Chapitre 35

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Le lendemain matin, je me réveille difficilement. Je n'ai vraiment pas envie de sortir de mon lit aujourd'hui. Les événements d'hier continuent de me hanter. Victoria et Gabriel occupent tout mon esprit ce matin. Est-ce que j'ai envie de les voir ? Pas du tout. Alors je décide de me rendormir, tournée sur la droite, la tête reposant sur mon bras.

- Camélia ? J'entends toquer derrière la porte.

Je ne réponds pas et change de position. Sur ma gauche, mes deux mains soutenant ma tête, je suis prête à replonger dans les bras de Morphée.

- C'est une blague j'espère ?

Ma mère. Purée.

J'ouvre un œil et la trouve au bord de mon lit, les mains sur les hanches et le regard qui se veut indigné.

- Maman je me sens très faible aujourd'hui, je peux rester à la maison ?

- Non.

- Quoi ?

- Tu ne vas pas sécher aujourd'hui ma fille, prépare toi je t'emmène.

Oh non pitié.
Je mets mes écouteurs et lance une playlist pour éviter de penser à quoi que ce soit pendant que je me prépare pour cette super nouvelle journée de cours, mais bon c'est plus facile à dire qu'à faire.

Après un trajet en silence, je salue ma mère avant de sortir de la voiture.

- Tu me feras un gâteau en rentrant d'accord ?

En arrivant au lycée, je cherche instinctivement Victoria du regard. Elle est là, avec Gabriel. Ils discutent, et je peux voir que quelque chose ne va pas. Gabriel semble tendu, et Victoria a les bras croisés, son visage fermé.

Justine me rejoint et me fixe depuis une bonne vingtaine de secondes sans rien dire.

- Tu regardes quoi ? me demande-t-elle doucement.

- Justine il faut que je te parle j'ai besoin de toi, dis-je en l'entraînant à l'écart.

Nous nous asseyons sur un banc et je lui raconte tout ce qui s'est passé, et la culpabilité qui me ronge depuis hier.

- Ah ouais, c'est compliqué, répond Justine en fronçant les sourcils. Mais tu sais, la seule façon de régler ça, c'est de parler avec Victoria. Il faut que vous communiquiez, c'est important si tu veux au moins rester copine avec elle, parce que c'est ce que tu veux n'est-ce pas ?

Oui. Je sais qu'elle a raison. Ma meilleure amie a toujours été la voix de la raison. Son raisonnement est simple et vrai. Mais affronter Victoria, la regarder dans les yeux me semble presque impossible sur le moment. Je suis trop gênée.

Pendant la pause de midi, je me décide enfin d'aller la voir. Je la retrouve dans le coin vert du lycée et je m'approche le plus lentement possible d'elle.

- Salut Victoria, dis-je en m'asseyant à côté d'elle.

Elle lève les yeux vers moi, et je vois qu'elle a pleuré. Aïe. 

- On peut parler ? demandé-je, ma voix teintée d'une certaine hésitation.

Elle acquiesce, et nous nous éloignons un peu des possibles regards curieux, jusqu'à nous arrêter dans un coin tranquille du lycée.

- Victoria, je suis désolée pour hier. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je ne veux pas te causer de problèmes avec Gabriel, tu comprends ?

Elle soupire, détournant le regard.

- Camélia, ce n'est pas ta faute. On traverse une période difficile en ce moment. Il doute de mes sentiments et moi, je commence à douter aussi. Hier, c'était... inattendu, ça c'est sûr, mais moi ça m'a fait réfléchir.

Alors là, je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle soit aussi honnête.

- Comment ça ? Explique-moi, dis-je en lui prenant ses mains dans les miennes.

- Je ne sais plus ce que je ressens pour Gabriel, et toi hier... je ne sais pas, Camélia.

Comment ça elle ne sait pas ? Mais qu'est-ce qu'elle ne sait pas ? Et pourquoi elle ne le sait pas ?

- Tu...

- Ça ne veut pas dire que je suis lesbienne ou que je veux être avec toi hein, me coupe-t-elle, je pense que je dois réfléchir à, elle fait un geste étrange entre elle et moi, ça.

Ouh. Ok je ne sais pas quoi dire. J'ai juste envie de partir tout de suite, et loin d'elle si possible.

- Ça va Camélia ?

- Ouais je vais en cours.

La sonnerie retentit, me sortant enfin de cette conversation catastrophique.

- On se voit plus tard, d'accord ? lui dis-je en me levant.

- Oui, répond-elle avec un sourire timide.

L'après-midi passe dans un flou de cours auxquels je ne prête aucune attention. Justine essaye de me parler pendant la pause, mais je suis trop plongée dans mes pensées pour vraiment l'écouter. Je me demande comment les choses pourraient se réparer entre Victoria et moi, ou même si elles le devraient.

Après les cours, je vois Gabriel à l'entrée du lycée. Il semble avoir une journée aussi délicate que la mienne.

- On peut parler ? demande-t-il.

Je hoche la tête et nous marchons en silence jusqu'à un parc à proximité. Assis sur un banc, Gabriel fixe le sol, hésitant.

- Victoria m'a dit ce qu'il s'est passé hier, commence-t-il.

- Écoute, le coupais-je, Gabriel, je ne voulais vraiment pas...

- Je sais, me coupe-t-il. Ce n'est pas de ta faute. Elle et moi, on a des problèmes depuis un moment. Hier, je sais qu'il n'y a rien eu, ne t'inquiètes pas pour ça. En vérité, c'était juste un élément déclencheur entre nous pour qu'on puisse discuter finalement. Je ne sais pas si on va continuer ensemble.

Je me sens un peu soulagée, mais toujours inquiète quant à l'avenir de leur couple. Certes, je ne le portais pas tellement dans mon cœur avant mais aujourd'hui, il me fait de la peine.

- Tu crois que ça va s'arranger entre vous ?

Il hausse les épaules.

- Je l'espère, mais je ne suis pas sûr. Ce que je sais, c'est que j'ai besoin de comprendre ce que je ressens, tout comme elle. Et surtout elle.

Nous restons silencieux un moment, chacun perdu dans ses pensées. Puis il se tourne vers moi avec un petit sourire qu'on peut deviner triste.

- Merci de m'avoir écouté Camélia.

Je lui rends son sourire, même si le mien est peut-être un peu coupable.

- De rien, Gabriel. Ça va aller d'accord ?

Après un hochement de tête il s'éloigne, me laissant seule.

Alors que je rentre chez moi, je réalise que cette journée, bien qu'épuisante, m'a apporté un peu de clarté dans ce brouillard. Je pense qu'il est temps de laisser les choses se dérouler comme elles se doivent et de me concentrer sur ce que je peux contrôler, c'est-à-dire moi-même.

CaméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant