LIBÉRER

CHAPITRE 09 : Entre mecs.

CALEB.

Elle a recommencé.

Voilà trois jours que Sam compte parmi les absents. À cette allure, elle risque de rater son trimestre. Son année, qui plus est, est importante. Personne ne semble se soucier de ses absences répétitifs, comme une habitude qu'ils connaissent bien et qu'ils ont, depuis, classés au rang de sans importance.

Certes, Sam n'est ni connue, ni sympa. Elle est solitaire et se fait rare lors des pauses. Elle ne participent jamais et se braque à chaque fois qu'on ose se mêler de sa vie. Mais de là à ce qu'on l'ignore alors qu'elle peut se retrouver dans une situation difficile, celà me prouve une fois de plus que l'Homme est mauvais.

On nous accuse d'être sans cœur, d'arracher des vies et de baigner dans l'illégalité, contribuant à la hausse du danger dans le monde. Mais que dit-on de ses hommes et femmes intègres qui ferment leurs yeux sur les horreurs de leurs semblables ? Qui préfèrent s'acquérir de mallates d'argent au détriment de la vie d'une personne ?

Nous sommes presque tous mauvais. À des degrés différents, néanmoins. Et l'ironie fait que les rares honnêtes de ce monde se font restreindre les plus forts.

L'argent. Toujours lui. C'est tout aussi une bénédiction qu'un fléau pour l'humanité.

— T'as plus d'odorat ou quoi ? Ça sent le cramé !

Mes yeux suivent Ashley qui se précipite vers le four en faisant de grands gestes. Comme si je sortais de l'eau, mes sens me reviennent. Mon odorat, surtout, et je sens. Effectivement, je viens de cramer notre repas de ce soir.

Merde, Alex risque de me faire passer un sal quart d'heures.

Ash s'occupe de déplacer la marmite pour la déposer dans l'évier. Elle allume l'eau et se dépêche d'ouvrir les baies vitrées pour aérer la cuisine. Toujours figé sur la chaise, j'observe ses mouvements jusqu'à ce que ses iris interrogatives ne plongent dans les miennes.

— C'est la deuxième fois que tu crames la nourriture. Tu comptes nous faire brûler ou nous faire crever de faim ? Éclaire moi.

Je soupire profondément en plaçant l'écran de mon téléphone sous mes yeux. Il est à peine dix-huit heures, il n'est pas tard pour que je me rattrape en passant une commande à mon compte.

— Ce soir, c'est pizza et tout est régler, décrété-je.

— Pas de pizza. Rien n'est régler, me contre t-elle. Qu'est-ce que tu as ces derniers jours ?

Ça commence. Et je ne veux pas continuer.

— Rien du tout. Quoi, alors ? Des sushis ? Proposé-je en scrollant sur le web.

Et pour détourner le sujet, je l'avoue.

Je l'entends soupirer profondément.

— Cal-

— Caleb a fait des sushis ?! S'exclame Alex en débarquant, son ordinateur en main.

Ashley se tourne vers lui, les mains sur ses hanches. Elle le toise, se retenant de faire une réflexion sur le fait qu'il se balade torse nu alors qu'il fait frais aujourd'hui. Son nez se retrousse et elle serre ses mâchoires.

Généralement, Ash déteste les gars qui se baladent torse nu en colocation. Elle les compare à des animaux sauvages. Pourtant, elle est la première à s'extasier sur les abdos et les fessiers de ces mecs qui pullulent Instagram avec leur beauté inégalable. Toujours selon elle.