WesleyPutain ! Fait chier ! Mais quel gros con !
Je courais à en perdre haleine à travers la pluie qui s'abattait sur Inketon. Je sentais mon téléphone vibrer dans la poche de mon jean mais je l'ignorais. Les gouttes glissaient sur ma peau nue, je n'avais pas froid. Mon sang était chaud dans mes veines, mon cerveau était en ébullition.
" Peut-être que c'est le but, que je tombe."
J'entendais sa voix d'enfant se répéter dans mon crâne. Mes jambes accéléraient, je contournais le cimetière, sauter au dessus des trous dans le chemin. Je passais à côté du fleuriste que Kurtis adorait car il y avait des tulipes violettes et c'était vraiment rare d'après ses bouquins. Je traversais le boulevard où se déroulaient les courses le jeudi soir, des voitures klaxonnèrent lorsque je déboulais devant leur capot, à deux doigts de me faire écraser.
" Pourquoi es-tu triste ?"
Je cavalais comme si j'avais le feu aux fesses. Comme si elle me suivait pour me rappeler ce moment de faiblesse. Comme si elle voulait me rappeler que je l'ai laissé tomber le lendemain de cette soirée-là. Comme si... Comme si...
Comme si je lui avais brisé le cœur.
Le vent fouettait mon visage, mon nez me brûlait, mes yeux piquaient. Je reniflais et essuyait mes joues. Je ne m'étais pas rendu compte que je pleurais. Ça devait être dû au vent ou au poids qui pesait dans ma poitrine. Les souvenirs se percutaient dans ma tête, j'avais l'impression de devenir fou.
" Quelle est la pire chose que tu ai faite, Charlie ?"
" Survivre."
Je ralentissais enfin, les mollets en feu. Je revoyais ses yeux qui me mitraillaient lorsqu'elle a compris que c'était moi, que j'étais ce petit garçon mais plus âgé. Que c'était moi qui l'avait abandonné alors que je lui avais promis que je serais toujours là. Qu'elle avait tendue une main à un traitre. Que je me tenais derrière elle alors que je n'avais pas su rester à ses côtés des années plus tôt.
- Je te trouverai toujours, qu'importe ta cachette, je serais toujours là, murmurais-je en posant mes mains sur le garde corps du pont qui séparait Raventown d'Inketon.
Si ton envie de mourir est trop grande, je le sentirais et je viendrais. Je viendrais te secourir. Parce que je sais ce que tu ressens. Je le ressens à chaque instant. Encore maintenant. Je t'ai entendu appeler à l'aide, je l'ai sentis dans tout mon putain de corps. Je t'ai sentis Willis, jusqu'au plus profond de mes entrailles. Je t'ai sentis et quand j'ai relevé les yeux tu étais là, aux courses.
Je m'accoudais à la barrière pour voir la ville en dessous. Les voitures passaient à quatre-vingt- dix kilomètres heures. Il pleuvait toujours, mes vêtements étaient trempés mais je m'en fichais. J'avais une boule dans la gorge qui m'empêchait de respirer. Je me redressais pour inspirer profondément et passais ma main dans mes cheveux qui dégoulinaient. J'avais du perdre ma casquette en route.
Et c'est là que je le vis. Je passais mes doigts sur les mots que j'avais griffé à l'aide de la clé de mon taudis. Je n'aurais jamais pensé que seuls des mots pouvaient sauver une vie. Les lettres étaient de traviole, j'avais quinze ans et j'apprenais à écrire seul chez moi avec un petit frère qui faisait des crises de colère toutes les heures.
" Ne saute pas. Pense à moi."
Putain, ce jour là elle m'avait sauvé aussi. Avec son grand œil vert et son cache-œil noir. Elle m'avait sauvé. Elle m'avait fait comprendre que quelqu'un méritait qu'on se batte. Que quelqu'un en valait la peine. Et moi, j'avais cru que j'avais fait ma BA de l'année et je n'étais plus jamais revenu ici. Au fil du temps je l'avais laissée dans un coin de ma tête, il m'était arrivé tellement de trucs.
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DANGER'S ANGELS TOME I : The last dance - [TERMINEE]
RomanceCharlie Willis, dix-huit ans, est une fille avec une tête remplie de rêves et d'illusions. Quel dommage que son handicap la freine dans son futur en tant que danseuse professionnelle. Sans mentionner sa sœur, Stella qui lui fait vivre un enfer depui...