『 II ➳ Une douce odeur de changement 』

2.8K 180 47
                                        


B⃟o⃟n⃟n⃟e⃟ l⃟e⃟c⃟t⃟u⃟r⃟e⃟

PDV GARETT


Il fait froid aujourd'hui.

— Les gars, il pleut.

Aucune réponse, ils continuent de marcher comme si je n'avais jamais ouvert la bouche. C'est ça l'amitié.

Plusieurs gouttes de pluie me tombent dessus et très vite, nous nous retrouvons tous les quatre trempés. Contrairement à moi qui me couvre du mieux que je peux avec mes mains, les garçons ne semblent pas vraiment y prêter attention. Ils se contentent juste de marcher vers la maison pour rentrer.

Comme d'habitude, nous empruntons la forêt pour gagner dix minutes sur notre route. Notre habitacle se trouve en pleine végétation, afin de n'être dérangé par personne. Après quelques temps, j'aperçois la falaise, montrant que nous ne sommes plus très loin de la chaleur. Mais bizarrement, je remarque une silhouette s'avancer vers le bord, ce qui n'arrive jamais. Personne n'ose s'aventurer dans la forêt maudite, c'est beaucoup trop dangereux.

— Que fait-elle ? demandé-je à mes trois amis qui eux, ne daignent pas regarder dans ma direction.

Pourtant à ma remarque, Earl et Akke tournent à leur tour la tête pour avoir la même vision que moi.

— Elle va sauter, me répond Mather en continuant de marcher droit devant lui, sans y prêter attention.

Je m'arrête aussitôt. Ils ne comptent quand même pas ne rien faire ?

Alertés, mes colocataires se stoppent aussi, m'interrogeant du regard. Mather soupire discrètement en se tenant l'arête du nez.

— Je vais l'aider !

Je n'entends que vaguement les protestations de Akke et Earl dans mon dos. C'est trop tard, je cours déjà vers la personne voulant perdre la vie. Plus je m'approche, plus le visage d'une jeune fille de mon âge se dessine. Ses yeux sont fermés et son corps tremblant quitte le sol brusquement.

Sans réfléchir une seule seconde, je m'élance pour attraper son poignet avant qu'elle ne soit trop loin. Je la tiens fermement dans la main, à plat ventre sur le sol trempé. Ses yeux s'ouvrent brusquement, me coupant le souffle. C'est une couleur si... intense.

— Il ne faut pas faire ça !

Deux prunelles bleu-foncé que je peine malheureusement à observer à cause de la pluie m'observent d'un regard envoûtant. Il est magnifique, mais pourtant très sombre. Comme si la lumière naturelle de ses iris s'était éteinte. L'étincelle prouvant que nous sommes en vie n'existe pas dans les yeux de cette fille. Elle semble morte.

Je détourne le regard pour la hisser au bord d'une facilité déconcertante. Son corps est léger, comme du coton, même trop pour être normal. Une fois assis au sol, je me permets de l'observer quelques instants. De longs cheveux roux arrivant au nombril, une vingtaine de petites tâches de rousseurs que j'arrive bizarrement à voir malgré l'intensité de la pluie, des lèvres bleutées par le froid, et surtout, des yeux bleu-foncé, renfermant de petits fragments roses et violets. J'ai l'impression d'étudier une galaxie, c'est juste éblouissant.

La jeune fille détourne le regard, gênée d'être fixée comme ça, ce qui me ramène tout de suite sur terre.

— Euh...désolé. Tu vas bien ?

Elle hoche doucement la tête en regardant le sol. J'ai cru un petit instant que si elle avait pu, elle serait enfoncée dedans.

— J'te crois pas, j'hausse des épaules. Pourquoi se suicider si on va très bien ?

Golden GalaxyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant