『 LXXXIV ➳ Son histoire 』

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SLC ! 🔆

𝔹𝕠𝕟𝕟𝕖 𝕝𝕖𝕔𝕥𝕦𝕣𝕖

PDV HOPE

   — Tu ne t'es jamais demandé pourquoi les ombres sont-elles si fidèles à Mather ? commence Haden en s'asseyant sur une table.

   — Vous avez une histoire en commun ?

   — Mmh, presque, réfléchit-il. Tes amis n'ont jamais su la réelle raison, personne ne le sait vraiment enfaite. Chaque histoire est différente en fonction de l'ombre, tu veux savoir la mienne ?

   — Tu veux bien me la raconter ?

   Il ne répond pas à cette question, à la place, il tapote la place à côté de lui pour m'inciter à m'asseoir. Je délaisse donc les derniers bouquins pour le rejoindre, ma curiosité étant beaucoup trop forte.

   — J'habitais dans les mauvais quartiers des États-Unis. Ma famille était très pauvre, on devait se contenter de peu mais je n'avais jamais eu à me plaindre. Tant que j'avais un toit et de quoi manger ça me suffisait. Mais il y a huit ans, mon petit frère est tombé malade.

Ma respiration se coupe, son enfance n'a vraiment pas dû être joyeuse.

— Nous avions à peine de quoi payer nos factures alors les soins étaient beaucoup trop chers. C'est là où un homme m'a contacté, Félix. Il a dit qu'il m'avait vu me battre plusieurs fois dans la rue, qu'il admirait mes réflexes et que si je voulais sauver mon frère, je pouvais travailler pour lui. Il organisait des combats clandestins. Le seul problème était que l'issue du duel était donnée à l'avance. Il a fait en sorte que je gagne tous mes matchs, il prenait soixante pour cent et me laissait quarante.

Je l'écoute sans rien dire, troublée par notre soudaine proximité, je ne l'ai jamais entendu parler autant.

— Je m'en foutais du nombre de coup que je me prenais, tant qu'à la fin j'avais ma thune pour payer les médocs de mon frère. Mais ça ne lui a plus suffit. Il a décidé... de me faire devenir escort. J'étais contre au départ, je ne voulais pas entrer dans ce milieu car je savais à quel point il était difficile d'en sortir. Sauf que mon frère allait de plus en plus mal et ma seule issue était Félix.

   Malgré la douleur de son passé et la difficulté qu'il doit avoir à le raconter, Haden parle comme si les événements ne l'avaient pas touché directement mais quelqu'un autour de lui. Sa voix est calme, posée, sans aucun tremblement et ne parait pas prête à lâcher.

   — J'avais à peine dix-huit ans que je me prostituais pour des nanas ayant le triple de mon âge, même plus. Je détestais mais au final, je gagnais plus d'argent et Félix était content. Mes parents ne savaient rien, je n'ai pas voulu leur dire et ils n'ont pas cherché non plus à savoir, se cachant sûrement la vérité pour le bien-être de leur autre enfant. J'ai réussi à le sauver, Brice était en rémission et son avenir protégé. J'ai donc dit à Félix que je voulais tout arrêter, mais il n'a pas accepté.

   Je serre les bras autour de mes jambes, attendant impatiemment la suite de son histoire.

   — Il a dit que je lui rapportais trop pour le laisser partir et que je ne respectais pas les termes du contrat. Ses hommes me sont tombés dessus, je lui ai tenu tête dans cette rue déserte un samedi soir et j'ai fini à l'hôpital avec de multiples fractures. C'est ici que j'ai rencontré Mather. Le corps en bouilli et l'esprit totalement shooté aux antidouleurs. Il rendait visite à un ami à lui qui s'était cassé la jambe lors d'une course de moto, c'était Rafael.

   Il se tait un instant, plongé dans ses souvenirs sans pour autant montrer un signe de tristesse.

   — Continue, chuchoté-je en le fixant longuement.

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