Chapitre 8

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- Est ce que vous avez faim ? Demanda le cheikh.

Marcella avait toujours le coeur qui battait la chamade chaque fois qu'elle entendait le son de sa voix. Elle émanait une telle puissance et un tel magnétisme qu'elle avait du mal à contrôler son corps.

- Je crois que je n'ai vraiment le choix que d'être aimable vue que vous avez décidé de m'emmener ici sans mon consentement et qu'apparemment vous n'êtes pas prêt à retourner au palais.

Jamal se retint de montrer son exaspération. Il respira lentement avant de revêtir son masque impénétrable. Il allait s'occuper de Kemal plus tard, pour le moment il se devait de montrer à cette magnifique jeune femme qu'il n'était pas le monstre qu'elle croyait.

- Je prendrai ça pour un oui, fit-il simplement.

Elle s'assit sur l'un des tabourets de la cuisine. Il lui servit un verre de jus avant de farfouiller dans les placards à la recherche de ce qui pourrait être leur repas.

- Je ne savais pas que vous cuisiniez , lança celle-ci.

Jamal posa la casserole sur la gazinière et activa le feu. Il prit un tablier dans l'un des nombreux tiroirs.

- Et cela vous surprend tant que ça ?

Elle haussa les épaules. Jamal espérait pouvoir se rapprocher de lui. Il ne voulait plus voir cette lueur de peur au fond de ses prunelles.

- Les hommes qui cuisinent on n'en voit partout mais les cheicks qui font la cuisine c'est rare.

Jamal se surprit à sourire. Elle avait l'air si innocente et si parfaite. Elle parlait sans réserve et c'est ce qui lui plaisait beaucoup. Il remerciait l'ingéniosité de sa fillette de cinq ans qui avait provoqué cette situation qui ne lui déplaisait pas.

- Alors je suis honoré d'être le premier à vous faire goûter des merveilles.

- Oh j'ai hâte de voir ça et qu'est ce que vous allez nous faire à manger ?

Il fit mine de réfléchir un bon moment avant d'attacher son tablier.

- Je vais nous cuisiner des lasagnes.

- Oh des lasagnes, moi qui pensait à quelque chose de nouveau, d'innovant.

- Nous aurons tout le temps de faire des repas sensationnels mais pour le moment on se contentera des lasagnes.

Un long moment de silence s'installa entre eux. Jamal cherchait un sujet de discussion mais aucun ne lui vint en tête . Il avait toujours mené les discussions à la perfection mais maintenant il se trouvait face à un mur. Il avait l'habitude de fréquenter ou du moins de croiser des femmes qui avaient l'air d'être sûre d'elle, des femmes qui n'hésitaient pas à lui proposer de passer ne serais-ce qu'une nuit avec elles. Il avait à présent une jeune femme, l'incarnation de la douceur et de la pureté. Elle était si différente des autres qu'il avait peur de la décevoir. Pour la première fois depuis cinq ans , il ressentait des émotions fortes, des émotions qu'il croyait à jamais perdues.

- Vous exercez votre fonction de pédiatre depuis longtemps ? Demanda-t-il soudainement.

Il crut voir de la surprise dans ses yeux. On n'aurait dit que c'était la première fois qu'on lui posait la question.

Marcella reposa son verre de jus. C'était bien la première fois que quelqu'un hormis ses parents s'intéressait vraiment à son travail. Son ex petit ami Antonio trouvait cela ennuyeux voir même sans importance. Pour lui elle était comme tous les docteurs et donc elle avait pour obligation de s'occuper de ses patients chose pour laquelle elle était payé. Elle avait toujours rêvé de partager avec lui les moments vécus au boulot et même de toutes les expériences qu'elles y vivaient mais il n'avait jamais le temps de l'écouter. Entendre le cheikh lui poser la question signifiait beaucoup pour elle, peut-être qu'il ne le savait pas mais il venait de gagner une petite parcelle de son admiration.

- J'exerce depuis bientôt trois ans. Répondit-elle.

- ça fait beaucoup, reprit celui-ci. J'ai toujours voulu faire ce métier.

Marcella essaya de lire dans ses yeux afin de trouver une faille dans ce qu'il venait de dire mais elle fut surprise de voir qu'il disait la stricte vérité.

- Qu'est ce qui vous en a empêché ? Se risque-t-elle.

Il eut un sourire amer avant de fermer la casserole.

- Je suis un roi mademoiselle Bianchi, j'ai fait des études et j'ai même un diplôme en médecine option pédiatrie mais le devoir m'empêche d'exercer.

- Ce n'est pas une raison votre majesté, moi je trouve que la mission première du roi c'est le bien être de son peuple , que vaut un roi si le peuple est malade.

Jamal sourit encore une fois de plus. Ça en faisait trop pour une soirée quand on sait qu'il ne souriait que rarement depuis le décès de sa femme.

- Je m'en vais vous poser une question mademoiselle Bianchi : Que vaut un roi s'il délaisse une partie du peuple pour se consacrer à une autre ?

Elle réfléchit longuement et compris où il voulait en venir. Elle avait beaucoup lu des livres sur les monarques et elle savait que même si leur vie pouvait avoir quelque chose de spectaculaire aux yeux du monde, elle comportait néanmoins plusieurs obligations. Le roi se devait d'être impartial raison pour laquelle il avait des conseillers et une équipe avec qui il travaillait. Si Jamal Al Bayane décidait d'exercer son métier, ce serait délaisser le reste du peuple.

- Depuis que je suis à la tête de ce royaume, je me suis toujours arrangé à ce que mon peuple ait le meilleur possible, j'exerce quand il le faut mais je ne peux le faire à plein temps.

- C'est tout en votre honneur.

Jamal sourit une fois de plus et déchargea la casserole. Il était fort étonné que la cuisson soit si rapide.il venait de discuter avec Marcella Bianchi sans qu'elle ne cherche à le fuir et à lui faire des reproches. Il espérait que cela soit ainsi jusqu'à la fin de leur séjour forcer.

- Je vais vous aider à mettre le couvert, proposa-t-elle. Je vous dois au moins ça vue que vous avez fait la cuisine.

Jamal n'était pas contre l'idée, au contraire il était très heureux. Il avait au fond espéré qu'elle le lui propose. À cet instant, il rêvait d'embrasser sa petite fille qui avait eu une telle idée. Rien n'était encore joué mais il se devait de garder espoir que ce séjour soit comme il l'imagine.

Jamal lui tira la chaise pour qu'elle puisse s'asseoir une fois le couvert mit. Il disposa le plat et ils commencèrent à manger.

L'épouse IdéaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant