Chapitre 21.

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Je me levais de mon lit et je m'approchais tel un automate du "miroir maudit".

Devant celui ci, la pierre se mit soudain à réagir. Elle devint fluorescente et des rayons de lumière en sortirent pour transpercer le verre du miroir, il disparut avec les rayons de lumière de la pierre et je vis avec émotion la salle dans laquelle j'avais laissé mon corps, devant mes yeux.

Il n'y avait personne. Seul des tubes devant recueillir des corps, vides, se trouvaient au milieu.

Je passai ma main, j'attendis quelques minutes et je ne ressenti aucune douleur. Cette pierre était réellement un passe.

Je regardai derrière moi. Aiden se trouvait allongé sur mon tapis et il dormait paisiblement.

Une larme roula sur ma joue. Peut-être que c'était mieux pour lui aussi que je ne rentre pas dans sa vie puisque mes frères allaient lui mener la vie dure.

Mais en même temps je ne pouvais pas briser nos fiançailles comme l'avait fait mon frère, sinon, je ne valais pas mieux que lui.

Je tournai la tête vers Aiden, je tournai la tête vers la salle.

Qu'est ce que je devais faire? J'étais face à un dilemme.

Une voix se fit entendre:

— Vas-tu vraiment t'en aller comme ça?

Je me retournai. Aiden ne dormait pas, il faisait semblant. Il semblait en colère et en même temps profondément triste.

Il me saisit le bras et dit d'une voix tremblante:

— Tu ne m'avais pas tout dit. C'était donc ce miroir le portail. Pourquoi veux tu partir?

J'étais perdue.

— Je ne sais plus quoi faire...

Je m'accroupis au sol.

— Tu sais, peut-être que c'est mieux que je rentre chez moi, je n'ai pas ma place ici, je n'aurai jamais dû traverser ce miroir.

Il posa sa main sur ma joue.

— Tu as ta place ici avec moi, n'est ce pas suffisant?

— Tu ne peux pas comprendre. Changer de monde ce n'est pas comme changer de royaume, c'est un déracinement complet très douloureux. De toute façon, tu ne vas pas passer ta vie à me protéger de mes frères, ce n'est pas une vie.

— Tu as bien vécu en protégeant ta population des monstres, toi, je ne vois pas ce qu'il y a de plus dur.

Je soupirai. Il avait réponse à tout, mais en même temps je ne pouvais pas laisser les vingt deux années de ma vie comme ça, derrière moi, sans regrets.

Je pris une grand inspiration et j'enlevais le collier de mon cou pour le jeter sur mon lit. Instantanément le verre du miroir reprit sa place et je ne vis plus que mon reflet devant moi.

Aiden me serra dans ses bras.

— Merci de rester.

Je le laissai me serrer car j'avais vraiment besoin d'être réconforté.

Je le sentis sursauter soudain. Il se leva et prit le collier. Il l'examina puis il s'exclama:

— Elly, cette pierre est une perle des cavernes!

Mon visage s'illumina.

— Alors ça veut dire que l'on pourrait créer plein de passes en recopiant le symbole du premier passe?

Il sourit.

— Je pense.

Je me relevai énergiquement.

— On pourrait donner des passes à chaque famille du royaume au moins. Te rends-tu compte de ce que cela signifie Aiden? Nous allons pouvoir unir nos deux mondes pour la première fois depuis des milliers d'années! C'est incroyable!

Mais Aiden semblait septique.

— J'ai un mauvais pressentiment, ne te réjouis pas trop vite.

Je grimaçai.

— C'est juste un mauvais pressentiment. Demain, aux lueurs de l'aube nous irons à la grotte pour récupérer le plus de pierres possible, d'accord?

Il acquiesça.

Je sentais une chaleur au fond de mon cœur que je n'avais pas ressentie depuis longtemps: l'espoir.

¤¤¤

La chaleur du soleil me réveilla. Je me levai et secouai Aiden.

Il se frotta les yeux et rougit.

— Qu'est ce que je fais dans ta chambre?

Je levais les yeux au ciel et le tirai par le col de son costume pour le mettre debout.

Il sembla se souvenir d'hier et ouvrit grand la bouche.

Je le tirai par la manche. Je n'avais pas le temps d'attendre que son cerveau se remette en place.

Nous sortîmes du manoir et j'escaladais machinalement le portail.

Aiden me regarda faire et essaya à son tour sans succès. Je finis par le tirer par les bras pour le faire retomber de l'autre côté. Ce n'était pas une mince affaire.

Il se releva maculé de poussière.

Nous nous dirigeâmes ensuite vers la grotte. Je le suivis.

Lorsque nous arrivâmes, je remarquai tout de suite que les pierres ne brillaient plus. C'était sans doute parce qu'elles récupéraient la lumière le jour mais ne la libéraient que la nuit.

Nous nous mirent à la dure tâche de les arracher. Au bout de quelques heures nous en avions arraché presque une centaine à nous deux.

Je me disais que pour l'instant c'était suffisant.

Aiden avait acheté au marché des grands sacs de pommes de terre. Nous mirent les pierres dedans.

Puis nous rentrâmes au manoir, des sacs de pommes de terre sur le dos.

Une domestique vint nous ouvrir et lança un regard étonné à nos chargements.

Je souris en lui disant que le cuisinier manquait de pommes de terre. Elle me crut.

Nous nous dépêchâmes de monter l'escalier menant à ma chambre pour ne croiser personne.

Une fois arrivés, j'ouvris mon sac et j'en sortis une pierre. Je la mis à côté du passe. Les deux pierres étaient identiques.

Je pris un pinceau et de l'encre noir indélébile et je me mis à reproduire les symboles du passe.

Quelques minutes plus tard, j'avais finis.

J'inspirai un grand coup et je me postai avec la pierre devant "le miroir maudit".

La pierre se mit à étinceler et le verre du miroir se mit à disparaître.

J'avais crée un passe.

Je me tournais vers Aiden et je dis avec émotion:

— Nous avons découvert le secret que les dirigeants avaient pris soin de cacher au peuple. A présent tout le monde pourra passer d'un monde à l'autre.

Le Miroir MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant