Le secret de Naïa

Chapitre 15 (partie 2)

Je me réveillai peu de temps après le court trajet, réveillé par Alexa qui me secouait vivement. Je m'éveillai en grognant.

— On est arrivé Illian, lève toi on va t'aider à rentrer chez toi.

J'émis un nouveau gémissement en guise de réponse mais acceptai l'aide qu'elle me proposait. Heureusement Shane vint l'aider à supporter mon poids, et ils me guidèrent tous deux à travers le sable pour m'accompagner chez moi. J'étais tellement à l'ouest que je ne me rendis compte de rien tandis que j'avançais à l'aveuglette, soutenu par mes amis. J'avais l'impression que mes jambes étaient faites de coton et que je m'enfonçai dans du sable mouvant, tellement j'étais dans un sale état.

Soudain, mes deux compagnons se figèrent et je les imitai malgré moi, la tête baissée sur le sol, qui ballottait sur mon épaule. Je levai les yeux pour essayer de voir à travers l'obscurité ce qui les empêchait d'avancer, et mon cœur brisé se remit à battre contre ma poitrine, tandis que mon estomac se serrait.

Sur le perron de ma porte d'entrée se trouvait Noah, paniqué et inquiet, les lèvres tremblantes tandis qu'une larme roulait sur sa joue. A ses côtés, une expression neutre sur son visage parfait, Naïa était là, une main posée sur son épaule d'un air réconfortant et compatissant, ses yeux verts perçants fixés surmoi, un sourcil levé. Je pouvais sentir son odeur et la puissance de son aura même de là où je me trouvais, et je me mordis la lèvre inférieure.

Je ne voulais pas la voir, je ne pouvais pas la voir. C'était encore trop frais, beaucoup trop douloureux, je ne pouvais pas le supporter.

Mais la voir ainsi, près de mon petit frère fit monter l'angoisse au creux de mon ventre. Noah était, au même titre que moi, le fils de notre père, celui qui avait assassiné sa sœur et que sa mère avait juré de venger. Si elle avait promis ma sécurité, elle n'avait rien affirmé concernant le cas de Noah. Je devais absolument l'éloigner d'elle, je ne me le pardonnerais jamais si il arrivait quoi que ce soit à Noah par ma faute.

Malgré mon état d'ébriété, je me dégageai de l'emprise de Shane et d'Alexa, et m'avançai maladroitement vers Naïa, le doigt pointé sur elle.

— Éloigne toi tout de suite de mon frère !

Je me jetai sur Noah en évitant de tomber, et attrapai son bras pour le tirer violemment vers moi, et l'éloigna de la Sirène. Celle-ci me lança un regard agacé et triste mais n'interféra pas. J'ignorai les plaintes de Noah et continuait à l'emmener vers mes amis, qui observaient la scène en silence, n'osant intervenir.

Finalement Noah profita de mon état de faiblesse dû à l'alcool pour se libérer et me jeter un regard courroucé positionné en face de moi, les cheveux ébouriffés.

— Mais qu'est-ce qu'il te prend Illian ? Tu est devenu complètement fou ou quoi ? Vociféra t-il d'une voix tremblante de colère.

Je fis de mon mieux pour me maintenir debout et inspira profondément, évitant soigneusement de regarder Naïa.

— Je t'interdit de t'approcher d'elle, sifflai-je.

— Tu n'as pas à m'interdire de la voir, répliqua t-il hargneusement. C'est mon amie, et elle me comprend. Elle m'a toujours soutenu et encouragé. Peu importe ce qu'il s'est passé entre vous, tu ne vas pas m'empêcher de la voir.

Je restai silencieux quelques secondes, abasourdi par ses paroles. Le temps que ses mots traversent mon esprit et que j'en comprenne le sens, Noah s'était déjà éloigné de moi.

— Ton amie ? Crachai-je. Tu ne l'as vue qu'une fois, comment peux-tu être aussi naïf ? Tu ne sais pas ce qu'elle est ni ce qu'est capable de faire !

Noah poussa un long soupir et se retourna vers Naïa d'un air désolé, qui était restée sagement à sa place sur le perron.

— Je suis désolé du comportement de mon frère, s'excusa t-il, il ne sait plus ce qu'il dit dès qu'il est imbibé d'alcool.

Naïa haussa les épaules, ses yeux toujours posés sur moi sans ciller.

— Je ne lui en veux pas, je comprend son raisonnement, il essaie de te protéger, c'est naturel et louable de sa part, dit-elle d'une voix douce et suave.

Mon cœur se mit à battre la chamade au son de sa voix. J'avais l'impression que cela faisait une éternité que je ne l'avais pas entendue, et cela me serrait la gorge. Pas parce que j'avais peur pour mon frère, mais parce que malgré sa trahison, elle m'avait terriblement manqué. Peu importe ce qu'il se passait entre nous, j'étais toujours autant accroché à elle. Malgré la peur qui me nouait le ventre, je n'avais qu'une envie, la prendre dans mes bras et l'embrasser, comme jamais je ne l'avais fait. Et je me détestai d'être aussi faible.

Les brumes de l'alcool ne m'empêchèrent pas cependant d'y voir clair sur le risque que courait Noah à traîner avec Naïa. C'était mon devoir de le protéger, envers et contre tout. Peu importait si je devais faire face à la femme que j'aimais, ou croyais aimer.

— Sors de chez moi, sors de ma vie et de celle de mon frère ! C'est le seul moyen que tu as de m'aider si c'est vraiment ce que tu veux, crachai-je, en tentant de tenir sur mes jambes.

Naïa ouvrit la bouche pour protester, un voile de tristesse passa dans son regard. Je ne voulais plus l'entendre, je ne voulais pas l'entendre s'excuser. Hors de question qu'elle tente de m'amadouer pour j'oublie ce qu'elle avait fait, ou pire que je ne cède à mes sentiments. Elle me détruirait.

Sans attendre, je saisis la main de Noah dans la mienne et le tirait vers la porte de la maison. Il se débattit en protestant mais il n'avait pas assez de force pour me repousser.

— Lâche moi Illian, tu deviens fou ! Pleura Noah.

D'une main fébrile, je mis la clef dans la serrure. Je sentis une présence se rapprocher dans mon dos.

— Illian, calme toi. Je suis sûre que l'on peut trouver une solution et arranger les choses entre vous, dit une voix plaintive et effrayée.

Alexa. Qui essayait encore et toujours de me raisonner quand je pétais les plombs. Elle se mettait toujours entre Shane et moi lorsque nous étions en froid, faisant encore et toujours le tampon entre nous.

Le clic de la serrure m'indiqua que j'avais réussi à ouvrir la porte, Noah protesta toujours derrière moi. J'entrai en trombe dans la maison, forçant Noah à me suivre, les autres derrière moi, prudents. Naïa, interdite resta devant la porte d'entrée, n'osant entrer mais n'osant partir non plus, tiraillée.

— Sortez tous maintenant la fête est finie ! Criai-je d'une voix forte.

Ils ne me répondirent pas, le regard fixés sur un point derrière moi, figés avec une expression de surprise mêlé de stupeur sur leurs visages. Je me retournai. Et découvrit la porte du bureau de mon père ouverte, complètement saccagé.