- Comment va mon bébé ! S'écrie Justine avant de me sauter dans les bras.
- Comme étouffée, grimaçais-je en resserrant mes bras autour d'elle.
Je n'aime pas tellement les marques d'affection mais elle m'a vraiment manquée.
- Alors, j'espère qu'il s'est passé des choses croustillantes, crie toujours ma commère de service.
- Mhh trois choses en vérité.
Elle me demande de lui raconter tout en s'allongeant sur son lit, me tirant avec elle.
- Premièrement, je n'aime donc pas Victoria ; deuxièmement, j'ai rencontré une fille et troisièmement, mon orientation sexuelle.
J'explique brièvement le sujet Viretto avant de parler de Marie et notre rencontre. Après lui avoir expliqué, je passe au troisième point, le plus important je pense. Pour ne pas alourdir cette ambiance légère qui s'est installée, je ne parlerai pas de ma cousine pour le moment.
- Donc je ne pense pas être hétéro, en tout cas pas à cent pour cent.. tu n'as rien contre ça, hein ?
Je sais que c'est elle qui m'a poussé dans les bras de la crevette mais sait-on jamais.
J'avais déjà remarqué il y a un bon moment que les femmes étaient plus agréables à regarder que les hommes. Je crois aussi avoir été « amoureuse » de ma voisine, mais j'avais lu je-ne-sais-plus-où que c'était normal. Alors j'ai laissé couler. Le fait de savoir aujourd'hui que je préfère la gente féminine ne m'enchante pas tellement mais ne me choque pas vraiment non plus. Je me suis souvenue après ma découverte d'une chose avec une fille, en moyenne section. C'est assez surprenant quand j'y pense, elle était comme une meilleure amie mais avec quelque chose en plus.
Âgée de 4 ans, je déménageais à Montpellier. Je me souviens avoir été stressée pour mon premier jour en moyenne section, ne connaissant personne. Cependant, dès mon arrivée dans cette école maternelle, à Saint-Jean de Védas, tous mes camarades de classe m'ont bien accueillie, je me suis immédiatement sentie à ma place. Je me suis fait des copains rapidement : Chloé, Evan, Carla, Justine, Florent et une autre fille dont je ne me souviens plus du nom.
Cette fille, elle était ma copine préférée, une brune aux yeux en amande, d'une couleur spéciale. Je passais la plupart de mes récréations avec elle : elle était belle, gentille et me protégeait. Oui, elle me protégeait tout le temps comme la fois où elle m'a enlacée au milieu du terrain de foot pour éviter de m'envoler. Le vent, ce jour-là, était violent.
Un jour, nous étions toutes les deux à la cantine et l'entrée se composait de céleris, betteraves et maïs. « Attention Camimi, me prévenait-elle en posant sa main sur mon avant-bras, le truc blanc est vraiment pas bon ! », sa grimace me faisait rire, elle est mignonne, pensais-je. Je l'ai tout de même écoutée et n'ai pas touché au « truc blanc ».
Un an plus tard a eu lieu mon premier bisou, avec cette fille évidemment. Nous étions au centre aéré, dans un petit gymnase où nous jouions -avec un animateur, Renaud - à « Jacadi a dit ». Un garçon m'embêtait, Clément. Il disait à tout le monde que j'étais son amoureuse mais ce n'était pas vrai. Cette fois-ci, il voulait que je lui fasse un bisou sur la joue. J'ai refusé, il était repoussant et collant et puis, je ne voulais faire un bisou qu'à elle, ma meilleure amie. Elle était d'ailleurs arrivée, ma sauveuse, a lancé un regard noir à Clément avant de me prendre la main.
Elle nous emmenait sur un coussin de sable. Les autres jouaient mais elle et moi, on se regardait dans les yeux pendant peut-être dix minutes avant qu'elle me fasse glisser du pouf. Nous étions allongées sur un tatami, personne ne faisait attention à nous alors elle a levé le gros coussin et l'a placé sur nos têtes. Je rigolais et elle aussi, je lui prenais la main et elle entrelaçait nos petits doigts. A l'aide de son autre main, elle soulevait un peu le coussin pour que nous puissions respirer.
C'était ma personne préférée, et elle avait de la force.
Elle s'est rapprochée et moi aussi, je sentais son souffle sur ma joue. Puis elle a posé sa bouche sur la mienne pendant quelques secondes. Puis nous sortions du coussin, tout sourire avant de replonger dedans. « Je peux essayer un truc? » demandait-elle, peu sur d'elle. Je le savais grâce à ses yeux qui grossissaient d'incertitude. C'était étrange, depuis le début mon ventre vibrait à l'intérieur. Mais je ne voulais pas que ça s'arrête, cette sensation. Alors j'hochais la tête, alors j'ai posé mes lèvres sur les siennes, elle les entrouvrait doucement. C'était bizarre mais agréable. Nous enlevions le coussin de nos têtes et elle me demanda de nouveau si elle pouvait tenter autre chose. Un peu étourdies, nous nous cachions encore et elle posa ses lèvres déjà entrouvertes sur les miennes. Nos salives se mélangeaient, je percutai ses dents et rencontrai sa langue. Ce bisou a duré plus longtemps. Ce n'était pas très agréable, un peu baveux mais c'était la bouche de mon amie alors tout allait bien. Juste après, nous avions les joues rouges et l'animateur nous a appelées « les amoureuses ».
Plus tard, elle m'a invitée à son anniversaire, je l'ai invitée à la maison, elle me câlinait, m'embrassait, on se partageait le goûter - c'était notre rituel - puis en rentrant au cp, elle a dit qu'elle m'aimait, indirectement parce qu'elle était trop timide. « Est-ce que t'es amoureuse de ta meilleure amie, me demanda Carla, parce qu'elle m'a dit de te dire qu'elle est amoureuse de toi et de te poser cette question »
- Eh Camélia tu m'écoutes ?
- Hein ? Tu peux répéter s'il te plaît ?
- J'ai dit, bien sûr que non je n'ai aucun problème avec ça. Dois-je te rappeler que mon ancienne orthodontiste est lesbienne ?
Je pouffe un peu à sa deuxième phrase, quelle conne !
- Je dois le dire à tout mon entourage ?
- Tu n'es pas obligée pour l'instant, ça ne concerne que toi après tout.
- J'ai peur.
-Pourquoi ?
- Mon père est homophobe.
- On ne choisit pas.
- Il n'est pas de cet avis.
- Ce n'est pas sa vie.
- Il va m'envoyer dans un asile.
- N'importe quoi !
- Tu ne le connais pas !
- Je serai toujours là pour toi.
- Il va m'envoyer chez les fous !
- Et je viendrais tous les jours.
- Justine, il est fou !
- Tout comme nous !
- Si je fugue il ne pourra pas.
- Et tu te réfugieras chez-moi.
- Je ne voudrais pas déranger.
- Tu es la bienvenue ici et tu le sais !
J'entoure ma meilleure amie de mes bras, un peu gênée.
- Tu sais, ma mère et mon frère sont des suiveurs.
- Tu restes quand même une des leurs.
- Qu'est-ce que je ferais sans toi.. murmurais-je.
- Ça je ne sais pas, souffle-t-elle.
- Roh mais t'es pas possible.
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Camélia
Ficção AdolescenteLuca et Mélisa sont meilleurs amis depuis maintenant 3 ans. Ils vont souvent l'un chez l'autre et de ce fait, les sœurs respectives des deux apprécient le meilleur ami de chacun. Lors de vacances organisés par les deux familles, Camélia va rencontre...