Chapitre 31 ( partie 2)

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— Il y a un mec à l'école, Mike ... commença t-il d'une petite voix, ses mains crispés sur son fauteuil roulant. Il est arrivé en cours d'année, à cause du travail de son père. Au débat, il semblait seul et gentil, inoffensif alors j'ai voulu l'aider à s'intégrer dans la classe. Je l'ai présenté à mes amis, on mangeait ensemble, on allait en cours ensemble, on allait en cours ensemble. On s'entendait très bien, on était devenu assez proche.

Il marqua une pause pour reprendre son souffle. Il avait l'air tellement vulnérable recroquevillé dans son fauteuil, les épaules baissées. Il avala sa salive avant de reprendre la parole.

— Peu à peu, j'ai remarqué un changement. Les autres élèves détournaient le regard quand je passais à côté d'eux, mes amis m'évitaient de plus en plus. Sans que je m'en rende compte, j'ai commencé à me retrouver seul, à la cantine, en cours. Plus personne ne voulait m'adresser la parole ou s'approcher de moi. Je me suis donc tourné vers Mike pour lui demandait ce qu'il se passait.

Il déglutit difficilement. Il serrait tellement les accoudoirs de son fauteuil, que ses jointures étaient plus blanches que la peau de Naïa.

—  Il m'a dit que les autres élèves se moquaient de moi dans mon dos, mais qu'il n'osait pas me défendre par peur des représailles. Des rumeurs ont commencé à circuler, de plus en plus virulentes, sur notre famille qui m'ont beaucoup blessé. Des rumeurs comme quoi je n'étais pas le fils de papa, que ma famille avait honte de moi et qu'ils avaient préféré mourir en mer que me supporter, que je n'aurais jamais dû naître...

Je serrais les poings. Je me mordis si fort l'intérieur de la joue que du sang envahit ma bouche. Enfoirés de sales gamins.

— J'étais de plus en plus isolé. C'était très dur de se lever chaque matin, avec l'angoisse que me nouait le ventre. Mais je ne voulais pas t'inquiéter, donc j'ai fait comme si de rien n'était. Je pensais avoir les épaules assez forte pour endurer ces humiliations quotidiennes. Un jour, un élève que je connaissais de loin, m'a confié que celui qui avait retourné tout le monde contre moi, c'était Mike, l'élève transféré que j'avais aidé. Je l'ai confronté, pour savoir pourquoi il me faisait subir tout cela. Il a haussé les épaules, il a rigolé et a répondu que c'est juste parce que ça l'amusait. Pour rendre le lycée plus intéressant comme il dit. Tout ça n'était qu'un jeu pour lui.

Une larme roula le long de sa joue, pendant qu'il continuait son récit, le regard brillant d'émotion. Les poils de mes bras se hérissèrent, le sang battait à mes tempes. Je sentais le pire arriver avec appréhension.

— Après avoir confronté Mike, la situation a empiré jusqu'à devenir invivable. On m'insultait, on me battait, on m'intimidait en me menaçant ... On piquait mes cuisses avec un compas, on mettait des ordures dans mon sac et ma capuche, je finissais la tête dans la cuvette des toilettes. Quand je passais devant Mike et mes anciens amis , ils me disaient que je devrais mieux me suicider, que c'était la seule chose à faire pour sauver l'honneur de ma famille. Personne ne disait rien, tout le monde laissait faire. J'avais des bleus partout sur le corps, que je tentais de dissimuler avec mes vêtements. Même en cours de sport, les adultes le remarquaient mais ils n'ont jamais rien fait pour arranger les choses.

Il déglutit difficilement. La plaie était encore ouverte, sanguinolente et douloureuse. Je n'entendais que le bruit de sa respiration et le vent qui se levait au dehors pendant qu'il me racontait l'horreur qu'il avait vécu, sans que je ne puisse rien y faire.

— J'ai perdu confiance en moi, je me suis mis à avoir honte de moi-même. J'ai sérieusement pensé que tu serais bien mieux sans moi, que ma mort serait un cadeau pour grand-mère et toi. Je n'avais plus envie de rien, plus envie de vivre.

Le secret de NaïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant