Chapitre 9

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Ce matin, je me suis réveillée alors que le jour ne s'était toujours pas levé. 

Je me suis vite préparée et suis partie pour mon escapade improvisée. J'espère passer une bonne journée, normalement il fait beau aujourd'hui. Je prend ensuite le train, je déteste le prendre seule mais bon, je n'ai pas tellement le choix..

Arrivée à la gare de Monte-Carlo, je descends. C'est vraiment étrange, je ne suis jamais partie dans une autre ville ou pays sans personne qui m'accompagne, mais j'aime beaucoup le concept.

Il est un peu plus de cinq heures lorsque j'arrive à la plage, pour admirer le crépuscule. Je contemple un moment les lueurs rosées tirant vers l'orangée, jusqu'à ce que le ciel se décolore. J'aime aussi bien les levers que les couchers du soleil. Je pourrais rester assise à regarder les rayons violacés, jusqu'au dernier, se reflétant dans l'océan, c'est encore plus captivant.

Je suis déjà venue à Monaco et j'ai déjà visité Monte-Carlo, mais je ne suis jamais allée au Jardin Japonais, alors j'ai décidé d'y aller aujourd'hui, seule. Je prends tout de même mes écouteurs avant de prendre la route, je n'aime pas tellement marcher alors le trajet sera un peu plus agréable. 

C'est vraiment magnifique, j'entre par un Torii, une espèce de portail rouge typique japonais. Un petit pont surplombant un bassin d'eau douce rempli de carpe Koï me fait face, il est entouré de végétaux taillés et travaillés pour leur donner cet effet de Niwaki. Il y a beaucoup de types d'arbustes, tous très colorés, comme des azalées roses et violettes, des Camelias, des Oliviers, des Euonymus ou encore des haies de bambous ou des Ukigumos, érables verts, blancs et rouges du Japon.

Les lanternes de pierre réparties dans tout le jardin renforcent l'impression de se trouver en Asie de l'Est. Une Minka au centre attire mon attention, c'est une maison traditionnelle de thé. J'adore ce style architectural.

Je sors après avoir passé un petit moment à l'intérieur de ce jardin et marche, espérant trouver une occupation. Je  n'ai vraiment pas envie de me retrouver à la maison aujourd'hui.

Le Grimaldi Forum me fait face, j'hésite un peu. Après tout, ça ne me coûte rien d'y aller, enfin si, un peu mais je vais tenter.

J'entre et vois différentes expositions qu'on peut découvrir, cette année ce sera le célèbre Picasso pour moi. La femme à l'accueil ressemble beaucoup à Victoria, mais elle n'a pas ses yeux.

Je m'engage dans la salle, j'aime beaucoup, tout est en noir sauf les œuvres d'art. Cette noirceur fait ressortir la beauté des objets exposés, comme la broche de Lynda Benglis, en argent, la paire de lunettes en argent rondes de Hiroshi Sugimoto, le pendentif en or, rubis et diamants de Jean Cocteau, la broche ou le pendentif en or jaune de César, ou encore les œuvres d'Arman.

Je sors après avoir fait le tour et reprends finalement le train vers seize heures à la suite d'un petit cocktail sans alcool, un Virgin Manda'jito.

Je passe par le sous-sol pour rejoindre l'autre côté de la Gare, quand je vois un homme bizarre, il doit avoir la vingtaine probablement mes ses yeux sont rouges, on dirait qu'il s'est drog..

- Vous êtes charmante mademoiselle, c'est le monsieur étrange, je me crispe.

- Merci.. je sais qu'il ne faut pas contrarier ce genre de personne.

- Vous n'auriez pas un p'tit numéro ou.. il bouge ses grandes mains, sûrement pour s'exprimer.

- Désolée monsieur, mais je suis mineure, vous savez.

- Non, c'est vrai ? Vous faites plus âgée, excusez-moi ! dit-il, confus.

- Y'a pas de soucis, bonne journée.

- Faites attention mademoiselle, vous êtes tombée sur quelqu'un comme moi aujourd'hui, mais c'est très dangereux qu'une aussi belle femme sorte seule dans des endroits éloignés, de nos jours, bonne journée à vous aussi.

Ok, il m'a vraiment fait peur. Ce n'est pas la première fois qu'un homme m'aborde, j'ai l'habitude mais c'est vrai que ça fait toujours peur lorsqu'on est seule. Je me souviens que j'étais âgée de dix ans à peine, la première fois qu'on m'a  klaxonné. Il faisait nuit, je me baladais le soir, avec ma mère. Nous aimions toutes les deux les balades nocturnes. J'ai toujours en tête ma tenue, j'avais tout simplement un tee-shirt et un short moulant fleuri, j'avais dix ans après tout. Nous marchions tranquillement jusqu'à ce que j'entende un klaxon provenant d'une Clio grise. La personne à l'origine de ce bruit m'a grandement souri, après un petit clin d'œil. Il ressemblait énormément à mon cousin alors j'ai agité ma main en guise de salut.. 

Bien sûr, ma mère était énervée, mais m'a tout de même très bien expliqué qu'il ne fallait pas répondre, c'était mal vu que quelqu'un fasse ce qu'il a fait et m'a bien fait la moral.

J'arrive à la maison, je ne vois personne et décide d'aller en cuisine. Victoria s'y trouve, elle est partout celle-là. Elle se tourne de toute évidence quand elle entend du bruit. La brune est étonnée de me voir, vu son regard.

- Tu es rentrée.. 

Je ne répond pas, ce n'était pas une question.

- Camélia, je peux savoir ce que j'ai fait..?

Je ne répond toujours pas, elle soupire et je pars. Je ne peux pas lui répondre si je ne sais pas moi-même. Enfin si. Elle m'a laissée seule durant toute la soirée alors que je ne connaissais personne à part elle, et Elena mais je ne suis pas très à l'aise, seule avec elle. Mais pourquoi je lui en veut tant que ça ? Dans le fond, elle s'amusait avec son petit-ami actuel. C'est grâce à cette soirée qu'ils sont ensemble, alors je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas heureuse pour eux. Enfin bon, je n'ai pas envie de lui faire la conversation dans tous les cas.

Mon frère entre dans ma chambre.

- Camillou, tu me dis toujours tout pas vrai ?

- Oui Lulu, pourquoi ?

- Pourquoi tu ne parles plus à Victoria ? Vous vous entendiez pourtant très bien il y a quelques jours encore.

- Elle a fait quelque chose qui ne m'a pas vraiment plu.

- Et tu lui as dit ce que tu en pensais ? Parce qu'elle paraissait triste aujourd'hui, dit-il l'air concerné.

- Non je n'avais pas trop envie en fait.

- Mais tu lui expliqueras, hein ? Moi j'aime beaucoup votre amitié, elle ressemble à celle de Mélisa et moi, mais en plus fort c'est incroyable en si peu de temps !

- Oui, bon tu as fini ? Je suis fatiguée.

Il se lève pour m'embrasser le front, avant de partir.

- Et tu peux prévenir les autres que je n'ai pas faim ce soir ? Précise-leur bien que je n'ai vraiment pas faim s'il te-plaît.. Il sourit, je sais qu'il a compris.

- T'inquiètes, bonne nuit sœurette !


CaméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant