Golden Galaxy

『 XLIV ➳ Profitons tant qu'il est possible de le faire 』

SLC ! 🖤

𝔹𝕠𝕟𝕟𝕖 𝕝𝕖𝕔𝕥𝕦𝕣𝕖

PDV MATHER

   Ils ont intérêt à avoir une bonne raison, je l'espère vraiment.

   Les mains serrées sur le volant, mes yeux ne quittent pas le point imaginaire fixé sur la route déserte uniquement éclairée par mes phares. L'image de ma colocataire sous la pluie ne semble pas vouloir me lâcher, de quoi me mettre de très mauvaise humeur. Pour la énième fois durant le trajet silencieux, je passe une main crispée dans mes cheveux mouillés.

   Le fait de savoir qu'ils sont dans cet état à cause de Earl et Akke embrase l'amertume grimpant en moi. Mais que font-ils putain ? 

   La perspective qu'il se soit réellement passé quelque chose m'inquiète. Peut-être que Jesse a finalement décidé de tenter quelque chose... Non, Akke surveille son repère depuis des semaines, et il n'y a rien d'anormal. À part le fait que ce Ramiro ne soit jamais apparu sur une caméra. Ou peut-être que si ? Tout est encore terriblement flou.

Je soupire fortement en imaginant déjà les pires scénarios pouvant se produire en ce moment-même avec mes colocataires. Il est presque vingt heures déjà et la pluie ne cesse de couler. La jeune fille à mes côtés est comme toujours, particulièrement silencieuse.

La route se passe rapidement, je ne laisse pas mon regard divaguer sur autre chose qu'elle et gare la voiture à l'entrée de la forêt dans un crissement de pneus couvert par le bruit de l'eau. Une fois à l'arrêt, je n'éteins pas le moteur et regarde attentivement dehors.

— Il pleut beaucoup trop pour sortir maintenant, la forêt est dangereuse durant les orages, expliqué-je en reculant mon siège afin d'allonger le dossier.

Mes bras se croisent derrière ma tête et une fois bien installé pour un long moment, je me permets enfin de poser les yeux sur la rouquine à ma droite. Qu'elle n'est pas ma surprise en apercevant son regard curieux dirigé vers moi. Je déglutis discrètement en voyant mon sweat-shirt posé sur ses frêles épaules. Je tousse faussement en rejetant les drôles d'idées germant dans mon esprit et continue :

— On va en avoir pour un moment, peut-être deux heures ou plus. Tu devrais te mettre à l'aise aussi.

La voyant acquiescer en essayant de reculer son siège, je me résous à l'aider après trois minutes de difficulté. Ainsi, je me relève un peu pour passer mon bras au dessus d'elle et attraper la poignée à sa droite. Lorsque mes deux mains se retrouvent de part-et-d'autre de son corps, je ne réalise qu'à ce moment la proximité de nos visages.

En effet, son souffle chaud et irrégulier s'abat sur moi comme une légère brise. Mes yeux remontent de son cou à ses lèvres, puis ses joues rosées parsemées de petites taches de rousseurs pour finir par s'ancrer dans les siens. Comme à chaque fois que nos regards s'emboîtent, une explosion de couleurs me projette dans un univers gorgé de bleu et violet.

Dans ce silence total, j'entends mon souffle étrangement saccadé se mélanger avec le sien. Ses yeux brillent, ils me regardent d'une étrange façon que je ne pourrais décrire. À ce moment, quelque chose semble se déclencher en nous. Une flamme que je m'empresse d'éteindre en appuyant précipitamment sur la poignée afin que son dossier s'abaisse.

Dans un petit sursaut de sa part, notre échange se coupe net lorsque son corps s'allonge avec rapidité.

Ne sachant tous les deux que faire, je bafouille de piètres excuses en me réinstallant sur mon siège. J'allume la lumière de la voiture en même temps que mon téléphone, sachant très bien ce que ma colocataire va faire pour s'occuper.