Chapitre 10.1 - rework

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Wassalie

J'observe mon reflet dans le miroir de la coiffeuse. Mandra peigne mes longs cheveux noirs, veillant à ne pas déplacer la couronne posée sur mon crâne. Je ne parviens pas à détourner mon regard. Avec le soin de peau que m'a fait la domestique, le léger maquillage qui ravive mon teint tout en faisant ressortir mes yeux et ma bouche, je suis splendide. Je ne porte aucun bijou, mais avec cette couronne sur ma tête et la robe en velours violine que j'ai passée, j'ai tout l'air d'une reine.

— Et voilà ! s'exclame Mandra après avoir tressé et attaché mes cheveux en un chignon bas. Vous êtes parfaite, ma Dame.

— J'avoue ne pas me reconnaître moi-même... Vous êtes une fée, Mandra.

— Vu mon embonpoint, sûrement pas !

— Je dois rejoindre le Prince dans la verrière. Pouvez-vous me dire où elle se trouve ?

— N'Ri vous attend dehors pour vous y conduire. Et sans bandeau.

— Sans bandeau ? je m'étonne. Je... Je ne suis donc plus considérée comme une menace ?

— Disons qu'après ce que vous avez fait pour notre Mage, le Roi a décrété que vous pouviez circuler plus librement dans le palais.

— Comment dois-je m'y prendre si je veux rencontrer le Roi ?

— Pourquoi voudriez-vous voir le Roi ? me questionne Mandra.

— Demain, je n'aurais plus besoin de porter cette couronne et je me sens déjà beaucoup mieux. Je pense qu'il est temps pour moi de rentrer chez moi.

— J'espère que vous ne fuyez pas à cause de moi ?

— Bien sûr que non, Mandra ! Vous me manquerez. Personne ne s'est occupé de moi comme vous l'avez fait depuis... la mort de mes parents.

— Vous pourriez rester, vous savez ? Le Roi vous le proposera sûrement. Maintenant qu'Erin n'est plus là, paix à son âme, nous aurions grandement besoin de vos services, ici. Il a aidé et accompagné tellement de monde ! C'était un homme bien, et d'une gentillesse à toute épreuve. Vous pourriez le remplacer.

Remplacer Erin, le frère de Diego et Hyro ? Je souris, parce que c'est une chance inespérée et que cela m'aurait vraiment plu. J'adore plonger dans les esprits, en comprendre les mécanismes et les guider vers la guérison. Mais je ne peux pas rester. Il n'y avait que dans l'isolement que je suis en sécurité.

Je me relève, Nakpa sur mes talons. Mandra pose une cape en fourrure blanche sur mes épaules afin de me protéger du froid. Puis je sors rejoindre N'Ri, le garde d'Egon qui m'attend, adossé contre le mur. Il manque s'étouffer en me voyant.

— Hum ! Bonjour, Wassalie, me salue-t-il.

— Bonjour, N'Ri.

Je réprime un sourire. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas produit ce genre d'effet sur un homme. Depuis combien de temps n'avais-je pas pris un bain et fait une toilette digne de ce nom ?

— Je... Vous avez l'air d'aller bien, me dit-il.

— Oui, merci.

— Egon vous attend. Suivez-moi.

Je marche à ses côtés en admirant les tableaux qui ornent les murs du couloir. Les pierres blanches donnent un aspect lumineux à tout le palais, en plus des nombreuses ouvertures. Nous empruntons un escalier qui nous conduit à un étage supérieur, puis à un hall donnant sur les jardins. Le ciel est dégagé et le soleil réchauffe mon visage.

— Vous vous acclimatez au palais ? me demande le garde pour rompre le silence.

— Il serait difficile de ne pas s'y plaire, j'avoue.

— Pourquoi avez-vous choisi de vivre seule dans les montagnes ?

— Parce que je m'y sens... chez moi.

— Vous ne vous sentez pas seule ? Pardonnez-moi si je me montre indiscret.

— Ce n'est rien. Mais oui, je m'y sens seule, parfois. Mais cela me convient.

Il n'ajoute rien. Nous poursuivons notre promenade en admirant les arbres et les fleurs qui jalonnent les sentiers que nous empruntons.

Soudain, mon corps se met à frissonner. Et ce n'est pas dû au froid. Je lève les yeux et aperçois Diego un peu plus loin avec un autre homme. Un homme entièrement vêtu de noir. Seuls sa peau au teint mat et ses cheveux châtains contrastent avec sa tenue. C'est Hyro. Le Mage de Myrtha.

Sans que je ne sache pourquoi, je me mets à trembler à mesure que nous nous rapprochons. Les deux frères sont en train de parler et se taisent à notre arrivée. Diego me sourit alors qu'Hyro se tourne pour nous faire face. Je suis... pétrifiée. Et je dois sacrément avoir l'air d'une sotte... Mais je dois avouer qu'il dégage tellement de prestance que j'en ploierais les genoux. Il est... magnifique. Et terrifiant.

— Diego. Hyro, les salue N'Ri.

— Bonjour, N'Ri, répond Diego. Wassalie. Tu as l'air en pleine forme. Tu es resplendissante.

— Merci, Diego.

— Je ne crois pas que vous ayez officiellement été présentés. Voici Hyro, mon jeune frère. Hyro, voici Wassalie, la kuulaja qui t'a ramené.

Hyro me dévisage froidement et sans un mot de ses yeux bleu acier. Je me sens foudroyée.

— Je suis ravie de vous voir que vous allez bien, je dis pour briser la glace.

Il ne répond rien et détourne son regard.

Ok... Il a l'air d'une amabilité à toute épreuve. Il est bien différent de la version que j'ai côtoyée dans son esprit. Combien de masques porte-t-il ?

— Où allez-vous ? demande Diego.

— Je conduis Wassalie à la verrière, où Egon l'attend, lui explique N'Ri.

— Egon ? Bien... Dans ce cas ouvrez grand les yeux, ma chère. Car vous n'en verrez pas de semblable dans tout le royaume !

— Je me doute que ce doit être magnifique, j'acquiesce, mal à l'aise.

— Bonne visite. Aurons-nous le plaisir de te voir à notre table pour le banquet de ce soir donné en ton honneur ? me questionne-t-il.

— Un banquet ?

— Personne ne t'a rien dit ?

Je fronce les sourcils et comprends mieux pourquoi Mandra m'a « préparée » de la sorte. Je déteste les banquets. Et les bals. Trop de bruit. Trop de monde. Trop de dangers...

— Non. Mais je suppose que oui, nous nous verrons ce soir... je réponds néanmoins.

— Bien, alors à plus tard.

N'Ri reprend notre route, heureusement. Mon malaise se dissipe au fur et à mesure que nous nous éloignons des deux frères.

— Ne faites pas attention à Hyro, me souffle gentiment le garde. Hyro est comme ça avec tout le monde. Pas du genre bavard, comme type. Mais c'est une bonne personne. Il nous protège et tout le monde le respecte pour ça.

— Je... Je ne m'en suis pas offusquée.

Il est le Mage du royaume après tout. Et même si je l'ai sauvé, je ne suis qu'une étrangère pour lui. Une pauvre roturière sans intérêt. Mais qu'importe. 

 

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EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant