Fire On Fire [Kiribaku]

.36.

Pdv Eijiro
Après un échange interminable de coups, Katsuki se met à sourire de toutes ses dents.
Ça y est. Lui aussi s'est adapté. Il a laissé passer quelques frappes pour mieux les comprendre, a encaissé les offensives sans rien dire, et maintenant, il est prêt.
Le public se tait. Il ne comprend pas ce qu'il se passe.
Je cligne des yeux, et Katsuki est à nouveau sur Izuku. Une suite fulgurante de dérobades, de ripostes, et d'affrontements. De haine, de hâte, et de réflexion.
Izuku est le premier à être blessé. Il manque d'expérience, et ses capacités d'analyse ne suffisent plus à pallier ce problème.

Je n'ai pas le temps de penser. Je discerne à peine un coup qu'en vient un deuxième. C'est franchement hypnotisant.
Izuku tente un coup risqué, et Katsuki manque de se le prendre de plein fouet. Mon bras se contracte par réflexe, prêt à réagir, mais toujours bloqué par mes liens. Je bouge mes doigts, serre le poing, et réalise que le produit qu'ils m'ont imprégné s'est enfin dissipé. Je prends une grande inspiration.
Je peux agir.
J'expire.
Patience. Attendre le bon moment. Se libérer. Agir. Le sauver.
Je réprime un sourire et scrute l'arène avec un intérêt plus poussé encore.
Les spectateurs, les torches, les pièces, les propriétaires, leurs combattants, ou ce qu'il en reste.
Et au milieu de tout ça, Katsuki.
Au sol, le genou sur le dos d'Izuku, il l'immobilise. La victoire est sur le point d'être sienne. Il aura quelques secondes de répit, peut-être même une minute, et le prochain adversaire entrera. Et tout recommencera, jusqu'à ce qu'il ne soit plus en état de continuer, non pas seulement le combat, mais aussi sa vie.
Il lève les yeux vers moi, les iris rayonnantes de fierté. Un rictus de conquérant au coin de la bouche.
Et puis ses sourcils se froncent, au bord de la confusion, et sa joie s'éteint.

Pdv Katsuki
Quelque chose ne va pas.
Je le vois avant d'en ressentir le coup: une lame, parfaitement aiguisée, entre ses doigts. Son bord est teinté de ce que je devine être mon sang.
Les armes sont autorisées. Pour tous sauf pour moi. Ça a été annoncé, je le savais, mais je n'en ai pas tenu compte.
C'est ma faute.
Il s'approche, et je suis tenté d'appuyer sur ma blessure, d'arrêter l'hémorragie, mais je ne peux pas.
Je le laisse s'approcher, prêt à parer la prochaine attaque.
Il chuchote :
- C'est le moment ! Écroule toi, fais semblant d'avoir perdu et d'être mort! J'ai un plan pour te sauver !
Je lâche un léger rire.
- Il n'a jamais été question de me sauver, imbécile.
Il fronce les sourcils, ouvre la bouche. Aucune question n'en sort, à peine un son. Et puis ses iris glissent jusqu'à son poignard, et se rétrécissent de stupeur.
La moitié de la lame semble avoir fondu.
- Qu'est-ce que...
Je grimace, et il ose faire ce que je n'ose pas : il scrute ma blessure.
À son expression, je comprends que le processus est plus rapide que prévu.
Je décide de rester dans l'ignorance.

Pdv Eijiro
Katsuki recule d'un pas, les appuis incertains et la main à quelques centimètres de son torse. D'ici, impossible de comprendre ce qu'il se passe.  Ses yeux se sont agrandis, ses sourcils se sont froncés, et ses lèvres sont mises à trembler.
Izuku le laisse prendre une légère distance, patientant calmement. Je plisse les yeux. Izuku relâche ses bras le temps que Katsuki reprenne ses esprits, et je discerne une arme. Elle a une forme particulière : un manche en bois, comme un couteau, mais sa plaque de m'étale n'est pas lisse. Elle est ondulée, irrégulière, comme détruite.
Katsuki éloigne sa main, le visage contracté par la douleur, alors même que je ne vois qu'une légère entaille, un fin filet de sang. Je ne comprends pas sa réaction. Ça doit faire partie de sa stratégie: laisser croire qu'il est affaibli pour mieux rétorquer. Ça ne lui ressemble pas, mais je ne vois pas d'autre solution.

Applaudissements.

Pdv Katsuki
Je déglutis, reprends mon souffle.
Putain.
Les bords de la plaie semblent se rétracter pour me blesser de l'intérieur. Mon sang s'exalte, creuse ma peau.
Je souffle.