Together [함께] • JJK

19. Inoubliable

Jungkook's side

Ca doit faire une bonne vingtaine de minutes que je fixe le pommeau de ma douche italienne, le regard dans le vide. L'eau sur ma peau a maintenant enlevé le sel et le sable depuis un moment, mais je ne peux pas me résoudre à l'éteindre. D'habitude, une douche froide m'aide à canaliser mes pensées, à me remettre les idées en place, mais ce soir, même un coup de poing dans le ventre ne me ferait pas oublier ce que j'ai ressenti un peu moins d'une heure auparavant. Je suis physiquement ici, dans ma salle de bains, mais mon esprit est toujours sur ce foutu sunbed. Avec elle.

**

- Kookie ? dit Rebekah d'une voix douce.

- Hmm ?

Je n'arrivais même plus à formuler une phrase grammaticalement correcte tellement le moment qu'on venait de partager m'avait chamboulé. Terrassé. Je n'arrivais pas à comprendre comment une partie de jambes en l'air avait réussi à avoir un tel effet sur moi. Rectification – je n'arrive pas à croire qu'elle ait un tel effet sur moi. J'ai totalement perdu le contrôle quand je l'ai vu se déshabiller devant moi. Au fur et à mesure que ses vêtements se posaient sur le sol, je me retenais de ne pas me ruer vers elle pour la toucher, l'embrasser, partout où je pouvais. De lui dire que cette nuit, elle m'appartenait tout entière autant que je lui appartenais.

Et vu la bosse qui se reforme déjà au niveau de mon entrejambe, je ne veux même pas repenser à la suite des événements. Nous étions nus, l'un blotti contre l'autre, nous étant à peine remis de... Oh mon Dieu, non, je ne dois pas y penser. J'avais déjà à nouveau envie de ne faire qu'un avec elle.

- Je suis désolée que tu m'aies vue comme une allumeuse. J'avoue que je t'ai laissé en plan un bon nombre de fois et je... eh bien, je n'ai jamais vraiment assumé ce qu'on faisait. J'avais peur, marmonne-t-elle en traçant mes tatouages avec le bout de ses doigts.

Rien que ce minuscule contact suffisait à me faire frissonner de la tête aux pieds. Sa peau contre la mienne me faisait l'effet d'une drogue qui s'immisçait doucement dans mes veines et qui me plongeait dans un état d'euphorie, ce qui me fait penser à ma propre chanson. « You are the cause of my Euphoria » est ce que je dis dans le refrain, et je dois avouer que cette phrase n'a jamais été aussi valable que maintenant. J'espère qu'elle ne se rend pas compte d'à quel point elle contrôle entièrement mes émotions.

Quand elle finit sa phrase dans un souffle, si bas que je me demande si je l'ai bien entendue, je me redresse sur l'un de mes avant-bras et fronce les sourcils, la regardant droit dans les yeux :

- Qu'est-ce que tu racontes, petite lionne ? Comment tu peux t'excuser alors que c'est moi qui n'aurais jamais dû te traiter comme ça ? C'est moi qui suis désolé, je me répète, mais je le suis sincèrement, dis-je en prenant sa main et embrasse le bout de ses doigts, comme elle l'a fait si délicatement tout à l'heure – un geste qui m'a, là encore, complètement chamboulé.

- Oh tu sais, tout à l'heure, quand je t'ai laissé seul dans la mer après m'être littéralement frottée contre toi, j'avais tout d'une allumeuse... tu t'es bien vengé, d'ailleurs, ajoute-t-elle avec un sourire en coin, bourré de sous-entendus.

- Je peux me venger encore une fois, si c'est ce que tu souhaites.

Un rictus mauvais se dessine sur mes lèvres quand je me retrouve au-dessus d'elle, l'empêchant de faire quelque mouvement que ce soit. Son sourire disparaît peu à peu, et ses pupilles se dilatent. Elle libère tout de même ses mains pour les passer sur mon visage, sur mes lèvres, sur mes yeux, mes pommettes, avant de trouver leur place habituelle dans mes cheveux.