22. Bal à la Parisienne

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Rebekah's side

- Su-Ho, je ne sais pas si c'est une bonne idée d'aller à ce foutu gala, soupirai-je, mon téléphone coincé entre ma joue et mon épaule.

- Tu rigoles, j'espère ? Ce bal est le meilleur moyen de te venger de ces connards qui t'ont brisé le cœur, Bek. Tu vas te pointer là-bas et tu vas ressembler, non, tu vas être une putain de déesse, point à la ligne.

- Tu exagères, Jungkook ne m'a pas brisé le cœur.

- Alors comment tu savais que je parlais de lui ? rétorqua-t-il, une pointe de moquerie dans le ton de sa voix.

Ca faisait tellement longtemps que je n'avais pas parlé à mon meilleur ami, et ça me faisait un bien fou – bien qu'à cet instant, j'étais agacée qu'il me connaisse si bien. Il n'a d'ailleurs pas mis bien longtemps pour savoir que quelque chose n'allait pas. Je ne sais pas ce qui m'a trahi, peut-être que ça a rapport avec la bonne dizaine de soupirs que j'ai lâchés et mes réponses à moitié à côté de la plaque pendant qu'il me racontait sa nouvelle vie aux Etats-Unis. Je sais bien que je n'aurais pas dû lui dire ce qui me tracassait, mais c'était plus fort que moi. Su-Ho est une excellente oreille et une épaule sur laquelle je peux me reposer. Plus que jamais, j'avais besoin de lui pour me redonner confiance en moi.

- Laisse tomber. Je vais aller à ce bal, mais uniquement parce que je sais que je peux me faire des contacts intéressants.

- Quelle que soit la raison que tu peux te trouver, tu y vas. Voile-toi la face si tu veux, mais je veux te voir briller de mille feux sur le tapis rouge et faire tomber hommes et femmes avec ton sourire Colgate, c'est clair ? Et fais-moi plaisir, par pitié, fais-leur regretter d'avoir laissé passer leur chance avec toi, à ces deux zouaves.

- Oui, si tu veux, répondis-je avec un sourire dans la voix. Je te laisse, il est déjà tard. Je vais me préparer, alors.

- C'est ça. Je dois y aller aussi, de toute façon, il est déjà tard ici. Jure-moi de me donner des signes de vie de temps en temps, quand-même.

- Promis.

En raccrochant, je me sens mieux. Su-Ho a toujours su lire en moi. Pourtant, notre rencontre est assez récente : on avait beaucoup de cours en commun pendant nos études d'audiovisuel, et dès qu'on s'est retrouvés en binôme pour un dossier sur l'histoire de la photographie en argentique, ça a immédiatement matché. Il dit pouvoir voir en moi comme dans un livre ouvert, et il est vrai que j'ai beaucoup de mal à cacher mes émotions. Avec Nam, c'est lui qui m'a sortie de la dépression dans laquelle j'étais tombée quand j'ai dû abandonner Jackson. Pour gagner ma confiance, il a jugé bon de me confier son histoire à lui, aussi sombre que déprimante – le pauvre est tombé amoureux d'une journaliste avec qui il est sorti deux ans, avant qu'il ne se rende compte qu'elle l'utilisait pour avoir des informations exclusives et croustillantes sur ses parents, homme et femme d'affaires de renommée. Comme il m'avait fait jurer de ne rien dire à ce propos, je lui avais confié à mon tour la mienne, tout aussi triste et confidentielle, mais pour d'autres motifs.

On ne s'est plus jamais quittés depuis, comptant sur l'un et sur l'autre à chaque petit ou gros aléa de nos vies tortueuses. Il n'a même pas bronché quand je lui ai dit pour Jungkook et moi et ne m'a pas jugée, fort heureusement. Cependant, me voilà, allongée sur mon lit, en peignoir, dans la chambre de notre hôtel parisien... Avec un gala qui commence dans une heure. Et je ne suis toujours pas prête, aussi bien physiquement que psychologiquement.

Je lâche un soupir, encore un, et mon regard se pose sur mon contrat flambant neuf, qui avait été rédigé par Ji-Soo elle-même dans la journée. Il contenait deux parties. La première était pour la partie audiovisuelle, où figurent toutes les autorisations nécessaires pour le tournage de BTS in the Soop, qui avait été fini les derniers jours de notre séjour à la villa. Vu le succès des deux premiers épisodes, le directeur m'a donné l'autorisation de tourner quelques scènes « bonus », comme des répétitions, des instants volés, des éclats de naturel dans leurs vies de tous les jours. J'avais, là encore, carte blanche, à condition de ne pas violer l'intimité des membres. J'ai poussé un cri de joie quand j'ai vu que j'aurai droit à un matériel illimité pour les filmer, ce qui va me changer de ma GoPro. Quant à l'autre partie, elle concernait mon droit d'assister Park Hyung-Sik dans sa profession et mon rôle dans le clip de Together. Mon Dieu, je suis l'assistante du plus grand chorégraphe de Corée. C'est à peine croyable.

Together [함께] • JJKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant