Chapitre 9.1 - rework

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Wassalie

Donne... le... moi.

Je pousse un hurlement. J'ouvre grand les yeux et me redresse brusquement.

— Wassalie ! Wassalie tout va bien !

J'inspire par la bouche pour calmer la sensation d'étouffement, reprenant peu à peu mes esprits. Je parviens à calmer ma respiration et les battements affolés de mon cœur. Puis je reconnais le visage du Prince Egon ainsi que la chambre où l'on m'a installée dans le palais.

Je sens un poids sur ma tête. Mes doigts rencontrent un anneau en métal froid.

— C'est la couronne de ma mère, m'explique Egon avant que je ne pose la question. La pierre de guérison offerte par les Immortels est scellée dessus. Elle vous a sauvé la vie.

— Que... Que s'est-il passé ?

— Vous avez fait une hémorragie cérébrale. Vous êtes restée dans l'esprit d'Hyro quatre jours entiers. Il semblerait que votre corps ne l'ait pas supporté.

— Quatre... jours ?

Impossible ! Il est déjà incroyable pour un kuulaja de rester plus de vingt-quatre-heures dans l'esprit d'une personne, alors quatre jours ?

— En êtes-vous sûr ? j'insiste, confuse.

— Certain. Avec le médecin, nous avons tant bien que mal réussit à vous hydrater mais cela n'a pas suffi.

— Mais comment ?

— Je ne sais pas mais aussi fou que cela puisse paraitre, c'est arrivé.

Je secoue la tête, choquée. Que s'est-il passé ? Comment ai-je réussi un tel exploit ?

— Est-ce qu'Hyro s'est...

— Oui. Vous avez réussi, termine-t-il ma phrase. Hyro s'est réveillé. Et d'après Diego, son esprit a été apaisé.

— Et bien tant mieux... Et vous, que faites-vous ici ?

— Préfèreriez-vous que je sois ailleurs ? feint-il de se vexer.

— Non ! je m'exclame en rougissant. Je... ce n'est pas ce que je voulais dire !

— Alors que vouliez-vous dire ?

— Et bien vous êtes un Prince. N'avez-vous pas plus important à faire que vous trouver au chevet d'une inconnue ?

— Oh que si ! Vous n'imaginez pas !

Je suis stupéfaite. Egon a l'air plus serein et détendu qu'à l'accoutumée. Il parait de bonne humeur. Voire jovial.

— Ne vous faites pas des idées, je n'ai pas passé tout mon temps à votre chevet, ajoute-t-il.

— Non, seulement dix heures par jours ! s'exclame la voix de Mandra à l'autre bout de la pièce. J'ai dû le ficher dehors plus d'une fois afin qu'il n'oublie pas de se nourrir et de dormir !

— Mandra ! s'emporte Egon en la foudroyant du regard.

— D'ailleurs, il me semble que vous devriez aller chercher le médecin de votre père afin qu'il ausculte cette pauvre fille, ajoute la domestique. Elle vient à peine de se réveiller et vous ne la laissez pas respirer !

Je ne peux m'empêcher de rire en voyant le Prince lever les yeux au ciel, excédé.

— Bien, puisqu'il s'emble que ma présence ne soit plus requise, je vous laisse entre les mains de Mandra, soupire Egon avant de se lever. Je suis soulagé de vous savoir saine et sauve, Wassalie. Et si je suis tant resté auprès de vous, c'est parce que je voulais être certain de votre guérison. Vous avez sauvé Hyro. C'était le moins que je puisse faire. Si cela ne vous incommode pas, je repasserai vous voir demain matin.

— Vous êtes le Prince. Il me semble que vous pouvez faire comme bon vous semble ?

— Peut-être. Mais j'aime autant vous le demander.

— Dans ce cas, ce sera avec plaisir, Majesté. Et merci. D'avoir veillé sur moi.

Egon me sourit avant de se détourner et de sortir.

— Bon débarras ! peste Mandra. Je l'ai eu dans les pattes sans arrêt ! Je suis heureuse que vous soyez remise car je ne l'aurais pas supporté une journée de plus !

Je pouffe dans ma main en voyant la petite femme rondouillarde s'agiter autour de moi, les bras chargés de linge. Je sens soudain quelque chose remuer sous les draps. Nakpa émerge avec un couinement et se frotte contre mon flanc.

Le renard vient se blottir entre mes bras tandis que je lui gratte le sommet du crâne.

— Il n'a pas quitté votre lit non plus, bougonne Mandra. Vous pouvez vous lever ?

— Je pense...

Je suis étonnamment en forme. Cette pierre de guérison est vraiment stupéfiante.

— Sa Majesté a ordonné que vous gardiez la couronne encore deux jours, selon les instructions du médecin royal, m'informa Mandra. Je vais vous faire porter un repas, vous en avez grandement besoin. Et reposez-vous. N'allez pas inquiéter davantage sa Majesté.

— Je ne sortirai pas de cette chambre, je lui promets.

Même si mon corps semble rétabli, mon esprit, lui, est encore fragilisé. Je suis épuisée.

Je me lève et m'approche de la bibliothèque. Je parcours rapidement quelques ouvrages et me décide pour un traité relatant l'histoire d'Erobye. L'époque couvre le règne de l'arrière-grand-père d'Egon. Curieusement, j'ai envie d'en apprendre davantage sur le jeune homme et son histoire.

Je retourne m'asseoir sur mon lit aux côtés de Nakpa et passe mes doigts sur le cuir de la couverture. Avant d'ouvrir l'ouvrage, je repense à Hyro et à ce que j'ai découvert, rodant tout près des limites de son inconscience. Cette présence malfaisante... Dois-je en parler ?

Je soupire avant d'ouvrir le livre. Je n'ai pas envie de réfléchir pour l'instant. Je veux juste récupérer. Et repartir. Je dois retourner m'isoler. Car tôt ou tard, mon autre pouvoir se manifestera. Je ne pourrais pas le cacher éternellement.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant