QUARANTE NEUF.

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CHAPITRE 49.
SIRIUS BLACK.

Dédié à Violaine.
gtoguk

Tout s'était arrêté un lundi, un lundi qui n'était plus si banal en temps de guerre. Bien des sorciers étaient morts et les autres étaient obligés de vivre avec le poids de leur absence. Nous avions vécu ce sentiment, non, j'avais vécu ce sentiment. Mais aujourd'hui, il semblait bien plus lourd, plus violent. Étouffant.

Car j'avais tout perdu ce dernier matin d'octobre.

...

Le sol est froid contre ma joue, l'air aussi. Mon corps entier l'est. Comme son corps l'avait été en cette matinée.

Aujourd'hui est le jour de mon procès. Pour un crime que je n'ai pas commis, pour...rien.

Tout cela n'a donc servi à rien.

La guerre est terminée. Nous avons gagné, du moins c'est ce qu'ils affirment. C'est ce que Dumbledore assure. Tandis que nous nous mourrons. Que bien des innocents sont dits coupables. Et les coupables désignés comme innocents.

Ai-je gagné ?

Je m'adosse à l'un des murs de ma cellule, fixant la gamelle qui vient d'être déposée sous ma porte. Une bouillie difforme entoure les bords du récipient.

J'ai entendu des gardiens ricaner en la remplissant, il affirmait que c'était une nourriture adaptée pour un chien. Peut-être ont-ils raison, qu'aujourd'hui, je ne suis plus grand-chose. Je ne suis plus que l'Animagus que j'ai choisi, après lequel je suis nommé. Je ne suis plus cette étoile qui brillait dans son cœur.

Aujourd'hui je ne suis plus qu'un homme, un homme pathétique. Qui n'a su sauver quiconque. Un prisonnier, habillé d'une combinaison hideuse et trouée, un prisonnier trainant l'odeur nauséabonde de ses erreurs.

Freya me trouverait surement répugnant, affalé sur le sol, n'ayant pris de douche depuis je ne sais combien de jour.

Aujourd'hui, je ne suis rien. Rien de plus que le fils de ma mère. Celui qu'elle voulait que je sois, qu'elle souhaite que je sois.

« Tu sais que tu es plus que ça. »

Je lève la tête, clignant des yeux. Merlin, suis-je en train de devenir fou ? Après si peu de temps ? Suis-je si faible ?

Sa voix résonne plusieurs secondes dans la cellule comme l'écho d'un rêve. Un rire m'échappe et je me frotte les yeux, tentant de faire fuir le mirage se présentant à moi.

Pourtant, lorsque je bats des paupières, son image se présente bel et bien à moi. Ses longs cheveux blonds sont lâchés, formant un halo de lumière autour d'elle. Ses traits ne sont pas balafrés, aucune larme ne baigne ses pommettes, elle ressemble en tout point à la Freya que j'ai fréquenté. Mais ce n'est pas elle. Non. Son teint est transparent, son sourire est morne, mort.

Elle n'est pas là. Plus là.

« Tu n'es pas réelle. »

La femme hausse un sourcil, riant à ma remarque. Son rire s'échappe comme un tintement.

« Peut-être bien. »

Elle fait quelques pas en avant, s'agenouillant à mes côtés. Sa robe flotte, entourant son corps. Des pâquerettes fleurissent sur le tissu crème. Ses yeux brillants semblent me scruter, attendre une réaction.

Inconsciemment, mes doigts s'ouvrent, à la recherche de sa poigne. Freya y dépose les siens. Seul le poids de l'air rencontre ma peau, on ne touche pas un mort.

« Rien de tout cela n'est ta faute. »

Ma gorge se serre alors que je tente de lui répondre que si, elle est morte à cause de moi. Que ma peur l'a condamnée elle. Mais rien ne sort.

« J'étais destinée à mourir. »

Les larmes coulent finalement. On ne précipite pas la mort.

« On était censés vieillir ensemble, se marier, (je ris, reniflant), et peut-être même avoir des enfants, qui sait. On était censés restés ensemble, se protéger. »

La jeune femme secoue la tête, un sourire orne ses lèvres à la mention d'un futur plus heureux, plus calme. Un futur que j'aurais aimé construire avec elle, avec eux. Qu'ils méritaient tous.

Aujourd'hui cette idée semble bien lointaine. Bien qu'elle soit la seule chose à laquelle je puisse m'accrocher pour ne pas sombrer. Freya vient déposer sa paume contre ma joue. Pendant un instant, je peux sentir sa peau chaude, puis le froid m'entoure à nouveau.

« Ils savent. »

Face à ma moue, elle poursuit, tiltant :

« Ils savent que tu as fait tout ce que tu as pu pour les sauver. James et Lily savent. »

Je laisse échapper un couinement, sanglotant.

« Je ne suis pas sûr que ça ait de l'importance maintenant.

-C'est important pour toi. »

Elle m'adresse un mince sourire. Son apparence devient floue. Elle va bientôt disparaître. Les fantômes ne restent jamais très longtemps au même endroit.

« Nous vous attendrons. Toi et Remus. Mais prends ton temps Sirius, nous avons l'éternité. »

...

je pleure <3

APOCALYPSE ━ S. BLACK.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant