Chapitre 3.

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J'ouvris la fenêtre et j'observai le soleil se lever tout à fait avec désespoir.
Je ne savais rien du monde dans lequel je venais d'être enfermée et je devais en plus de cela faire semblant d'être Elly.

Des pas se firent entendre dans la maison de plus en plus nombreux.
Avais-je des frères et sœurs? Et si oui, quel était leur prénom?

Je n'osais pas descendre.

Je me mis à marcher en rond dans ma chambre tout en me mordant les doigts.
Je n'aurais vraiment pas dû accepter cette mission.

Je m'arrêtai devant le miroir. J'avais réellement 6 ans de moins, 6 ans que j'allais devoir revivre en plus de la fin de ma vie dans ce corps inconnu, dans un monde inconnu.

Des pas s'arrêtèrent devant ma chambre. Une voix se fit entendre:

— Mademoiselle Elly? Votre famille vous attends pour manger. Êtes vous souffrante?

Je me raclai la gorge et répondis le plus naturellement possible:

— J'arrive.

C'est à ce moment là que je me rendis compte que ma voix également avait changée. Je ne l'avais pas remarqué lorsque je parlais au directeur tellement j'étais chamboulée par la situation.
Elle était complétement différente de la mienne. Elle était douce et agréable à entendre. La mienne était devenue grave et un peu rauque, mes cordes vocales ayant été touchées lors d'un combat.

Une grande penderie en bois massif se trouvait à côté du "miroir maudit". Je l'ouvris et choisis une robe d'un bleu profond comme mes yeux.
C'était du velours. Je le caressai du bout des doigts. Je n'avais jamais vu de tissus précieux dans mon royaume à cause de notre grande pauvreté.
Je mis ce jour là, pour la première fois de ma vie une robe. Je m'étais toujours habillé avec une vieux pantalon de toile auparavant.

Lorsque je sortis de la chambre, un problème se posa à moi. J'ignorais où se situait la salle à manger.
Au vu des tapisseries qui couvraient les murs du couloir, je déduisis que j'étais tombée dans une famille riche et même peut-être noble.
Un frisson me parcourut l'échine. Si j'étais noble, ma famille allait attendre de moi des manières dignes de mon rang.
Je longeai les murs en essayant d'écouter aux portes afin de savoir où il fallait aller, mais tout était silencieux.

Je découvris au bout du couloir, un imposant escalier sur lequel reposait un tapis de velours rouge. À mon grand soulagement le tapis étouffait tout à fait mes pas. Je ne tenais pas tellement à me faire remarquer dans mes recherches d'une pièce que j'étais sensée connaitre.

Arrivée en bas, je vis en face de moi deux battants d'une gigantesque porte en verre et bois.
Je levai la main pour l'ouvrir mais je la laissai en l'air sans effectuer le geste, j'avais étrangement peur.

C'est dans cette position que me vit une domestique qui passait par là. Elle me dit en souriant:

— Vous pouvez entrer mademoiselle, votre famille vous attends depuis dix minutes déjà.

Mon cœur cessa de battre. C'était donc là que j'allais rencontrer "ma" famille. La main tremblante je poussai le battant droit de la porte.

Je vis alors une pièce entourée de fenêtres par lesquelles on pouvait apercevoir un jardin exotique et au milieu, une grande table recouverte de mets délicieux. Ma famille se trouvait autour. Il y avait deux personnes d'âge murs, mes parents sans doute, et deux jeunes hommes adultes, mes frères.

Je m'approchai timidement et je dis d'une voix que je voulais ferme:

— Je suis désolée de vous avoir fait attendre.

Le Miroir MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant