Chapitre 29

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Nous arrivons finalement devant notre classe, quelques secondes avant qu'un élève ne ferme la porte. Essoufflées mais contentes d'être arrivées à l'heure, nous nous asseyons côte à côte. Je vois Justine à deux rangées de nous assise aux côtés de Maxim, et je pourrais jurer qu'elle l'apprécie énormément. Je lui souris de toutes mes dents lorsqu'elle se tourne vers moi, jusqu'à ce que ma voisine de classe me donne un coup de coude.

- Aïe ! Pourquoi ?

Elle me montre le McFlurry posé au sol entre nos deux tables. Oh, je l'ai oublié celui-là.

- Mangeons avant que la glace ne fonde ! propose mon amie en chuchotant.

- Attends que le prof commence son cours.

Lorsqu'il a finit de regarder ses feuilles, le prof commence enfin. C'est partie pour une heure de sieste mais avant, nous essayons de finir le dessert.

Je commence par en manger une cuillère quand le prof se tourne pour écrire quelques phrases, et la repose rapidement lorsqu'il se retourne. Il nous parle pendant cinq bonnes minutes avant de nouveau faire face au tableau. Je prends une autre cuillerée et la plonge dans la bouche de Vic. Nous continuons comme ça, en inversant parfois le rôle de la personne qui donne à manger à l'autre jusqu'à finir notre crème glacée. 

Je pose ma tête sur mes bras croisés, eux-mêmes soutenus par la  table et essaie de me reposer un peu. La meilleure sensation que j'ai connue au lycée est bel et bien celle où l'on réussi à dormir sans être interrompu dans ce doux sommeil. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Des doigts fins viennent me chatouiller la nuque, ce qui est très désagréable. Je me décale légèrement pour qu'on comprenne que ça me dérange, mais l'auteur de cette torture ne s'arrête pas là et commence à frôler mon oreille. Je pense que ma voisine essaie de se venger de quelque chose, pour agir ainsi. Qui réveille quelqu'un en caressant ses zones sensibles ? Victoria. Pourquoi ? Je ne sais pas. 

- Tu veux me tuer, chuchotais-je à l'attention de Victoria ?

- Oui.

- Ok, attends au moins la fin du cours s'il te plaît. 

- Je peux te laisser en vie à une condition.

- Laquelle ? 

- Tu dors chez-moi demain.

Ouh. Quel choix difficile. La vie ou la mort ? Dormir avec elle ou pas ? 

- Mhh j'hésite un peu, laisse-moi y réfléchir.

- Mélisa sera là si tu veux. Mes parents sont absents, elle nous fera à manger, dit-elle sous le ton de la confidence, suivie d'un clin d'œil.

- On sait très bien qu'elle ne cuisinera pas Victoria, soupirais-je.

Elle me sourit grandement avant de s'approcher de moi : 

- Dans ce cas, tu pourrais préparer un bon repas à tes sœurs Viretto préférées, n'est-ce pas ? 

- Oh purée, je ne suis pas seulement conviée chez vous mais aussi invitée pour vous servir ! C'est quoi ce guet-apens ?

- Bah non, tu n'es pas invitée puisque tu es chez toi ma belle !

Je grogne un peu avant de ranger mes affaires et sortir. La sonnerie vient de retentir. En vérité, ce qu'elle m'a dit me fait plaisir, un peu trop.

***

- Camélia ?

Je relève la tête de mon plat et et fixe Victoria en face de moi.

- Mhh ?

- On va à la maison ?

- Bah oui ce soir, si tu veux toujours de moi chez toi.

- Non, secoue-telle la tête, maintenant, dit-elle avec un petit sourire.

Je la dévisage un moment,  choquée. Elle veut qu'on sèche ? Cette idée ne me déplait pas le moins du monde, au contraire, je n'ai pas réussis à dormir hier soir.

- T'es sûre ?

- Non non, je rigolais !

Ah.

- Ah.

- Non mais là je rigolais vraiment, dit-elle en posant sa main sur la mienne. T'es pas un peu fatiguée ?

- Non ça va, mais t'es pas drôle.

Elle pose sa main sur son cœur, offusquée. Moi aussi je l'étais il y a trente secondes. Chacun son tour.

- Comment as-tu pu ? Moi, pas drôle ? Pff.

Elle se recule et se positionne correctement sur sa chaise, puis elle fixe quelque chose en face d'elle, légèrement au-dessus de ma tête. J'en profite pour détailler son visage, ses sourcils toujours parfaits, ses longs cils recouverts de mascara brun, ses beaux yeux qui se perdent dans le vague, ses pommettes saillantes légèrement rosées, son petit nez légèrement courbé. Je détaille sa bouche, sa lèvre du bas plus pulpeuse que celle d'en haut. Mon regard remonte à ses iris qui sont revenus à moi.

- Tu pensais à quoi ? Demandais-je curieuse, mais aussi pour casser le blanc qui s'est installé.

- Je t'en parlerai en rentrant, si tu décides de venir avec moi, dit-elle avec un petit sourire en penchant légèrement sa tête sur le côté.

- Je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? 

- C'est à toi de décider , hausse-t-elle les épaules avant de se lever et partir avec son plateau.

Je ne reste pas plus de vingt secondes avant de me lever à mon tour et la suivre. Je débarrasse mon plateau puis la rejoins sur un banc proche de la sortie. 

- On y va, demandais-je

- Allons.

Nous faisons la route jusqu'à chez elle en discutant tranquillement, de tout et n'importe quoi, puis arrivées à destination, je me déchausse et m'affale sur le canapé comme s'il m'appartenait. J'entends Victoria pouffer derrière moi avant de lever mes jambes pour s'asseoir, puis les reposer sur ses cuisses.

- Tu ne veux pas t'allonger ? 

- Non non, ça va. 

- Tu voulais me parler de quelque chose, non ?

- Oh ça, c'est rien finalement ne t'en fais pas. 

Je me relève un peu, contractant légèrement mes abdos. J'avais oublié cette sensation, ça ne m'avait pas manqué. 

- Pourtant ça avait l'air de te travailler tout à l'heure, allez dis tout à tata Camélia !

- Je- je.. 

Je l'entends souffler un bon coup avant de recommencer :

- J'ai des doutes sur ma relation avec Gab. 

Je me relève complètement, étonnée, me trouvant assise en face de son profil et mes jambes toujours sur les siennes. Étrange position mais ce n'est pas le plus important pour le moment. 

- Comment ça ? 


CaméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant