Chapitre 23

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- Bon alors tu veux boire quoi ?

- Rien merci.

- Un jus d'orange pressé ? Gab' m'a dit qu'il était bon.

- Il est déjà venu ici ?

- Bah oui, on se connaît depuis longtemps, dit-elle nonchalamment, et mes parents connaissent les siens.

- Super.

- Quoi t'es jalouse ?

Je reçois au même moment un message et décide de voir le destinataire au lieu de lui répondre, c'est ma petite vengeance pour sa petite provocation.

- Pourquoi tu souris aussi bêtement ?

C'est Marie. Elle ne connaît même pas son existence encore. Je ne sais pas  vraiment comment elle prendrait le fait que je sois potentiellement attirée par les filles. Je ne sais même si elle est au courant que son comportement peut porter à confusion parfois.

- Quoi t'es jalouse ?

- Oui.

- Ah.

- C'est qui ? Demande-t-elle curieusement, en penchant sa tête.

J'incline directement mon téléphone vers moi, elle est pas possible aujourd'hui !

- Personne, répondis-je en lisant le message.

Elle répond du tac au tac.

- Allez, dis-moi !

- Non.

- Sinon je te boude.

- Ça me fera des vacances.

Je m'attendais à une autre réplique mais elle ne dit plus rien pendant un moment, alors je tourne la tête en sa direction. Je n'ai pas besoin de chercher son regard, ses yeux me sondent déjà et je n'aime pas tellement ça.

- Pourquoi tu es comme ça avec moi ? Elle penche sa tête sur le côté.

Pourquoi je suis comme ça avec elle ? Pour rien. Je ne sais pas. Je n'ai pas vraiment de raison. Peut-être que j'aimerais savoir ce qu'elle pense, du monde qui l'entoure ou de moi ? Je ne la connais pas vraiment finalement. Et...je ne sais pas.

- Je ne sais pas, soufflais-je, désolée.

Elle ne répond rien et s'approche simplement de moi. Je ne peux pas nier que sa proximité m'apaise, peut-être un peu trop. Je m'assois sur le canapé et pose ma tête sur un coussin à ma gauche. J'avoue que ma position doit être étrange d'un point de vue extérieur car mon corps est plié en deux, mais j'aime bien.

- Est-ce que tu vas bien Camélia ?

Elle pose maintenant sa main sur mon épaule et m'observe attentivement.

- Oui bien sûr et toi, ces vacances alors ? Demandais-je rapidement en levant mes yeux dans sa direction. Je vois donc sa bouche en premier à la place de ses yeux : son visage est à l'envers, c'est assez amusant.

- N'essaie même pas de changer de sujet, Calvetti.

Elle essaie sérieusement de me menacer là ? Ma position rend sa tentative très comique. Son index est pointé vers moi, lui il reste assez intimidant mais ce n'est pas ce petit doigt qui va me faire peur.

- Tu vas faire quoi, Viretto ?

- Te mordre.

- J'ai très peur.

- Et je suis très sérieuse, j'ai de vraies canines pointues moi. Comme Dracula.

Elle me contourne légèrement et s'assied a côté de moi sans rien ajouter. Puis elle me sourit exagérément. J'ai mis du temps avant de comprendre qu'elle n'était pas étrange et me montrait seulement ses dents. En effet, elles sont aussi pointues que celles d'un vampire. Mais elle ne ferait pas peur à une mouche avec son visage d'enfant.

- Tu me fais plus penser à un petit vampire tout innocent, lui dis-je en souriant tout aussi grandement qu'elle.

- Les apparences sont trompeuses Camélia.

Elle finit à peine sa phrase que je sens des crocs se planter dans mon épaule. Elle me mord vraiment cette malade ! Je me recule instinctivement et tombe sur le tapis. Il est plus confortable que ce que je pensais. J'entends des excuses de Victoria mais n'y fait pas vraiment attention. Je prends quelques coussins pour les placer en-dessous de mon crâne. 

- Pardon, pardon, pardon, débite-t-elle encore en s'agenouillant près de moi. Je t'ai fait mal quelque part ?

Son visage est froissé, elle est inquiète. Mais non, je n'ai absolument rien senti.

- Oui mais ça va, calme toi.

- Où ça ? Tu veux un bisou magique ?

Je hoche la tête en grimaçant un peu, afin de rendre ma comédie plus réelle. 

- À ma joue gauche, je crois même qu'elle est rouge.

Elle pose sa main sur ma mâchoire et me tourne la tête pour observer ma joue, j'espère qu'elle est au moins un peu colorée. Si ce n'est pas le cas, mon mensonge tombe à l'eau. Son visage s'approche rapidement du mien et sa bouche se pose délicatement sur ma joue. Ça, j'aime bien. Elle s'éloigne un peu mais s'approche maintenant de mon oreille. Son souffle me donne des frissons, je suis beaucoup trop sensible à cet endroit.

- Un bisou magique pour une blessure imaginaire, me murmure-t-elle avant de me regarder dans les yeux, puis se reculer complètement. Elle a un air taquin que je n'aime pas, elle a compris.

- Non mais en fait c'était une blague ! Répondis-je un peu trop rapidement.

- Oui oui c'est ça, et moi je suis la reine d'Angleterre.

- J'ai essayé une vision d'optique que j'ai vu sur Internet, apparemment la manip' est défectueuse.

Elle ne me répond pas et me fixe de ses yeux perçants.

- Si t'y as cru ce n'est pas de ma faute Vic. Dis-je en haussant innocemment mon épaule meurtrie, tout en faisant une tête de chien battu. Et c'est vrai, je suis battue !

Ce n'est pas de la manipulation, seulement le pouvoir de persuasion.

- Laisse-moi en douter encore un peu, dit-elle dubitative.

- Par contre j'ai vraiment mal à l'épaule à cause de tes vieux crocs. Et si tu étais vraiment un vampire, tu m'aurais mordu dans le cou, amatrice.

- Non, je ne voulais juste pas abîmer ton cou, il a l'air sensible.

- Ah bon ? 

- Oui, on ne peut qu'y déposer des bisous. 

- C'est ce qu'on dit oui, ne le touche pas alors.

- On verra bien.

- Et.. tu penses qu'on peut se couper la langue avec toi ? lui demandais-je, un sourire carnassier se dessinant au coin de mes lèvres.

- Il faut tester pour en avoir le cœur net.

CaméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant