Chapitre 13.2 - rework

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Wassalie

Il est à peine huit heures quand Mandra sort de ma chambre, après avoir déposé des vêtements pour la journée et mon petit-déjeuner. J'ai enfilé un pantalon en cuir beige avec une tunique assortie et un gilet en fourrure. J'ai chaussé des bottes en cuir marron montantes avec d'épais lacets et tressé mes cheveux afin qu'ils ne me gênent pas.

Affamée, j'ai englouti deux grosses tranches de pain, une part de gâteau et un œuf. Je me dirige vers la porte et sors dans le couloir où N'Ri m'attend, comme toujours.

— Vous êtes devenu mon garde personnel ? je plaisante.

— Il semblerait, en effet, soupire celui-ci avant de me sourire.

N'Ri me conduit dans les sous-sols du palais, ce qui m'inquiète un peu. Nous pénétrons dans un couloir sombre et humide. Très glauque...

Nous nous retrouvons devant une porte entrouverte plongée dans la pénombre.

— Tenez, Wassalie, me dit N'Ri en m'offrant sa torche. Hyro a parfois tendance à oublier que contrairement à lui, nous ne voyons pas dans le noir ! Il vous attend de l'autre côté. Je reviendrais vous chercher ce soir.

— Ce... soir ?

— Le Roi a dit plusieurs heures par jour...

— Ah oui, c'est vrai, je souffle, soudain angoissée.

— Bien, à tout à l'heure. Et... bon courage.

Sur ces paroles, il se détourne et s'éloigne, me laissant seule.

Quand il faut y aller...

Je franchis la porte pour découvrir une pièce immense, ou plutôt une sorte de sanctuaire. Je descends trois marches pour fouler un sol dallé de grandes pierres grisâtres, visiblement très anciennes. Des colonnes s'élèvent vers le plafond, très haut, couvertes de végétation. D'étranges statues bordent la pièce, représentant des hommes et des femmes au visage torturé. Un brasero est allumé au centre, projetant des ombres inquiétantes tout autour de moi. Quel était cet endroit ?

J'aperçois enfin Hyro qui se tient au fond, agenouillé torse nu devant un totem étrange. Je m'approche sans faire de bruit, bien que je me doute qu'il m'a entendue arriver depuis un moment. J'observe attentivement les tatouages qui couvrent son dos et ses épaules nus, jusqu'à sa nuque. Je détaille également les cicatrices laissées par les coups de fouet, certainement du temps où lui et ses frères avaient été esclaves.

Il embrasse la pierre avant de se relever et de se tourner vers moi. Je déglutis. Parce qu'il est... d'une beauté sans nom. Cet abruti est le plus bel homme que j'ai jamais vu, je dois l'admettre. Il est bâti comme un guerrier redoutable, tout en étant élancé.

Il me dévisage quelques secondes avant de sortir de la poche de son pantalon un bandeau en tissu noir.

— Tiens, mets ça, m'ordonne-t-il.

D'accord... Pas de : « Bonjour, bienvenue » ... Ça commence bien...

— Pourquoi est-ce que je dois couvrir mes yeux ? je le questionne, inquiète.

— Ta vue ne te servira à rien. En mettant ce bandeau, tu utiliseras naturellement tes autres sens.

— D'accord... Et que va-t-on faire exactement ?

— Je te l'expliquerai au fur et à mesure.

Ok...

— Où sommes-nous ? je m'enquis. Ce totem représente-t-il un Dieu ?

— Nous sommes dans les vestiges d'un sanctuaire dédié à Mortarh, le Dieu des âmes perdues.

— Oh... C'est original.

Mortarh n'est pas un Dieu vénéré à Erobye. Il effraye et, selon les légendes, apporte malheur à ceux qui osent le contrarier.

Je saisis le bandeau et en profite pour sortir le mouchoir qu'il m'a offert la veille pour le lui rendre.

— Tiens, je t'ai rapporté ton mouchoir. Merci... Pour hier soir.

Il observe le tissu avec une curieuse expression avant de répondre :

— Garde-le. Tu vas en avoir besoin. Suis-moi.

Je le remets dans ma poche et marche derrière lui jusqu'au centre du sanctuaire, tout près du brasero.

— Avant de commencer, je dois te poser une question, me dit-il.

— Oui ?

— Tu es une kuulaja. J'imagines que tu possèdes donc des barrières mentales solides ?

— C'est le cas.

— Hier soir... Tes barrières se sont ébréchées. Je me contrefiche de savoir pourquoi, mais je dois être sûr qu'elles sont remises en place.

— Je...

Comment peut-il le savoir ? Et surtout, se montrer si froid ?

— Oui. J'ai refermé la brèche, je lui assure, sèchement.

— Bien. Sais-tu ce que sont les Ombres et ce qui les différencie des démons ?

— Non, j'avoue.

— Et bien commençons par là.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant