Chapitre 10.

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Au mot guerrière, l'homme se crispa. Je rectifiai aussitôt:

— Je suis une guerrière des cœurs.

L'homme haussa un sourcil perplexe et me fit signe d'entrer. Quand on est belle était ce toujours aussi facile?

Tout en faisant bouger mes cheveux pour bien leur faire refléter les rayons du soleil, j'avançais avec assurance.
Des colosses se retournaient sur mon passage comme éblouis par un soleil.
Je m'avançai vers la cage qui trônais au milieu des tentes.

— Monsieur Aiden?

— Qui est-ce?

— Elly...

— Qu'est ce que tu fais là?

— Je viens vous sauver.

— Pourquoi tu me vouvoie tout à coup?

— Vous êtes le fils du roi.

— Tu semblais pourtant ignorer mon titre tout en sachant qui j'étais avant, non?

— Non, je ne le savais pas.

La cage remua.

— Eh bien, fais comme si tu ne le savais toujours pas.

Je ne me le fis pas dire deux fois.

— Pourquoi tu t'es laissé attrapé imbécile?

Un rire étouffé se fit entendre.

— Tu t'inquiète pour moi?

— Je m'inquiète pour le bien que tu m'a volé, les vingts pages de la fin du livre "Le monde de Goldenrizy"!

— Oh ça? Je te les rendrais si tu me libère mais je pourrais tout aussi bien te dire où elles se trouvent et tu n'auras pas besoin de me libérer.

— Que veux tu dire?

— Tu es seulement venue pour ton livre?

— Je suis venue aussi parce que notre royaume se trouve dans une mauvaise position à cause de toi. Je ne sais pas ce que tu essaye d'insinuer.

— Rien du tout...

— Où est la clé de ta cage?

— Comment tu as fait pour rentrer dans leur camp?

— Je me suis transformée en guerrière des cœurs, Roselia, et comme ma beauté est pareille à celle du soleil tout le monde a été ébloui.

— Ça me semble bizarre, méfie toi.

— Qu'est ce qui est bizarre malpoli? Tu oses douter du pouvoir de ma beauté? Dit moi plutôt où se trouve la clé.

— Il n'y en a pas. Ils l'ont fermée avec leur force, en tordant les barres de fers.

Une main énorme se posa sur mon épaule tout à coup. Je me retournai à la vitesse de l'éclair et la main lâcha prise. Le colosse me dit:

— Le chef veut vous parler.

Il m'emmena jusqu'à la plus grande tente et me fit entrer. A l'intérieur un homme avec une grosse bedaine fumait. Il leva les yeux lorsque j'entrai et me transperça de son regard froid. Il avait des yeux d'un bleu très clair, une barbe noir et le crâne rasé.

Il me toisa un long moment de son regard puis il posa sa longue pipe sale et me demanda:

— Tu es une messagère du "roi éternel"?

— Non.

— Alors tu veux rentrer dans mon harem?

Je déglutis de dégoût.

— Non.

— Qui es tu alors?

Je jetai mes cheveux en arrière.

— La guerrière des cœurs Roselia pour vous servir.

— Pourquoi es tu venue jusqu'ici?

— Pour illuminer vos journées du soleil de ma beauté.

Il se mit à rire grossièrement puis il s'arrêta tout à coup et dit tout en me fixant:

— Emmenez là et mettez là avec l'autre.

Je fronçai les sourcils. Finalement cet imbécile avait raison, les hommes ne sont pas tous dupes devant une belle femme.

Je me mis à sourire et je répliquai:

— Oh mais je ne désire pas être enfermée. Vous n'avez sans doute pas entendu que j'étais une guerrière.

Il fit un geste à ses gardes pour m'emmener tout en me fixant.
Moi aussi je le fixais et j'esquivais en même temps les mains énormes des soldats qui tentaient de m'attraper.

— Pourquoi voulez-vous prendre le contrôle de mon royaume?

— Votre royaume a pris toutes les richesses des terres et nous a laissé dans une grande pauvreté, tu peux le constater en regardant autour de toi.

Mon cœur se serra devant la véracité de ses propos. Cela me rappelais mon royaume...

Je secouai la tête. Il ne s'agissait pas là de mon royaume mais d'une tribu de barbare.

— Dans ce cas là, si nous vous donnons une grande somme d'argent pour que vous échappiez à la pauvreté, nous laisseriez vous tranquille?

— Ce n'est pas aussi simple.

C'est bien ce qui me semblait. Ce n'est pas le bien de son peuple qui le poussait à agir mais l'attrait du pouvoir.

— Pourquoi?

Il serra les dents et se leva.

— Puisque mes hommes n'arrivent pas à t'attraper, moi le chef des Racha, je vais te menotter et te jeter dans la cage des otages.

— Vous n'avez pas répondu à ma question, monsieur le chef des Racha.

— Pourquoi devrais-je répondre à ce genre de question?

— Pour prouver à vos hommes que vous faites ce que vous faites pour leur bien et non pour votre intérêt personnel.

Il regarda furtivement ses hommes et dit:

— Non mais cette gamine qu'est ce qu'elle croit...

— Répondez.

Une lueur de rage passa dans ses yeux.

— J'accepte votre proposition.

Je remarquai avec plaisir le vouvoiement.

— Très bien. Cela veut dire que vous libérez le prince et moi et que lorsque nous serons en sécurité dans notre royaume nous vous ferons parvenir une grande somme d'argent.

— Si vous ne m'envoyez rien au bout de 48h, votre royaume sera à feu et à sang.

— Vous l'aurez dans moins de 24h.

Le Miroir MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant