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PDV MATHER
Une explosion de couleurs toutes plus belles les unes des autres. Je ne peux pas mentir, les yeux de cette muette sont incroyablement beaux. Dire le contraire serait idiot. Le mélange de différentes teintes de bleu associées à de minuscules particules dorés rend la couleur de ses iris unique. Lorsque j'y plonge mon regard, j'ai l'impression que mon âme va être aspirée par cette galaxie lointaine et pourtant si près.
Mais quelque chose me touche. Pas que cette couleur, non. Ses yeux sont vides. Aucune étincelle, aucun sentiment.
J'ai l'impression de me voir dans un miroir et c'est trop fort, trop soudain. Oui, je l'ai déjà observé. Oui, j'ai parfois jeté certains coups d'œil lorsqu'elle ne me regardait pas afin de me tenir informé de son état. C'était souvent malgré moi. Cette fille est captivante, troublante.
Sauf qu'ici et maintenant, alors que je devrais lui en vouloir de m'avoir envoyé à l'hôpital, une grande pitié s'abat sur moi. Je n'y peux rien. C'est un sentiment humain après tout, même si les gens ont tendance à le rogner.
Voilà ce que m'évoque cette fille, une pitié pure et incandescente. La voir debout sur ses pieds après tout ce qu'elle a vécu engendre aussi une vague d'admiration. Mais ces deux sentiments en même temps provoquent bien trop de choses en moi. Je ne peux pas, pas elle.
Nous nous ressemblons trop, voilà pourquoi je n'aime pas cette fille et je m'efforce de me tenir écarté.
Si nos regards se lâchent, c'est uniquement car je vois la rouquine tourner de l'œil. Elle ne semble pas si bien en point que ça, mais tient debout.
Sans lui demander son reste ou prendre de ses nouvelles après le vertige qu'elle vient d'avoir devant moi, je m'occupe juste de poser délicatement ma main sur son épaule pour la stabiliser. Il ne manquerait plus qu'elle tombe sur la tête, une nouvelle fois. Mike est peut-être un de mes amis et sa mère un docteur hors pair suivit d'une femme super, je ne préfère pas les revoir aussi vite. À la place, je contourne la rouquine en face de moi et m'installe à table.
Je ne vais pas mentir, ma main est en feu. Je ressens encore la forme de son épaule frêle dans ma paume. La réaction de son corps face à un de nos premiers touchés, son sursaut, ses cheveux s'envolant et surtout, la petite étincelle ayant germé au fond de son regard. Elle s'est vite éteinte et n'a duré qu'un instant. Mais je l'ai vu, et ça, c'est le principal à ce moment.
Le petit déjeuner est bon, je comprends aux regards que me lancent ma colocataire que c'est elle qui l'a cuisiné. Elle ne dit rien, ne mange pas grand-chose. Ça ne change pas vraiment de d'habitude. Je ne fais aucun commentaire, cela n'avancera à rien si je me mets d'un coup à lui coller aux basques afin qu'elle mange un minimum. Ce n'est pas mon problème. Pas vrai ?
Environ une petite heure plus tard, je finis par monter dans ma chambre afin de me reposer un peu et prendre une douche. Je commence à ne plus supporter l'odeur d'hôpital qui me colle depuis mon retour.
Armé d'un sac à dos que Earl m'a apporté lors de mon réveil, j'ouvre la porte de ma chambre. Lorsque mon corps passe par l'embrasure, mes yeux se figent. Même si ne pas montrer ses émotions est devenu quelque chose de naturel chez moi, je ne peux rester de marbre. Pas devant ça. D'un pas presque tremblant, je force sur mes jambes pour atteindre la toile sur son trépied face au lit. Sur ce dernier, un petit mot y est posé.
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Golden Galaxy
Teen FictionIl faisait froid, le sol était glissant et ses yeux pleuraient autant que le ciel. Le temps, la pluie et tout son être lui criaient qu'elle ne s'en sortirait pas. Pourtant, lorsque Hope réalise le souhait de son coeur et saute de cette falaise pour...
