Le choc fut violent.
Naïa serrée contre moi pendant la chute, je m'efforçai de rester stable tandis que le vent tentait de me déstabiliser. J'inspirai autant que mes poumons ne le pouvait et je traversai la surface de la mer, mon fardeau dans les bras.
Je m'enfonçai profondément dans l'eau sous le poids de Naïa et de nos vêtements, des milliers de bulles d'air caressant nos corps pour remonter à l'air libre. Je résistai à l'envie de les imiter et débarrassai Naïa de sa couverture, qui s'enfonça dans les ténèbres.
Je paniquai lorsque j'aperçus la blancheur cadavérique de son corps. Aucun de ses muscles ne remuait, ni ne tressaillait sous la fraîcheur de l'eau. La violence du choc n'avait pas dû arranger son état.
Je pris son visage entre mes mains, tentant de garder mon calme malgré l'air qui venait à me manquer. Elle paraissait si fragile, si petite dans cette immensité obscure. Elle ne respirait pas, elle ne bougeait pas. Elle était juste là, flottant telle une bouée au rythme de l'eau, docile.
Soudain, je sentis le liquide vibrer autour de nous, dans un silence glaçant. Avant que je ne puisse comprendre, l'Océan m'arracha Naïa des bras, et je la vis disparaître dans les profondeurs.
Heureusement, elle ne s'occupa pas de moi. Incapable de résister plus longtemps, je battis des jambes pour remonter à la surface. Alors que je n'y croyais plus, mon visage frappa l'air glacé, et de façon tout sauf gracieuse, je repris mon souffle bruyamment. Épuisé, je regardais autour de moi, espérant voir la tête brune de Naïa apparaître parmi les flots.
Je me rendis compte que j'avais évité de très près les rochers, situé à peine un mètre de moi. Je nageai pour les rejoindre, à bout de force, et m'accrochai fébrilement à la roche glissante et granuleuse, le regard rivé à l'horizon.
Toujours pas de trace de Naïa. Mon cœur battit à m'en rompre les côtes, la panique me saisit. Et si c'était trop tard ? Et si elle s'était échoué au fond de l'Océan, brisée en poussière et éparpillée aux quatre coins de la mer ? Je ne me le pardonnerai jamais. Siriane et Théa avaient déjà perdu une sœur par la faute de ma famille. Elles ne laisseront pas cet acte impuni. Le nombre de cadavres risquait d'augmenter sur la plage de Newquay.
Mes pensées s'interrompirent par le bruit sourd d'éclaboussures autour de moi, comme si un rocher s'était écrasé sous l'eau. Parmi l'écume et les vagues ainsi formées, les têtes de Siriane et Théa apparurent. L'une en colère et l'autre inquiète. Théa s'approcha de moi gracieusement tandis que sa sœur restait à bonne distance, me lançant un regard noir.
— Tu n'as rien de cassé Illian ? Demanda Théa. J'ai cru que tu étais mort ou que notre Mère n'allait jamais te ramener à la surface.
Je secouai la tête.
— Moi je vais bien, mais je ne peux pas en dire autant de ta sœur. Elle ne s'est pas réveillée. Elle ...
Ma voix éraillée se brisa. Théa me jeta un regard compatissant mêlé d'inquiétude, avec un voile de rage qui m'arracha un frisson, qui disparut aussitôt.
— Ma sœur est une battante. Ma Mère fera tout pour la sauver, personne ne souhaite qu'il n'arrive un autre drame.
La menace était subtile mais à peine voilée. Théa m'effrayait bien plus que Siriane. Malgré son apparence candide et sa petite voix fluette, j'étais persuadé qu'elle était bien plus dangereuse que ses sœurs. Siriane paraissait bien innocente à côté de sa sœur, malgré son air bougon. Si ces deux-là décidaient de se venger, alors que Naïa n'était plus là pour les arrêter, je n'avais aucune chance de survie.
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Le secret de Naïa
ParanormalAu décès de ses parents quelques mois plus tôt, Illian a repris l'école de surf avec son amie Alexa. Mais l'arrivée mystérieuse de trois sœurs aussi belles qu'ensorcelante attise la curiosité du village. Illian se sent aussitôt irrésistiblement att...