EROBYE - Tome 1 : Le Miracle

Chapitre 15.1 - rework

Hyro

Alors que je suis allongé nu sur le sol de la chambre de Valeria, les yeux rivés sur les flammes de la cheminée, je repense à la séance d'entrainement avec Wassalie. Les Ombres aiment torturer les esprits et raviver les expériences les plus douloureuses. Affronter, panser et fermer ces brèches est la clé pour apprendre à leur refuser l'accès à l'esprit. Les réactions sont plus ou moins violentes, mais j'ai rarement été témoin d'une réaction comme la sienne.

Ce qu'elle a vu, ou plutôt revécu, était si horrible que j'ai moi-même senti à quel point les Ombres s'étaient délectées de sa terreur. Les hurlements de la jeune femme retentissent et vibrent encore dans mes oreilles.

— À quoi tu penses ? s'enquiert Valeria tandis qu'elle trace des petits cercles avec ses doigts sur mon ventre.

— J'ai entrainé Wassalie aujourd'hui. J'ai lâché les Ombres sur elle et je leur ai ordonné de lui faire revivre son pire souvenir.

— Et qu'est-ce qui s'est passé ?

— Elle... Elle était à deux doigts de basculer dans la folie.

— Qu'a-t-elle vu à ton avis ?

— Comment le saurais-je ? je réponds en haussant les épaules.

— Et... qu'est-ce que ça t'a fait de la voir souffrir ?

Je fronce les sourcils avant de m'asseoir. Valeria prend place derrière moi et masse les muscles de mes épaules. Je ferme les yeux et bascule la tête sur le côté, savourant son toucher.

— Ça m'a terrifié, finis-je par admettre. Voir la souffrance des autres ne m'a jamais affecté. Je me suis forgé une carapace pour pouvoir la supporter. Mais là... C'était vraiment étrange. Sa douleur m'a pénétré violemment. J'ai eu l'impression que son mal pourrait m'anéantir moi aussi...

— Comme si tu partageais son fardeau ?

J'acquiesce puis soupire avant de me retourner vers elle.

— Comment puis-je ressentir ces choses alors que je la connais à peine ?

— C'est le lien, Hyro, répond-elle en caressant mon visage.

— Je ne veux pas de tout ça, Val ! Ma vie est déjà assez compliquée ! Mais qu'est-ce que je vais faire, bon-sang ? Ça me rend malade tu n'as pas idée !

— Hyro... Je ne sais pas quoi te dire. Peut-être que... Diego a raison. Tu pourrais envisager de...

— Non.

— Quel est le problème ? Tu n'as jamais eu besoin d'éprouver quoi que ce soit pour faire l'amour à une femme non ?

Je soupire, las.

— Tu as peur d'ouvrir une porte que tu ne pourras plus refermer ? insiste-t-elle.

— Je ne sais pas, Val.

— Qu'est-ce que tu veux, Hyro ? Au fond de toi ?

Je lui souris en embrassant sa nuque, la faisant frissonner.

— Là, tout de suite ? T'entendre encore crier mon nom, murmurai-je à son oreille avant de la lui mordiller.

— Quelle prétention !

— Ce n'est pas de la vanité. Et je vais te le prouver tout de suite.