Chapitre 14

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- Non mais Seb, entre nous, tu passes largement entre les barreaux.. taquine Julien, un brun aux yeux bleus, très blagueur.

- Par contre il faudra sauter, pour accéder à la fenêtre, renchérit l'autre Julien, un autre brun possédant des yeux noirs, plutôt réservé.

Les deux architectes d'intérieur, qui portent d'ailleurs le même prénom, embêtent gentiment Sébastien, un petit nouveau, vraiment petit.. D'ailleurs, pour ne vraiment pas être gâté par la nature, il ressemble fortement au roux dans la série télévisée Phineas et Ferb.. enfin, ils ont surtout le même nez, le pauvre.

Cette semaine nous sommes en stage, j'en suis ravie, ça me permet de prendre mes distances avec Victoria, sans qu'elle ne s'en aperçoive. Nous sommes bien évidemment dans le même groupe d'amis, ce qui me compliquait un peu la tâche.. Bien sûr, je suis contente aussi car il se déroule à une heure de chez moi, et dans le domaine de l'architecture.

Les employés de l'entreprise sont vraiment cools, ils sont rigoureux mais drôles aussi. C'est assez rare de nos jours, de faire du bon boulot tout en faisant des blagues de temps en temps. Ils oublient un peu qu'ils sont au travail pendant un moment. Par exemple tout à l'heure, le chef de projet Vincent, 55 ans, a positionné des cartons assez lourds derrière la porte des toilettes, quand Julien, le grand brun timide y est allé. Ce n'était pas tellement drôle en soit.. mais eux s'amusaient.
Parfois même au boulot, je pensais à Victoria.. elle ne veut vraiment pas quitter mon esprit, cette jolie brune.

J'en veux un peu à Justine de me mettre cette idée dans la tête, que je ressens quelque chose pour elle.. C'est vrai que voir Gabriel et Elle ensemble m'est insupportable mais c'est parce qu'il ne sert à rien ce type, à part faire son beau.. et Victoria ne s'en rend même pas compte.
Non mais sérieusement, il la récupère tous les jours, ce bouffon. A croire qu'il n'a que ça à faire..

Depuis la discussion que j'ai eue avec ma meilleure amie, je fais attention à mes moindres faits et gestes envers Elle. Je sais qu'elle s'en rend compte, elle me regarde étrangement de ses yeux enchanteurs, depuis quelques jours. Mais c'est pas très grave. Je lui parle moins souvent aussi.. et l'évite, c'est ma raison qui me pousse à m'éloigner d'elle, mais à quel prix ? Nous sommes donc en stage pour une durée de sept jours, et la semaine suivante en vacances. Ce qui me laisse trois semaines pour réfléchir à tout ça.. pendant ce temps, je travaille. Cependant, elle me manque déjà..

Je prends finalement le tramway aux alentours de dix-sept heures, afin de rentrer chez moi, enfin. Ce n'est pas que je ne les aime pas, mais les journées sont vraiment épuisantes. Le tram arrive, nous sommes censés attendre que les gens en sortent avant d'entrer. Mais un groupe de lycéens passe, et pousse malencontreusement un SDF, ivre. Avec la chance que j'ai, il s'est rattrapé sur moi et a posé sa main dégueulasse, qui portait un peu plus tôt une cannette de bière, sur le haut de mes côtes droites, juste en dessous de mon sein..

- Allez vous faire baiser, bande de connards, criait-il, de sa voix enrouée.

Je n'ai rien contre les bénéficiaires, au contraire. D'ailleurs, dès que je le peux, j'accompagne ma tante à son association humanitaire, pour distribuer de la nourriture et des vêtements, le plus souvent. Ce que je ne supporte pas, ce sont les ivrognes. Premièrement, parce que je déteste la bière, deuxièmement, ils me font peur, et troisièmement, la plupart d'entre eux ont des chiens et je crains cet animal.. oui, le meilleur ami de l'homme est mon pire ennemi.

En entrant finalement, le jeune groupe de tout à l'heure ricanait, ils étaient vraiment des connards..

