Chapitre 31 ( partie 1)

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Je laissai tomber la tête en arrière, savourant l'eau chaude sur mon corps glacé. Septembre était bel et bien là, la grisaille avait remplacé le ciel bleu, le vent et la pluie verglaçante rendaient les trajets de la boutique à la maison périlleux.

J'étais retourné travailler, la boule au ventre de connaître le bilan financier de cette saison catastrophique. Je pensais m'occuper l'esprit en fourrant le nez dans mes papiers, mais ça ne m'avait rendu que plus maussade. Inquiets par les événements de cet été, personne n'avait osé retourné à la plage de Newquay. Mes plannings restaient désespérément vide, de même que mon compte en banque.

Siles choses ne s'amélioraient pas rapidement, je n'aurais d'autre choix que de mettre la clef sous la porte. Cette idée ne m'enchantaient guère, car céder à cette option revenait à trahir mon père, qui avait tout donné pour réaliser son rêve. Mais je ne pouvais continuer dans cette voie là.

Alexa s'était trouvé un boulot de serveuse en ville, en attendant que la situation s'arrange. Malgré mes protestations, elle me donnait le montant de ses pourboires et m'aidait à payer le loyer en guise de remerciement. Aymeric également avait mis la main à la pâte, en bossant dans un bar pendant que grand-mère s'occupait de Noah.

Alex habitait encore chez nous, le temps qu'elle se sente assez bien pour retourner chez elle. Sa présence ne me dérangeait pas. Je préférais la savoir ici, où je pouvais garder un œil sur elle, plutôt que la savoir seule chez elle à ruminer ses sombres pensées. Elle dormait dans ma chambre, pendant que je partageais celle de Noah. Je l'entendais souvent gémir et pleurer la nuit à travers les murs minces. Je la rejoignais souvent le temps qu'elle se calme. Je restais assis près d'elle, sa main dans la mienne, le temps qu'elle s'endorme et que ses tremblements cessent. Comme ma grand-mère l'avait prédit, elle avait repris quelques kilos et des couleurs, même si le chemin était encore long à parcourir.

Je poussai un long soupir. Je postai mes mains au dessus de ma tête sur le carrelage de la douche, et baissais la tête. L'eau chaude glissa dans mes cheveux et mon dos endolori. Je sentis mes muscles transis par le froid se détendre un à un.

Une demi-heure plus tard, lavé et habillé, je sortis de la salle de bain et tombai sur Noah, coincé sur la plate bande en bois de la chambre. Il grognait férocement en tentant d'avancer, ses mains crispées sur les roues de son fauteuil ;

— Attends, je vais t'aider, lançai-je en me glissant derrière lui.

Il secoua la tête, concentré sur sa tâche.

— Je peux le faire, rétorqua t-il d'une voix haletante.

— La roue est coincée, il suffit juste que je te soulève ...

— Je peux y arriver tout seul ! S'énerva t-il en haussant le ton d'une voix tremblante.

Je levai les mains en l'air, libérant le fauteuil. Noah continua à s'acharner en tirant sur les roues, le visage rouge et en sueur par l'effort.

Il abandonna au bout de quelques minutes en poussant un juron, à bout de force et le souffle coupé, les yeux brillants.

Mon cœur se serra en le voyant dans cet état. Il faisait tout son possible pour ne pas être une gêne pour nous. Il voulait absolument se débrouiller tout seul et rouspétait dès que l'un de nous avait le malheur de vouloir lui prêter main forte. Il se sentait faible et détestai sa condition physique.

Même si il se cachait derrière son espoir pour Naïa et ses larmes. Plus il se rendait compte de ses limites, plus il se sentait comme un fardeau. Je ne savais plus comment l'aider, tant il était à fleur de peau. Je n'arrivais plus à assumer mes responsabilités face à ce tragique accident. Si les autres arrivaient à tenir le change face à Noah, ce n'était pas mon cas. La moindre action de sa part me rappelait mon rôle dans cette tragédie, le regret et la culpabilité m'assommait. Il s'en rendait compte et la situation l'agaçait profondément.

Le secret de NaïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant