Le secret de Naïa

Chapitre 5 (partie 1)

Le cri d'Alexa déchira le silence de la plage, assourdissant. Je ne pouvais détourner le regard du cadavre, malgré le dégoût évident que je ressentais. A première vue, l'homme semblait s'être noyé, ce qui qui serait anodin au vu de la colère de la mer. Mais la tâche sombre sous son corps qui inondait le sable ne donnait aucun doute quant à sa provenance.

Les pleurs et les sanglots d'Alexa me tirèrent de mes pensées et je me détournais de l'homme pour me tourner vers mon amie paniquée. Ses yeux étaient emplis de terreur et brillaient de larmes qu'elle ne parvenait pas à contenir.

Je la pris par les épaules et la forçais à me regarder.

— Calme toi, Alexa, je t'en prie.

— Un homme est mort, sur la plage, bégaya t-elle d'une voix rauque.

— Je sais, répondit-je le plus calmement possible. Mais crier n'aide pas, au contraire, tu risque d'attirer les curieux. Et moins de personnes seront au courant, mieux ce sera.

Elle hocha la tête, ses joues inondées de larmes entre mes mains bandées. Elle jeta un œil furtif au cadavre, puis les reposa surmoi.

— Est-ce que c'est ... du sang ?

— Je crois oui. Appelle la police, qu'ils viennent le plus rapidement possible.

— Mais on va devoir rester là ?

— J'en ai peur.

Elle poussa un juron à mi-voix mais acquiesça. Je l'embrassai doucement sur le front, puis elle s'éloigna un peu, son téléphone à la main.

Je restai près du corps, scrutant les alentours, craignant avoir attirés les fêtards ou les touristes lors de leurs promenades nocturnes. Mon regard dériva irrésistiblement vers la maison de Naïa, où une silhouette se dessina dans l'embrasure d'une fenêtre et disparut aussitôt, et la lumière s'éteignit presque instantanément. Je poussai un soupir, puis fixa l'océan, où les vagues continuaient de rugir sur le récif.

C'est alors que je la vis. Encore. Une tête flottant entre les vagues, immobiles mais malgré les secousses de l'eau, qui regardait droit dans ma direction.

Je me figeai, les muscles crispés, mais le temps d'un battement de cils, la tête avait à nouveau disparu. Sauf que cette fois-ci, j'avais pu observer ses yeux luminescents dans la nuit. Des yeux verts étincelants.

Je clignai des yeux. Avais-je rêvé ou était-ce la réalité ? Je ne saurais le dire.

Je fus tiré de mes pensées par le retour d'Alexa qui en avait terminé avec les flics.

— Ils sont là dans vingt minutes, m'annonce t-elle d'une voix blanche. On doit les attendre.

Je hochai la tête , puis nous nous asseyons sur le sable à bonne distance du cadavre, en attendant l'arrivée des policiers.

Trente minutes plus tard, la sirène des voitures nous préviennent de leur présence et je fis un signe de la main.

Des policiers barrèrent l'accès à la plage, tandis que quatre autres s'approchaient du corps, prêt à prendre des photos, des échantillons. L'un d'eux s'approcha de nous, un homme grand, les cheveux grisonnants et imposant, les traits marqués par une vie remplie à voir des atrocités que je ne souhaiterais jamais connaître. Le badge sur son torse m'indiqua qu'il s'agissait de l'inspecteur Riley Rowland.

Il nous serra la main, un air compatissant sur le visage.

— Inspecteur Riley Rowland, se présenta t-il, je suis chargé de cette affaire et de vous interroger. C'est vous qui avez découvert la victime ?