Je sors du tram au bout d'un quart d'heure tout au plus, pour finalement prendre le bus. Il me reste encore plus d'une demi-heure avant d'arriver. Je regarde le prochain passage : vingt-trois minutes, je souffle.

Une fille marche en ma direction, au bout de dix minutes d'attentes. C'est une magnifique brune, avec un corps fin.. elle a l'air plus petite que moi, au fur et à mesure qu'elle s'approche, je peux voir plus clairement son doux visage d'ange et ses beaux yeux, d'un vert jaunâtre..

- Excusez-moi, est-ce que vous auriez un téléphone à me prêter pour que je puisse appeler ma mère ..? Le mien s'est éteint tout à l'heure.. et je n'ai pas envie de l'inquiéter..

Elle me le demande timidement, sa voix est très douce, je lui souris gentiment.

- Oui, vas-y, dis-je en lui tendant mon portable.. Ça m'est déjà arrivée, je sais ce que ça fait que de devoir demander un téléphone.. et tutoie-moi ! Je pense que nous avons le même âge.

- Merci.. Elle compose un numéro, sûrement celui de sa mère, et met le haut-parleur. Elle se balade un peu en tournant en rond, tout en tapant sur mon téléphone..

Mais qu'est-ce qu'elle fait ?

Elle me le rend finalement après quelques minutes, me souriant timidement.

- Merci encore..

- Avec plaisir, souriais-je doucement.

Son bus arrive, elle me fait un petit signe de main et monte à l'intérieur.
Je regarde finalement mon téléphone : rien d'anormal, à part quelques messages de Victoria et un de mon père, je le lirai plus tard. Je décide de vérifier mes onglets récemment ouverts et tombe sur l'application "Contacts" et appuie dessus, intriguée. Je n'utilise jamais cette application, le "Téléphone" suffit largement. Je défile donc les contacts, et tombe sur une certaine "Marie du téléphone".
C'est la jolie fille de tout à l'heure, Marie.

Je lui enverrai peut-être un message en rentrant.

***

- Puisque je te dis que cette année, ma fille va dépasser Laure Manaudou ! Affirme Téo, sûr de lui.

- Et la mienne va gagner Joel González peut-être..

- Bah bien sûr que je peux le battre papa, après tout, je pèse 70 grammes de plus que lui. Je déclare, ouvrant pour la première fois ma bouche depuis le début de soirée.

Nous sommes actuellement chez les Viretto, mon père m'a envoyé un message un peu plus tôt pour nous prévenir que nous étions invités. Bien sûr, Victoria est présente, toujours aussi charmante dans sa robe bleu nuit..

Nous étions tous à table, ils discutaient tous sauf Victoria. Elle me fixait depuis le début du repas tandis que moi, j'essayais tant bien que mal d'éviter son regard. Elle me déstabilise un peu ce soir.. Arghh je déteste Justine !

- Camélia, tu te sens bien ? demande soudain Marie, inquiète.

Oui, ça va..

- Non mais parce que t'es vraiment étrange, ajoute mon père.

- Si tu veux, commence Victoria, l'ouvrant pour la première fois ce soir, tu peux aller te reposer dans ma chambre..

Ah non, ça je ne le crois pas.

- Je pense plutôt que je vais rentrer, si ça ne vous dérange pas..

- C'est vrai que t'es en stage encore.

- Vas-y ma chérie, Mélisa va t'accompagner, dit-elle en incitant la sœur de Victoria à se lever.

- Allez viens je t'embarque, Championne.

Nous prenons finalement la route, après avoir salué tout le monde. Le trajet se fait dans le calme, la radio est allumée et personne ne parle. Elle s'arrête finalement devant chez moi, quelques minutes plus tard et éteint le moteur. C'est bizarre, pourquoi elle s'arrête ?

- Bon, tu m'expliques Camélia ? Demande finalement Mélisa, en se tournant vers moi.

- Expliquer quoi ?

- Pourquoi tu ne parles plus à ma sœur, encore ? Souffle-t-elle, agacée.

- Tu veux rentrer ? C'est mieux de discuter au chaud, non ?

Je veux juste gagner du temps..

CaméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant