Chapitre 9.

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Il fallait que je le force à me rendre la fin, comme ça je pourrais faire un chantage à Flynn pour qu'il convainque mon père d'abandonner son projet de me marier.

Je me hâtai d'aller dehors et je repris le panier que j'avais laissé devant le portail pour mon déjeuner.

J'escaladai encore une fois les piques de fer torsadées du portail et je me dirigeai vers le champ de fleur. Il n'y était plus. J'allai vers le marché et je le cherchai partout. Je ne le voyais nul part. Je marchai donc jusqu'au petit muret mais Aiden n'était pas là.

Je m'assis donc sur les pierres froides du mur afin de reprendre mon souffle et manger. J'allais attendre.

Après de nombreuses heures, je vis la marée monter et lécher à chaque fois plus haut les pierres grises du mur.

Je me mis à frissonner. Pourquoi je ne pouvais pas tomber encore sur Aiden? Où était-il? Je me rendis compte que j'ignorais où il habitait.

Je vis avec effroi le premier des 6 jours s'éteindre avec les derniers rayons du soleil.
Bientôt le ciel fut tout à fait noir.

Plus personne ne se trouvait dans les rues. Je me décidai donc à rentrer au manoir.

En marchant, je me mis à réfléchir, en fait comment Aiden avait t'il eu accès aux livres?

Une lueur venant de mon manoir me guida dans la nuit et je rentrai sans encombres dans ma demeure.

Je me laissai choir sur mon lit et je m'endormis sans difficulté.

¤¤¤

Une brise légère me réveilla. Je mis la première robe que je vis dans ma penderie, une robe rose pâle avec des assortiments blanc. Je brossai rapidement le flot de mes cheveux et je les nattai pour me faire une couronne autour de la tête. Je posai ensuite quelques fleurs pâles dans le tout et j'étais fin prête.

De fines ballerines se trouvaient près de mon lit, je les mis.

Je sortis de ma chambre et je descendis l'escalier pour rejoindre la salle à manger. Personne ne s'y trouvais encore. Je demandai à une domestique de me servir sans attendre ma famille.

Je ne désirais pas voir le visage de mon père depuis notre dernière conversation. Je ne savais même pas pourquoi je m'obstinais même dans mes pensées à l'appeler "père" alors qu'il n'étais qu'un inconnu pour moi.

Je soupirai d'énervement et je me mis à manger rapidement pour ne pas avoir à manger avec "ma famille".

Lorsque j'eus finis, j'escaladai pour la énième fois le portail et je partis à l'air libre, en dehors de mon étouffante demeure.

C'était aujourd'hui le 2 ième des 6 jours. Il fallait que je vois Aiden. Je fis le même chemin que le jour précédent mais cet imbécile ne se trouvait nul part.

Je me surpris même à regretter de ne pas lui avoir répondu lorsqu'il m'avait demandé de le garder dans mes plans. Peut-être avait-il pris mon silence pour un "je ne veux plus te voir"?

Soudain, je vis quelques personnes se reculer avec effroi. Que se passait-il?

Je m'approchai et je vis deux hommes solidement bâtis avec des tatouages sur tout le corps. Ils avaient les cheveux coupés en crête noir sur le dessus du crâne et le reste retombait sur leur nuque en une masse difforme. Ils ne portaient qu'une sorte de pagne en peau de bête avec une corde pour le tenir sur laquelle était attachée une hache.

Ils riaient à gorge déployée en faisant peur aux villageois et on pouvaient voir qu'ils ne possédaient que très peu de dent, d'une couleur jaunâtre.
Ils me faisaient penser aux guerriers que je côtoyais lorsque que j'étais à Aldenvalya. Que venaient-ils faire ici?

Je remarquai alors qu'ils tiraient loin derrière eux une cage dans laquelle quelqu'un était bâillonné et attaché.

Mon cœur manqua un battement lorsque la cage passa devant moi et que je vis qui était assis dedans.

Aiden?

J'avais à peine réalisé ce que je venais de voir que la cage et les deux colosses avaient déjà disparus.

Une femme sanglotait à côté de moi. Je me tournai vers elle et lui demandai brusquement:

— Qu'est ce qu'ils vont lui faire?

— C'est un otage pour l'instant, mais si sa majesté ne coopère pas, monsieur Aiden sera tué.

Je ne comprenais pas.

— Pourquoi ont-ils pris en otage monsieur Aiden?

— Ils viennent de la tribu Racha de derrière les montagnes, ils convoitent le trône de sa majesté le "roi éternel", ils ont donc pris un otage pour que le roi ne puisse pas refuser de céder sa place.

— Mais c'est absurde, le roi ne va forcément pas laisser son trône pour un noble lambda comme monsieur Aiden! Quel intérêt ont ils de le prendre en otage?

En disant ses mots mon cœur se mit à palpiter. Je ne pouvais pas laisser cet imbécile mourir. Je me raclai la gorge. Après tout il me fallait la fin de mon livre "Le monde de Goldenrizy".

La villageoise devant moi semblait choquée de mes paroles. Elle répliqua:

— Mais mademoiselle, monsieur Aiden n'est pas un noble lambda, c'est le fils du roi!

Mon corps se figea sur place.

Cet imbécile était donc le fils du roi...

Quelques scènes défilèrent dans ma tête et le rouge me monta aux joues.
J'avais demandé au fils du roi de faire semblant de m'aimer, je lui avais donné des ordres et...je lui avais même marché dessus...

Je secouai la tête. Raison de plus pour sauver cet imbécile. Je souris, je pouvais toujours l'insulter dans ma tête.

Je me cachai furtivement dans une grange entrouverte, remplie de paille, pour dégrader ma robe. J'en arrachai le dessus et fis de nombreux nœuds pour arriver à un résultat assez potable de tenue de guerrière rose.
Ainsi, je n'allais pas être gênée dans mes mouvements par de lourds jupons.

Je sortis rapidement et me dirigeai vers les montagne. La tribu Racha allait voir de quel bois je me chauffe.

Tout en marchant j'observais mon corps frêle en soupirant. Il allait falloir que je prime sur ma beauté et dans le cas échéant des figures que j'ai apprises lors de mes combats, celles qui utilisent la force de l'adversaire et non la sienne.

J'arrivai devant une gigantesque porte de bois, faites de nombreux troncs d'arbres attachés entre eux par une solide corde.
Je fronçai les sourcils et je lançai un formidable coup de pied contre la porte.
Des pas se firent entendre de l'autre côté et la porte s'ouvrit lentement.

— Qui êtes vous?

Je décidai de sortir le grand jeu. Je détachai d'un mouvement gracieux mes cheveux et tout en les faisant voler au vent je répondis en battant des cils:

— La guerrière Roselia pour vous servir.

Le Miroir MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant