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PDV EARL
Je n'ai jamais vraiment aimé les femmes.
En effet, la seule que j'ai un jour aimé dans ma vie fut ma petite sœur. Ma mère n'était certainement pas l'exemple à suivre et de ce fait, je l'ai toujours méprisé. Quelques cicatrices de ses crises sous l'emprise de l'alcool ornent encore ma peau. Pour Kerry, c'était différent. Maman ne la touchait pas. Sûrement car le départ de notre père était trop dur pour elle, je la regardais de mes douze ans, commencer à boire. Une haine inconditionnelle pour les hommes était née en elle que même moi, son fils, je ne pouvais apaiser. Je prenais alors des coups non-mérités. La seule chose qui me rassurait était que ma jeune sœur de neuf ans ne soit pas touchée par cela.
Nos chemins avaient commencé soudés ; nous jouions souvent ensemble étant petit. Le caractère que je préférais chez ma sœur était sa gentillesse sans nom. Elle ne refusait rien, ni à mon père, ni à ma mère, ni même à moi. C'était peut-être un problème pour elle mais je ne le voyais pas comme cela, j'étais jeune. Je n'imaginais pas ce qu'il pouvait se passer de son côté lorsque nous étions séparés.
Mais petit à petit, je l'avais vu changer radicalement : au départ, ce n'était que de petits et timides « non », puis des rebellions, ne plus me raconter ses journées, ne plus parler lors des repas, des rendez-vous avec le directeur, de la violence... Avant que je ne m'en rende compte, la petite fille timide s'était métamorphosée en une femme que je ne connaissais pas. Nous nous étions tellement éloignés que je n'avais même pas remarqué les problèmes que ma sœur avait développé avant sa disparition. Quel frère terrible je fais.
Et maintenant, cela fait dix minutes que Garett me saoule afin que nous partions tous les trois, Hope, lui et moi en journée shopping. La rouquine n'est bien sûr au courant de rien, mais mon ami compte bien lui refaire sa garde-robe. Cela fait quatre jours que la meilleure amie de ma sœur vit avec nous et ce n'est qu'aujourd'hui que l'on m'a demandé d'aller chercher ses affaires restées sur la falaise. Garett est tout simplement un idiot.
Je n'ai pas vu Hope depuis hier. Après le petit test imposé par Mather et Akke, la jeune fille est allée prendre une douche puis regarder la télévision avec Garett le restant de l'après-midi. Elle n'a pas diné au plus grand désarroi du garçon. Je l'ai regardé quitter d'un pas lourd le salon pour aller dormir dans la chambre d'ami.
En réalité, je ne sais pas vraiment pourquoi Mather a accepté d'héberger la jeune fille. Depuis que je le connais, il n'a jamais eu pitié pour qui que ce soit. Cet homme est extrêmement froid, tellement que je me demande parfois comment son tempérament de feu peu supporter notre Garett. Comme quoi, l'épreuve d'hier m'a prouvé que nous ne connaissions jamais vraiment nos proches.
— S'teuplaît Earl ! Tu la connais assez bien pour m'accompagner ! En plus je préfère que ce soit toi qui lui expliques le meurtre de la dernière fois. Dis OUI, essaie toujours de me convaincre Garett.
— Tu ne peux pas le faire toi-même ? J'suis pas baby-sitter mec, soufflé-je, concentré sur le journal.
— Peut-être, mais c'est la meilleure amie de Kerry.
Comme mon colocataire l'a si bien compris, il suffit de me demander quelque chose ayant un rapport direct avec ma petite sœur pour que je sois contraint d'accepter. Remarquant mon soupir de résignation, Garett pousse un cri de joie et quitte immédiatement le salon en prétextant aller annoncer la nouvelle à Hope.
Hope, ce prénom me reste en gorge à chaque fois que je le prononce. Est-ce une coïncidence, le hasard ou bel et bien un acte prémédité d'appeler son enfant espoir, si celui-ci est promit à devenir si... elle.
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Golden Galaxy
Teen FictionIl faisait froid, le sol était glissant et ses yeux pleuraient autant que le ciel. Le temps, la pluie et tout son être lui criaient qu'elle ne s'en sortirait pas. Pourtant, lorsque Hope réalise le souhait de son coeur et saute de cette falaise pour...
