Le secret de Naïa

Chapitre 20(partie 2)

Le fond du tiroir était légèrement surélevé, comme si une cavité inconnue était dissimulée à l'intérieur. Intrigué, je tentai de soulever le bois du bout des doigts, et à ma grande surprise, le fond se souleva, libérant la cachette qui s'y dissimulait. Un sachet de velours et une photo m'y attendait. Je pris le papier glacé, où mon père et ma mère figuraient, tous les deux arborant un fier sourire, se tenant amoureusement par l'épaule, posant devant la mer qui se prélassait doucement derrière eux. A leur côté, se tenait une femme d'une beauté surhumaine, grande et fine, son long visage gracieux bordé de cheveux noirs qui tombaient en cascade sur ses frêles épaules pâles, ses yeux d'un bleu profond fixait l'objectif d'une rare assurance, avec un sourire confiant qui dévoilait ses dents blanches.

Irina. Je mettais enfin un visage sur la mystérieuse sœur disparue de Naïa. Elle ressemblait énormément aux trois Sirènes. Les cheveux de Siriane, le sourire espiègle de Théa, et les yeux si expressifs de Naïa. Un parfait mélange de douceur, de force, et de joie. Elle semblait si proche de mes parents à cet instant. Elle leur faisait une totale confiance, et ils l'avaient trahie. Un soupçon de colère me transperça envers mon père, la photo trembla dans mon poing.

Je commençai à comprendre le sentiment de Naïa et de ses sœurs. Irina avaient accordé sa confiance à la mauvaise personne et en avait payé le prix de sa vie, de même que mes parents. De nombreuses personnes avaient trouvé la mort, il fallait que cela s'arrête avec celle d'Andrew.

Le sachet en velours attira mon attention lorsqu'il tomba sur le sol. Je versai le contenu dans la paume de ma main. Un pendentif. Une longue chaîne en argent au bout duquel pendait une breloque qui ressemblait à une petite fiole. Je l'approchai afin de mieux l'apercevoir. Un reflet bleuté attira mon attention. Un liquide d'un bleu profond semblait flotter à l'intérieur. Le souffle me manqua. Serait-ce enfin la larme d'Irina ? Était-ce cela l'objet que l'on cherchait à me dérober lorsque ma maison avait été fouillée ? C'était fort probable. Noah m'avait expliqué que la larme d'une Sirène était capable de soigner tous les maux, les blessures ou pathologies. Une véritable aubaine pour l'humanité si ce secret était révélé, mais une telle avancée médicale mettrait en péril l'avenir des Sirènes. Cela expliquait sûrement pourquoi elles repoussaient aussi ardemment les Hommes, pour protéger ce précieux nectar.

Je sursautai en sentant vibrer mon téléphone dans ma poche qui me sortit de mes réflexions. Alexa. Je poussai un soupir en décrochant.

— Illian ! Se lamenta t-elle au bout du fil d'une voix paniquée.

— Oui Alex ? Soupirai-je d'une voix lasse, en faisant tourner le pendentif entre mes doigts, fascinée par l'objet.

— J'ai perdu Shane !

— Que veux tu dire par « j'ai perdu » ?

Je l'entendis renifler.

— Nous étions à l'hôpital au chevet d'Andrew, qui va de plus en plus mal. Mais il s'est réveillé, il s'est mis à hurler que les monstres venaient récupérer leur dû, puis ... puis... il est tombé inconscient. Shane est sorti pour prendre l'air mais je ne le trouve pas !

— Tu as essayé son téléphone ?

Le bruit d'une porte retentit dans mon oreille.

— Non, je ne l'ai pas appelé, pourquoi je ferais une chose pareille ! Bien sûr que je l'ai appelé ! Une dizaine de fois mais rien ! J'ai cherché dans tout l'hôpital, même avec un appel micro mais il n'y est pas !

— Calme toi Alex, il est forcément quelque part, tentai-je de la rassurer. En vain.

Elle souffla, essoufflée à courir.