Chapitre 15.2 - rework

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Wassalie

J'ai passé le reste de la journée au lit enfermée dans le noir malgré les gémissements de Nakpa qui tente de me réconforter. J'ai l'impression que toutes ces années passées à me reconstruire... Tous mes efforts... Tout a volé en éclat !

J'ai reformé ma barrière mentale, mais je ne peux m'empêcher de ressentir à nouveau cette haine féroce qui m'a habitée et m'a consumée. La folie. Et le vide.

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est et je m'en fiche éperdument. Mandra a bien essayé d'entrer mais N'Ri a tenu parole, la forçant à rebrousser chemin.

Quelqu'un frappe à la porte. Je ne réponds pas, feignant dormir. Mais la porte s'ouvre tout de même. Je fulmine intérieurement. Car la seule personne à qui N'Ri ne peut refuser l'entrée est un membre de la famille royale. Et je ne tiens surtout pas à ce qu'Egon me voie dans cet état.

— Je sais que vous ne dormez pas, me lance le Prince.

Je l'entends prendre place sur le fauteuil près de l'âtre de la cheminée.

— Vous n'avez pas touché à votre repas, constate-t-il.

Je respire à peine, priant pour qu'il s'en aille. Mais le lit s'affaisse lorsqu'il s'assoit sur le rebord. Il pose une main chaude sur la mienne, gelée, et dégage une mèche de cheveux qui obstrue mon visage. J'ouvre les yeux, rencontrant les siens, troublée par son geste.

— Allez levez-vous, Wassalie, et avalez quelque chose. Vous morfondre ne vous aidera pas.

— Je ne me morfonds pas.

— Vraiment ? Alors que faites-vous ? me taquine-t-il.

— Je me repose.

— Seulement ?

— Oui, bougonnai-je.

Il se relève et, d'un coup sec, tire sur les draps, les faisant tomber par terre. Je pousse un cri de surprise avant de m'asseoir brusquement.

— J'aurais pu être nue ! persifflai-je.

— Dieu du ciel vous ne l'étiez pas ! feint-il d'être choqué.

Je lève les yeux au ciel avant de m'extirper du lit. Egon se dirige vers les fenêtres pour ouvrir les rideaux.

— C'est inutile, il fait nuit, lui fais-je remarquer.

— Je sais, mais vous vous sentirez moins enfermée.

Je reste debout appuyée contre les étagères de la bibliothèque.

— Le moins qu'on puisse dire, c'est que vous avez mis un sacré bazar, ajoute-t-il en évitant les débris du miroir.

— Je... Je suis vraiment désolée pour tout ça...

— Vous vous excuserez auprès de Mandra, c'est elle qui va devoir tout nettoyer.

Je me sens honteuse. Si je le pouvais, je me cacherais volontiers dans un trou de souris.

— Hyro vous a malmenée, n'est-ce pas ? s'enquit-il.

— C'est le moins qu'on puisse dire. Il a été cruel.

— Je suis sûr qu'il ne l'a pas fait intentionnellement.

— Il ne s'est pas excusé pour autant !

Egon ne répond rien, pensif.

— Pourquoi êtes-vous là, Egon ? lui demandai-je sans détour.

— Vous êtes partie précipitamment hier soir alors que vous n'aviez pas l'air bien. Vous ai-je offensée d'une quelconque manière ?

— Non ! Bien sûr que non !

— Alors expliquez-moi !

— Je...

J'observe son beau visage.

— Je suis flattée par l'intérêt que vous me portez et par votre gentillesse, Egon. Je vous... apprécie également. J'aime passer du temps en votre compagnie. Et je n'avais pas ressenti ça depuis une éternité. Mais...

— Mais ?

— Mais je ne peux pas me permettre de me rapprocher davantage. Nouer des liens m'est interdit. Même si j'en ai envie.

Il reste silencieux un long moment avant de me demander :

— Puis-je savoir pourquoi ?

— Parce que je ne le peux. Parce que... Je ne suis pas celle que vous pensez.

— Alors montrez-moi qui vous êtes, insiste-t-il.

Il s'approche et s'arrête à seulement quelques centimètres de moi. Cette proximité m'échauffe. Son odeur exquise m'enivre malgré moi.

— Egon... murmurai-je alors qu'il tend une main pour caresser ma joue.

— M'autorisez-vous... à approcher davantage ?

Ai-je... bien entendu ? Mon cœur bat à tout rompre. Mes mains et mes jambes se mettent à trembler. Il ne me quitte pas des yeux. Est-ce qu'il compte... m'embrasser ? Moi ?

Si j'avais été une femme normale, je l'aurais probablement laissé faire. Mais si je m'autorise à franchir cette limite, je risque de sombrer. Je ne suis pas prête. Et, par les Dieux, c'est un Prince !

Il lit la tristesse dans mes yeux et comprend. Il laisse retomber sa main et s'éloigne vers la porte.

— Pardonnez-moi si je vous ai offensée, s'excuse-t-il, gêné.

— Ne vous excusez pas, Egon. Vous ne m'avez offensée en rien, je vous assure. C'est moi... Je ne me sens pas très bien.

— Dans ce cas, je vous laisse vous reposer. Bonne nuit, Wassalie.

— Bonne nuit, Egon.

— Et n'oubliez pas de manger.

Je me mords les lèvres en le voyant disparaitre. Mais c'est mieux ainsi. 

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant