sauf que je la refoule vivement en me rappelant des horreurs qui maculent ma peau.

Je sors mon introduction pour la relire, et pourquoi pas, continuer le devoir. Les écouteurs bien enfoncés dans mes oreilles, je me perds sur mes propres écrits sous les paroles de Issues de Julia Micheals.

Mais rapidement, mes pensées se dirigent vers une section que je n'ose jamais aborder.

L'avenir.

Je me demande toujours à quoi va t-elle ressembler sans jamais vraiment m'y attarder. Et si j'arrive à m'en sortir ? Que ferais-je vraiment.

LIBÉREROù les histoires vivent. Découvrez maintenant