Chapitre 16

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- Camélia ?! La vaisselle. Ordonne ma mère

- Mais maman, ce n'est pas mon tour ! Me plaignis-je.

- Je sais, mais ton frère n'est pas disponible et je suis fatiguée ma chérie.

- Sérieusement ? Il était censé la faire plus tôt mais ne l'a pas faite et c'est à moi de m'y coller ? Je rentre du stage et je suis tout aussi crevée que toi.

- Commence. Une fois qu'il a terminé, il viendra t'aider.

- Comment ça m'aider ? C'est moi qui l'aide là !

Elle ne répond pas et s'enferme  dans sa chambre. Bien sûr. Je suis désormais obligée de céder. Je suis une fille. Mon frère s'occupe des tâches ménagères pour me rendre service. Il n'est pas obligé. C'est un garçon. 

Je me munis de mes écouteurs et descends donc les escaliers. Je tombe sur mon père et mon frère, affalés sur le canapé devant la télévision. Je ris nerveusement en passant à côté d'eux. Ils me regardent étrangement mais ça m'est égal. Ils se moquent de moi ? Non. Ils doivent me faire une mauvaise blague.. C'est sûr. Mais ce n'est pas amusant, et j'ai connu mon père plus farceur.

Tout en rangeant la cuisine, je pense à ce midi, avec Victoria. Elle m'attendait déjà dehors et nous avons fait la route ensemble jusqu'au fast-food rapidement, nos ventres criant famine. Nous avons bien mangé, en faisant tout de même attention. On ne peut pas se permettre de manger tout et n'importe quoi non plus. Nous sommes restées plus d'une heure à se remplir la panse et discuter de sujets divers. À refaire.

Je me prépare quelques temps plus tard et pars, après avoir mis de l'ordre dans la pièce. Seule évidemment.

Je dors chez Victoria ce soir, elle me l'a gentiment proposé et je ne me voyais pas refuser : elle a utilisé son arme contre moi, ses beaux yeux de chien battu, et j'avoue que sa demande m'arrangeait un peu, je ne me voyais pas partager un repas en famille ce soir.

- Tu veux dormir dans la chambre d'ami ou avec moi ? Me demande la petite brune, interrompant la discussion.

Nous sommes à table, l'ambiance est bonne, comme toujours. Le plat était excellent : Rigatoni au pesto Rosso et Burrata. Tout le monde participait à la conversation y compris moi. Téo était justement sur le point de poser le dessert.

Seulement, tout le monde se tait, en attente d'une réponse de ma part. Mélisa lève un sourcil, elle a compris.

- Je ne veux pas te déranger..

- Tu ne me dérangeras jamais Cam.

- Euh, je ne veux pas dormir là où Gabriel et toi avez... chuchotais-je, enfin tu vois, dis-je en agitant mes mains.

- Hein ? Nous n'avons rien fait ne t'inquiètes pas ! Chuchote-t-elle à son tour, surprise. Pas encore.

Beurk.

- Dans ce cas, je veux bien dormir avec toi Princesse.

Nous finissons le dessert, débarrassons et je suis Victoria à l'étage. 

- Tu veux te doucher ? J'ai une salle de bain dans ma chambre, on pourrait y aller en même temps du coup.

Je rougis. Elle doit attendre ma réponse, mais ce qu'elle vient de dire me laisse perplexe.

- Enfin non ! Je veux dire, tu as le choix entre celle au bout du couloir et celle de ma chambre, dit-elle rapidement le visage empourpré, s'étant sûrement rendue compte du quiproquo.

- Je te laisse ta chambre, la douche à deux sera pour une prochaine fois peut-être, lui murmurais-je à l'oreille tout en lui embrassant la joue.

Je ne me retourne pas et me lave rapidement. L'eau chaude me détend mais je ne veux pas faire attendre Victoria. Surtout que demain sera le dernier jour de stage. Je sors et me rend compte que je n'ai pas mes affaires. Super. Victoria aura l'honneur de me voir en petite serviette. 

Je toque et entre après avoir eu la permission d'entrer. Elle s'est déjà mise en pyjama, tee-shirt et short. Il fait ressortir ses jambes encore bronzées. Elle est encore plus belle le soir. C'est inhumain. Je remonte mon regard vers son visage, et remarque ses cheveux encore mouillés.. Wow. 

Je me racle la gorge, me rendant compte que je l'ai un peu trop lorgnée. Putain, Camélia reprends-toi !

- Euh, Je n'ai pas pris mes affaires.

- Tu veux des vêtements ? 

J'ai les miens dans mon sac, logiquement non. Mais ça me permettrait de porter ses affaires, et de sentir son odeur. Quand j'y pense, mon raisonnement peut paraître étrange, mais bon. 

- Si ça ne te dérange pas.

Elle souffle et lève les yeux au ciel.

- Tu ne me dérangeras jamais, je te l'ai déjà dis.

Elle me tend un jogging. Je ne ne dors qu'en bas de survêtement et soutif, elle s'en rappelle. Je la remercie,  me change vite et la rejoins pour de bon cette fois. Elle est assise sur le bord du lit, téléphone en main.

- Tu dors de quel côté généralement ?

- Étant donné que j'ai aussi un grand lit, au milieu et toi ?

- Pareil..

Un silence s'installe. Je fixe ses beaux yeux et réfléchis à une tactique pour avoir ma place, qu'elle ne me laisserait sûrement pas.

- La première sur le lit détiendra la place du milieu ! Dis-je rapidement, sautant par la même occasion sur son matelas.

Je suis arrivée première, évidemment, sans tricher. Victoria, aussi mauvaise perdante que moi, croise ses petits bras et fronce ses sourcils. Si je lui avoue qu'elle n'est pas crédible, elle m'en voudrait forcément.

- T'as triché Cam, c'est pas drôle.

- Mais non, c'est la mission dodo, t'as échoué Vic, c'est tout.

- Menteuse.

- Avoue ta défaite.

- Non.

Mais ce qu'elle peut être têtue..

- Bon, je t'autorise à dormir à mes côtés, mais..

Je n'ai pas le temps de finir qu'elle est déjà installée sous la couverture. Et dire que nous avons le même âge, c'est désolant.

- J'ai froid.

- Dis que tu veux mes bras, oui.

- Ça ne me dérangerait  pas, en effet.

Je me tourne de son côté, m'étale de tout mon long sur son corps et la prend dans mes bras. Ma tête étant dans sa nuque, je sens son parfum.

- Tu sens bon, soufflais-je contre son cou.

Sa nuque est parcourue de frissons, je voulais lui tenir chaud, pas devenir un glaçon, enfin.

- Tu m'étouffes, Camillou, murmure-t-elle.

J'allais m'éloigner, mais elle pose ses mains sur mon dos et resserre notre étreinte.

- Non. 

- Espèce d'enfant..

- Tais-toi et dors, Calvetti.

Je place bien mon menton contre son épaule et plonge progressivement dans les bras de Morphée.

- Mon petit ange, marmonnai-je en posant mes lèvres contre son cou.

CaméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant