『 III ➳ Ta vie ne vaut rien 』

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PDV HOPE

Les vêtements sales et trempés que je porte depuis ce matin me collent à la peau. En les retirant, mon regard se détourne automatiquement du grand miroir sur le lavabo. Regarder mon corps est devenu une phobie féroce que je ne peux supporter. Chaque larme ayant coulée sur mes joues est une cicatrice qui strie ma peau. Quelle tristesse, avoir si honte de son corps, jusqu'au point de le rogner totalement.

Car non, le monde n'est pas rose bonbon comme dans les livres, ici c'est la vraie vie. La douleur rend plus fort certes, mais reste dans tous les cas une faiblesse à éradiquer. Malgré le dégout que mon âme éprouve pour cette enveloppe corporelle, une envie d'en finir définitivement avec tout cela me retient sur place. Je ne veux pas mourir, au contraire. Je veux retrouver cette volonté de vivre à tout prix. Il a gagné une fois, jamais deux.

J'entre rapidement dans la grande douche comportant uniquement des affaires de toilette masculines. À moins qu'une femme aime se doucher avec ce genre de choses, je peux en venir à la conclusion que ce Garett vit exclusivement avec des hommes.

Après une très rapide douche, je cherche du regard mon sac dans la pièce. Malheureusement, il n'y est pas. Sûrement encore sur la falaise, avec mon manteau. Je soupir, si je n'ai pas mon sac, je n'ai aucune crème contre les brûlures. Je dois impérativement le récupérer.

J'inspecte les vêtements laissés par Garett : un sweat-shirt simple noir et un jogging de la même couleur. Je remercie mentalement le garçon pour ses jambes plus grandes que moi. Ainsi, la largeur du pantalon empêche quiconque de remarquer la finesse presque maladive de mon corps. En jetant un rapide coup d'œil au miroir, je note aussi inconsciemment de me racheter des lentilles de couleur, afin de cacher celle de mes yeux.

C'est de leur faute si ma vie est aussi pourrie. Si je ne les avais pas, mon « père » ne m'aurait jamais remarqué à l'orphelinat. Ma vie aurait presque pu être... vécue. Tout cela, une vie brisée pour une simple couleur différente de la normale. Juste pour des iris renfermant quelques teintes et nuances rares. Quelle dégoutation.

En sortant finalement de la pièce mes habits mouillés à la main, je ne sais pas quoi faire ni où aller. Dans le salon ? Garett devrait normalement y être. C'est donc avec cette idée en tête que je m'oriente vers les escaliers pour aller au rez-de-chaussée. Lorsque j'arrive à destination, mon cœur accélère de peur en voyant un deuxième homme aux côtés de Garett. Ce dernier remarque ma présence à la dernière marche de l'escalier et vient directement à ma rencontre, oubliant le garçon avec qui il parlait sur le canapé.

Celui-ci semble mexicain : une peau légèrement halée, des cheveux bruns avec des yeux châtain-clair. Je vois à travers son t-shirt noir une musculature développée, plus que Garett. Son regard croise le mien et me procure un frisson. Ses iris semblent animées d'une animosité terrifiante. En un instant, ses yeux peuvent m'envoyer un sentiment d'inconfort profond.

— C'est bon, la princesse est propre et peut repartir ? commence le mexicain d'une voix ironique emplie de frustration.

Garett soupire et s'excuse du comportement de son ami en me recommandant de l'ignorer. Malheureusement, le brun de semble pas du même avis car quelques secondes plus tard, un souffle chaud s'abat sur mon visage. Cette proximité fait battre mon cœur trop rapidement. Mon sang semble se glacer dans mes veines, il n'est pas là, ce n'est pas lui...

— Garett avait raison, t'es loin d'être laide. Peut-être trop fine pour moi, mais des yeux si... il se coupe. (Par automatisme lorsque l'on m'en parle, mes paupières se ferment, afin de passer inaperçue cette couleur.)

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