『 XCII ➳ Sans vie 』

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SLC ! 🔋

moment triste sortez les mouchoirs

ʙᴏɴɴᴇ ʟᴇᴄᴛᴜʀᴇ

PDV HOPE

   J'ai froid, c'est la première chose que je me dis en reprenant conscience. Il ne me faut aucune seconde pour me rappeler les événements passés, ils m'ont suivi même dans mon sommeil.

   Mon corps douloureux repose sur une surface froide, dure et humide. En ouvrant les yeux, le faible éclairage ne m'aide pas beaucoup à reconnaître l'endroit dans lequel je me trouve. Je suis par terre, sur ce qu'il me semble être du béton. La pièce, grise et froide, est totalement vide, la seule chose apportant de la lumière est la petite fenêtre sans vitres et à barreaux sur un des murs. Il fait jour, mais le vent souffle assez pour me frigorifier jusqu'aux os. En essayant de me couvrir de mes bras, je remarque des bracelets en fers rouillés attachés à mes chevilles et poignets. Des chaînes y sont accrochées, les reliant par un système du moyenne âge au mur derrière moi. Pas possible de bouger, je ne peux que rester assise.

   Oh non, ça y est. C'est la fin.

   Malgré ma détermination à ne pas pleurer, mes tremblements, eux, s'en donnent à cœur joie. Alors j'attends, frigorifiée, effrayée, et implorant une mort rapide.

   Mes pensées dérivent vers mes amis, je me demande ce qu'ils font en ce moment. Ils ont dû comprendre que Kirwood m'a prise, peut-être qu'ils sont juste retournés chez eux pour continuer leur vie. Peut-être qu'ils ont réalisé que c'était mieux sans moi et qu'à l'heure qu'il est, tout a repris son court comme avant notre rencontre. Je ne peux pas leur manquer.

   Malheureusement, l'image de Mather s'impose progressivement dans mon esprit et m'arrache un sanglot étranglé. Je voulais devenir quelqu'un d'autre, pour lui, pour qu'il soit fier de moi. Il est le
seul à avoir toujours dit que je n'avais pas besoin d'être sauvée, que j'étais assez forte pour me suffire sans l'aide de personne. Mather, cet homme que je ne reverrai jamais, je dois lui dire adieu désormais.

   Finalement, la porte en face de moi s'ouvre après ce qu'il me semble être des heures plus tard. Mon court soulagement est vite remplacé par un frisson glacé d'effroi en voyant l'homme en face de moi.

   — Salut Hope, ça gaze ?

   — Jesse, qu'est-ce que tu fais là ?

   Mon ennemi juré semble en forme, il se gratte la tête en me regardant de toute sa hauteur d'un air assez supérieur pour me donner envie de lui refaire la façade. Mais en ce moment, je ne fais qu'envier son sweat-shirt semblant incroyablement chaud. Ce n'est pas ma blouse d'hôpital, laissant mes jambes et mes bras à l'air qui va m'empêcher l'hypothermie, j'ai presque l'impression que mes orteils sont bleus. Le mois de décembre fait des ravages.

   Jesse semble comprendre mes pensées car un sourire carnassier vient défigurer son visage.

   — Je suis venu te chercher, il t'attend.

   Mon mal de tête m'empêche de réfléchir assez clairement pour l'insulter. À la place, je sursaute presque lorsqu'il me détache du mur pour me relever durement par le coude. Je grince des dents mais ne couine pas, même si tout mon corps cri sous ce geste trop brusque.

   — Dépêche-toi putain.

   L'homme me tire vers la sortie sans un mot d'amour de plus. Mes yeux sont éblouis par la luminosité et je manque plusieurs fois de me ramasser, pourtant Jesse raffermit sa prise à chaque nouveau trébuchement. J'aurai des bleus, mais pas la honte de tomber devant lui. Je masse par la même occasion mes poignets douloureux ayant viré au violet. En montant des escaliers en pierre, je réalise n'avoir jamais vu cette maison.

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