Chapitre 12.

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Je passai le restant de ma journée, allongée dans mon lit. En deux minutes à peine, j'avais réduit en cendre ma dernière chance de ne pas faire mon entrée dans le monde.

Je regardai ma robe de bal accrochée sur ma penderie. C'est vrai qu'elle était belle.

Je soupirai. Ma mère avait tenté plusieurs fois d'entrer dans ma chambre mais j'avais refusé.
Un léger bruit sur la porte me fit comprendre que ma mère tentait une énième tentative.

Je cédai.

— Entrez!

Ma mère entra et s'assit avec douceur sur mon lit.

— Qu'as tu Elly?

Je me redressai pour faire face à madame de Rosebury.

— Je ne veux pas me marier.

Elle me regarda avec des yeux tristes. Ses longs cils associés à ses yeux vert clair la rendait vraiment jolie.

— Je comprends. J'étais pareille à ton âge.

Je soupirai d'agacement. J'avais compris, depuis le temps que je vivais ici, que cette femme effacée et timide avait été complètement écrasée par l'imposante personnalité de son mari et qu'elle lui était complétement soumise. Elle ne pourrait jamais s'opposer à lui.

— Pourquoi c'est l'homme qui choisit sa femme et non l'inverse? Ou mieux encore, pourquoi ne se choisissent-ils pas mutuellement?

Elle battit des cils et répondit:

— Elly, tu sais bien que dans la noblesse on ne parle pas de mariage d'amour mais de l'association de deux familles.

Je ramenai mes jambes près de mon cœur et je répondis:

— Je ne trouve pas ça normal. Nous ne sommes pas libre dans ce royaume.

Ma mère rosit légèrement et dit:

— Mais toi, tu pourrais épouser celui que tu aimes, on ne peut pas rêver meilleur parti.

Je sursautai à l'évocation d'Aiden.

Elle se redressa et se reprit:

— Enfin, s'il te choisis, car nous ne sommes pas le meilleur parti pour lui, ça c'est certain.

Je secouai la tête. Je ne voulais me marier avec personne. Je serais accidentellement malade le jour J.

Ma mère se leva et plongea ses yeux doux dans les miens en disant:

— Promets moi ma chérie que tu seras courageuse et que tu iras à ce bal.

Je fus émue tout à coup, son visage se flouta et fut remplacé par celui de ma mère biologique. Elle m'avait appelé "ma chérie"...

Sous le coup de l'émotion je répondis:

— Je vous le promet.

Puis elle partit de ma chambre en fermant la porte.

Je me rendis soudainement compte de ce que je venais de faire. Je lui avais promis. Cela ne servait à rien de chercher d'autres plans pour y échapper, je lui avais promis.

Je donnais un violent coup de poing à mon oreiller. J'avais l'impression d'avoir été manipulée à cause de mon manque d'affection.

¤¤¤

Le lendemain, le 4 ème jour, je partis en ville me changer les idées. J'avais mis une robe violette pastel et j'avais tressé mes cheveux en une longue natte.

J'attendis Aiden dans le marché comme à mon habitude et il arriva quelque minutes plus tard.

Il portait une chemise bleu comme ses yeux, qui avait les manches à moitié remontée laissant apercevoir le bronzage parfait de ses avant-bras. Je fronçai les sourcils. Depuis quand était il si bien fait de sa personne?

Lorsqu'il me vit il dit:

— La somme d'argent est bien arrivée à domicile et la tribu Racha nous certifie qu'ils nous laisserons tranquille. Mon père veut te remercier pour ta précieuse aide, il t'invite à déjeuner aujourd'hui en sa compagnie, ne t'inquiète pas je serais là, si tu es effrayée de manger seule devant le roi.

Je me raclai la gorge.

— Je ne suis jamais effrayée. J'accepte son invitation.

Il sortit une montre en or de sa poche et dit:

— Au vu de l'heure tardive nous devrions nous mettre en marche maintenant.

C'est ce que nous fîmes. Nous arrivâmes quelques minutes plus tard devant le palais et un garde nous fit entrer.

Je fus éblouie par la beauté et la richesse qui se dégageait du lieu. Il avait osé dire qu'il n'était pas si riche que ça? Chaque pièce était soutenue par des colonnes de marbres. Il y avait des fenêtres gigantesques qui laissaient entrer pleinement le jour et elles étaient encadrées de rideaux pâles et vaporeux.

Nous passâmes à côté d'un jardin qui ressemblait plutôt à un grand parc. Une gigantesque piscine se trouvait au milieu. L'eau était transparente et scintillante. Des nobles marchaient élégamment autour tout en discutant. Des domestiques apportaient des rafraichissements.

Ce ne fut que là, en voyant la richesse dans laquelle vivait au quotidien Aiden, que je me rendis compte qu'il était bel et bien le prince héritier de ce royaume. Je me sentis étrangement intimidée tout à coup.

Une magnifique jeune femme aux long cheveux châtains clairs ondulés et aux yeux bleus, arriva vers nous.

— Aiden, c'est donc cette demoiselle ta sauveuse?

Il sourit et répondit:

— Tout à fait, c'est elle qui a bravé le chef des Racha.

Elle se tourna vers moi et me prit les mains en disant:

— Soyez la bienvenue dans le palais royal, faites comme chez vous!

Je lui rendis son sourire et dit:

— Vous pouvez me tutoyez si vous le désirez.

Elle battit des cils, surprise et répondit:

— Tutoie moi aussi alors.

J'acquiesçai. Cette fille me semblait très sympathique. Elle devait être sûrement la sœur dont m'avait parlé un jour Aiden.

Elle me demanda tout en marchant:

— De quelle famille viens-tu?

— La famille de Rosebury.

Elle pâlit violemment et lança un regard vers Aiden.
Celui ci changea de conversation rapidement. Nous arrivâmes devant la salle à manger et la jeune fille nous quitta pour voir si le repas était prêt.

Je demandai à Aiden:

— Comment s'appelle t'elle?

Il haussa un sourcil.

— Tu ne sais vraiment pas? C'est ma sœur Calista.

Je fis mine de me rappeler, puis je lui demandai en le fixant dans les yeux:

— Pourquoi as-t'elle réagit de façon étrange tout à l'heure à l'évocation de mon nom de famille?

Il me regarda en fronçant les sourcils et me répondit:

— Tu devrais te douter de la raison pour laquelle la seule évocation de ton nom de famille l'a fait pâlir de honte. Ton frère, Flynn, s'est fiancé avec Calista lors de son entrée dans le monde et nous a fait l'outrage de ne pas se marier avec elle après. Il a rompu sa promesse. C'est la raison pour laquelle je suis en froid avec lui et lui avec moi. Au fur et à mesure du temps Jun s'est rangé du côté de son frère, je suis donc en froid avec tes deux frères. Calista ne supporte plus d'entendre votre nom de famille depuis ce jour là.

Je serrai les lèvres. J'avais bien sentis que Flynn n'était pas quelqu'un de bien.

Le Miroir MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant